L'été ne vaut rien à mes collègues ou ex-collègues. On m'a prévenu hier qu'André est mort à la fin de la semaine dernière. André avait 89 ans et souffrait depuis quelques années de la maladie d’Alzheimer. Il avait pris sa retraite en 87. Je ne l'ai donc connu que 7 ans en activité, mais ce furent des années intenses.
André avait le Capes de Lettres Classiques sans l'avoir jamais passé, suite à je ne sais quelle loi d'après la guerre d'Algérie. Il avait une culture immense et un caractère de cochon. C'est sans doute à cause du second point que nous nous aimions beaucoup malgré la grande différence d'âge.
Au début, il m'impressionnait avec son laconisme et sa clope éternellement vissée au bec. Mais très vite, je compris qu'il ne frayait que peu avec d'autres collègues qu'il considérait comme des ignares prétentieux et qu'il m'avait plutôt à la bonne. Il nous suffisait, au départ de la salle de l'un de ces collègues, d'un regard, sans un mot, pour communier dans l'opinion que nous nous faisions de ce que l'autre venait de dire. Les amitiés silencieuses sont les plus grandes, selon moi.
A sa prise de retraite, il lui avait été offert les Confessions de Saint-Augustin. Je m'étais promis de les lire aussi. C'est aujourd'hui chose faite. Par la suite, je l'ai croisé une ou deux fois puis il a disparu des réunions que nous fréquentions tous deux. Par une autre amie, j'avais appris sa maladie et la dégénérescence progressive dont il souffrait. Demain matin, j'irai le saluer une dernière fois en pensant à cette maxime africaine qui lui convient tant : " Un homme qui meurt, c'est une bibliothèque qui brûle."
mercredi 17 juillet 2013
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2 commentaires:
Je ne connais pas d'équivalent dans ma vie professionnelle actuelle.
Cornus: je te souhaite de connaître ce genre de relation.
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