dimanche 10 octobre 2010
En Brionnais
Certains disent que la Touraine est la plus douce des régions françaises. Il ne doivent pas connaître la Bourgogne en automne! Car Cornus a tout deviné, tout décrypté: c'est bien dans le Brionnais que nous étions hier, en Bourgogne du sud.
Le matin, aux portes de Lyon, nous prenons la vallée de l'Azergue bordée de ces villages anciens: Chessy, Châtillon, Le Bois d'Oingt. Après Lamure, le soleil pas encore très bien réveillé pâlit un peu sous une légère brume qui rend plus belle encore la végétation qui commence à rougeoyer: il faudrait y retourner la semaine prochaine pour avoir tout le nuancier automnal. Tout près du col des Echarmeaux, Jean-Claude retrouve son bois à champignons et nous allons crapahuter plus de deux heures sur les pentes abruptes plantées de sapins et de rochers moussus. Je fais souvent appel à Frédéric pour vérifier ce que je cueille: je ne suis pas un spécialiste en mycologie. Bonne récolte: des chanterelles grises et des petits violets principalement, mais aussi quelques cèpes et pieds de moutons.
A midi, apéritif et repas au col, qui se trouve sur la commune de Poule-les-Echarmeaux. L'Auberge des Tilleuls est très certainement une très bonne adresse, où l'on peut manger une viande excellente et boire un fameux rosé pour un prix tout à fait correct. Si vous passez par là, arrêtez-vous! Après le repas, plongée de l'autre côté, sur le versant Loire et Saône-et-Loire des monts, avec l'intention de visiter La Clayette et Charlieu. Nous n'aurons pas le temps de pousser jusqu'à Charlieu et son abbaye bénédictine tant le Brionnais offre à lui seul de richessses à découvrir.
J'étais pour ma part déjà venu dans cette région il y a deux ou trois ans. Les deux autres découvraient. Tout cela sous une belle lumière dorée et une température très agréable. Cornus a bien deviné que l'exercice de prononciation portait sur cette petite ville de La Clayette, dont le nom doit être prononcer "Clète", car c'est son nom d'origine, orthographié de différentes façons selon les siècles, le "y" étant venu se rajouter à une époque plus récente on ne sait pas trop pourquoi.
A l'office du tourisme, une dame pleine d'humour et de culture nous a fourni une bonne documentation et en particulier nous a aiguillé vers l'église romane de Bois-Sainte-Marie, à quelques kilomètres e La Clayette. Je n'en avais jamais entendu parler, bien qu'ayant pas mal bourlingué en Saône-et-Loire et visité un nombre assez conséquent d'églises de cette époque que j'aime particulièrement. Je m'attendais à en voir une semblable aux autres, à quelques variantes près. Je fus ébloui par ce que je découvris. En entrant, on est surpris de se trouver dans une nef très élancée et surtout aux proportions et à l'équilibre parfait. Eglise claire, où la lumière entre et se joue des colonnes du gracieux déambulatoire, le seul du Brionnais. Les chapiteaux de la nef rendent naïvement l'âpreté du combat entre le Bien et le Mal et sont d'une grande expressivité.
Le circuit fléché étant entamé, nous le suivîmes jusqu'à l'étape suivante mais, sur le bord de la route nous attendait une autre surprise: le château de Drée, au milieu des champs vallonnés et de troupeaux de charolais, et qui, bien que privé, peut, au contraire de celui de la Clayette, se visiter. L'heure avançant, nous ne sommes pas entrés, nous contentant d'admirer de l'extérieur les très beaux jardins à la française qui s'étirent devant la vaste façade classique du XVII°. Sur le bord de la route, le colombier était ouvert. J'y ai appris quelque chose de très intéressant (voir photo jointe). De ce joyau de notre patrimoine, je n'avais, non plus, jamais entendu parler.
Je me suis ensuite retrouvé en pays connu en traversant les villages de Vareilles, Amanzé ou Saint-Germain-en-Brionnais. Dans ce dernier, qui possède lui aussi une très intéressante église romane du XI°siècle (malheureusement un peu gâchée par sa décoration intérieure), on remarque dans un mur de cet édifice robuste et trapu un trou, aujourd'hui obturé par des planches de bois, qui fait la réputation du village: le débeurdinoir. Qu'est-ce que c'est? Vous connaissez sans doute, par le film La Soupe aux choux, le sens du mot bredin: un être frustre et un peu simple, pas méchant pour un sou mais pas non plus très développé intellectuellement. Le mot s'est sans doute déformé ici mais le sens en reste le même. Ainsi, le débeurdinoir servait aux "beurdins" à passer la tête, car le trou était censé leur mettre un peu de plomb dans la cervelle et quelques neurones dans la matière grise. Mais attention: on dit que parfois, c'est l'inverse qui se produit, et que le pauvre qui y engage le chef se voit assailli par toute la bêtise que les autres y ont laissée.
Nous avions ensuite le choix entre filer vite, très vite sur Charlieu ou s'attabler tranquillement à la terrasse d'un bar de La Clayette. Vous devinez sans mal ce que nous avons finalement choisi afin de terminer au mieux ce périple castello-romano-mycologique. Qu'elle est douce, la fraîcheur d'un Perrier citron tranche alors que la lumière rasante d'une fin de magnifique journée d'automne fait scintiller les vitres jusqu'au fond de la rue!
Un bon complément au voyage déjà fait dans cette région avec Frédéric, voyage qui nous avait déjà permis de visiter quelques-unes de ces petites églises et chapelles, dont celle, magnifiquement restaurée de Gourdon.
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4 commentaires:
Il y a-t-il plus de soleil en Bourgogne du Sud qu'en Bourgogne du Nord ? Bon au Echarmeaux derrière le rond point vers le restaurant où vous avez mangé, il y a une grosse maison bourgeoise, inhabité peut-être encore, qui me fait trop penser à l'hotel du film "Shining" j'sais pas si tu as fait gaffe ? Puis passer à La Clayette sans parler des chocolats Bernard Dufoux c'est presque impardonnable. Le château de Chatillon qui trône au-dessus du village aurait abrité durant un temps les tapisseries de la licorne. P'tain j'arrête... la région me manque trop j'vais faire une déprime !!! Bisous
Disons que je n'avais pas tout deviné, je ne savais pas où vous aviez déjeuné !
Je connais pas bien ces coins là en dehors des milieux naturels des bords de Loire. Mais je sais qu'il y a une foule de choses à voir. En dehors de ce que tu cites, il y a entre autres, Semur-en-Brionnais, Montceaux-l'Etoile, Iguerande, Marcigny, Ancy-le-Duc. Tu me donnes l'envie de céder enfin à mon avis d'aller à la découvert de ces lieux, et je l'espère en cette fin octobre.
Ca donne envie tout ça d'autant que je ne connais pas du tout cette région (et la situe mal). Aurais aimé plus de photos de la première église.
Il y en avait ce jour-là, Nicolas. Pour le reste, voir billet suivant.
D'autres destinations probables pour de futures balades, Cornus.
Monsieur est servi dans le billet suivant, Karagar.
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