COUILLES: Voici, pour commencer, un mot dont tout le monde connait le sens et dont les emplois sont fréquents dans des expressions aussi multiples que variées.
Son étymologie nous fait tout de suite remonter au latin coleus, testicule, attesté chez Pétrone bien sûr mais aussi chez Cicéron. Inutile de dire que tout au long de mes études ainsi que durant toute ma carrière d'enseignement, je n'ai jamais rencontré ce mot dans aucun des textes proposés par les manuels scolaires. De même que, et vous verrez que je ne fais pas une digression, je n'ai jamais pu savoir si les romains portaient un slip ou quelque chose d'équivalent. Je le leur souhaite, en tout cas, quand je vois, dans les péplums (un puriste aurait écrit pepla) ces vaillants cavaliers enfourcher hardiment leurs montures pour se lancer à l'attaque! Mamma mia! Attention aux retombées!
En français, ce mot a fait fortune, mieux que son frère scientifique, le presque oublié gonade (on dit une gonade, comme d'ailleurs une couille). D'abord en se reproduisant dans une famille de même racine: couillon (en général gros), couillonnade (plutôt employé dans le midi), couillonner (répandu un peu partout sur le territoire, et très apprécié de la classe politique), couillu (voir la Céline du caribou), mais aussi tout seul, comme un grand, enrichissant de sa saveur (excusez-moi!) diverses expressions fleuries:
- Il y a une couille (dans le potage ou pas): cela ne marche pas, cherchez l'erreur.
- Avoir des couilles au cul, ou simplement en avoir: faire preuve d'un grand courage.
- Se faire des couilles en or: gagner royalement sa vie.
- Casser les couilles à quelqu'un: ennuyer, déranger quelqu'un. Les italiens, proches de notre "Tu me les casses", disent: "Mi le rumpi" (Tu me les brises) ou, plus fort, il me semble: "Mi le secchi" (Tu me les sèches).
- Partir en couilles, pour un projet par exemple: dégénérer, aller vers la catastrophe.
- Couilles molles!: froussard, lâche, peureux.
Proches également, l'expression "avoir les boules": être en rogne, être mécontent, ou le mot composé "casse-burnes" (qui au pluriel s'écrira de la même façon, les burnes étant déjà deux au singulier, et casse restant invariable puisque forme verbale).
Quelques synonymes: les joyeuses, les roubignoles, les roustons (ceux du Père Platon sont restés célèbres), les valseuses (un film à conseiller, ma foi), les Deux Orphelines (toujours accompagnées du Petit Chose), et j'en oublie sans doute.
Pour être complet, il me faut aussi donner l'étymologie de testicule: formé, dès le latin, sur testis, témoin, et le suffixe -culus, petit, donc petit témoin. Mignon, non?
Personne ici ne s'étonnera, je l'espère, de l'absence exceptionnelle de document photographique de mon cru!
PS encore: A une certaine époque de l'année, une des serres chaudes du parc de la Tête d'Or orne son fronton d'une grande banderole annonçant pour quelques semaines la "Présentation des Coleus". J'ai toujours beaucoup aimé cette expression, quelque peu biblique par un certain aspect. Aujourd'hui, sachant ce que je sais sur la descendance du mot, je n'aurai plus tout à fait la même vision des choses. Je vais sans doute aller y fourrer mon nez d'un peu plus près.
samedi 12 septembre 2009
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10 commentaires:
Et plein de tatankas pour mon grand couillon préféré.
Ça me fait penser à une rigolade datant de ma 1ère journée de cours cette année. Je fais écouter une chanson en breton à mes stagiaires-instits, l'exercice consistant à écrire le texte phrase par phrase, histoire de tester leur oreille.
La 2ème strophe dit "Na pa 'm boa bet klevet ar c'heloù" càd : "Quand j'avais entendu la nouvelle." Et l'un d'eux transcrit "Na pa 'm boa bet gwelet ar c'helloù", càd : "Quand j'avais vu les couilles".En plus de m'avoir étranglée de rire, ça m'a épatée. Il ne connaissait pas le terme,(je m'en suis assurée) mais sans même s'en rendre compte il avait changé le verbe !
C'est pas de refus. La dernière à m'avoir donné ce titre de grand couillon, c'est une ancienne collègue, aujourd'hui à la retraite, que j'adorais. C'est bien que ce soit toi qui prenne la suite!
Gwelet, c'est les couilles, KarregWenn ? Je n'ose penser à ce qu'est la Kar'Avel!
"qui prennes". Et dire que je l'enseigne à mes élèves!!!
Hihihi je pouffe. Non, les couilles c'est "ar c'helloù"
D'ailleurs si je ne m'abuse, une goélette ça a 2 mats, ou 3 ? Ça fait un peu beaucoup, non?
La maison ne recule devant rien, Dame K!
Renault, après avoir lancé, il y a quelques mois, son nouveau 4 x 4 (succédant à l'expérience manquée du Scénic spécial) baptisé "Koleos", s'est aperçu un peu tard que ce nom de marque était sujet à diverses traductions ou interprétations.
Mais après tout, ce genre de véhicule est bien fait pour montrer que son conducteur (voire sa conductrice !) en a...
http://www.lepost.fr/article/2009/01/23/1397576_koleos-le-4x4-de-renault-part-en-couilles.html
Confondant par là même couillu et couillon! Vous voyez que mon petit lexique est utile!
"Personne ici ne s'étonnera, je l'espère, de l'absence exceptionnelle de document photographique de mon cru!"
J'ai failli mal lire le dernier mot. Mais peut-être était-ce une subtile allusion voulue...?
Et, dans la liste des expressions, "être couillu". C'est joli, non ?
De mon CRU, Lancelot! Oh! le vilain pervers!
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