On n'est pas forcément ce que les autres disent de nous ou ce que l'on croit être.
Mon père d'abord (P1, mon géniteur). Je ne le connais que par ce que les autres m'en ont dit, les autres étant essentiellement ma mère et ma grand-mère. Mort jeune, il bénéficiait bien sûr de l'aura des disparus précoces. Du côté grand-mère, que des souvenirs positifs. Ma mère pourtant m'avait fait comprendre une fois ou l'autre qu'il n'était pas forcément facile à vivre et qu'il pouvait même parfois être froid et cassant. L'un de mes cousins, il y a quelques années, m'avait dit avoir été, enfant, impressionné et intimidé par lui. Et, jusque-là, je n'ai regardé les photos qu'il me reste de lui que sous cet aspect, sans oublier cependant que ces photos étaient toujours posées et donc forcément un peu froide, mettant le photographié à distance. Mais son regard me semblait doux, malgré tout. Dernièrement, j'ai eu l'occasion de demander à un autre de mes cousins un peu plus vieux que moi. Il m'en a fait un tout autre portrait : quelqu'un de tendre et de chaleureux. La vérité est sans doute entre les deux.
Moi ensuite. J'ai toujours eu dans la famille la réputation d'avoir été un enfant sage et respectueux (hormis pendant mes premiers mois où le contexte devait me perturber, et il y avait de quoi). Le deuxième cousin dont je viens de parler m'a ouvert, l'autre jour, un tout autre horizon, horizon qui semblait davantage lui plaire, vu le rire qui accompagnait ses paroles. Je savais déjà qu'il existe une vidéo (introuvable hélas) où l'on voit ma grand-mère maternelle en train de houspiller depuis le balcon de ma tante un enfant qui ne pouvait être que moi. Pas si sage que ça donc, l'enfant ! Ceux qui avaient filmé la vidéo ont, semble-il, connu d'autres déboires avec moi : il s'agit de la fille des parents adoptifs de ma tante (tante qui, elle aussi, n'a jamais connu son père, d'où, peut-être, notre profond attachement réciproque toute sa vie durant). Elle ( la vraie fille), son mari et ses enfants étaient ce que l'on appelle aujourd'hui des bobos cathos, devant lesquels il fallait se tenir encore mieux que d'habitude. Lors d'une réunion de famille chez ma tante (je devais, déduction faite, avoir cinq ou six ans), tout le monde devait y aller de sa petite chanson. Quand ce fut mon tour, voilà ce qui sortit et qui les horrifia : "Les roses ont des épines mais la merde n'en a pas". Inutile de dire que je ne me souviens ni de l'épisode ni, bien sûr, des paroles de cette chanson. Je me demande d'ailleurs bien où j'avais pu l'apprendre. Mais j'avoue que, a posteriori, très a posteriori, je suis très fier d'avoir provoqué ce mini-scandale chez les bobos !
mercredi 24 août 2016
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4 commentaires:
Ah tiens, intéressant cette thématique.
Sinon, je trouve, sauf erreur de ma part, qu'à l'époque, la notion de bobos (bourgeois bohème) n'était pas forcément la bonne (ou alors rarissime). Le bourgeois classique et catho de surcroît était bien plus abondant. D'où le vocable de bos cathos, même s'ils étaient moches !
En somme tu as cru pendant longtemps porter une auréole et on t'annonce maintenant que tu n'étais qu'un diable de garnement !
La vérité entre les deux, ou bien la vérité ne serait-t-elle pas LES deux... Je veux dire, la vie n'est pas linéaire, pas plus que ne l'est l’histoire humaine... On me raconte qu'à 4 ans, dans un restaurant de Charente Maritime, je faisais le clown et amusais toute la salle. J'aurais même demandé à la serveuse de mettre nue devant moi !! Quand je pense au garçon très timide que je suis devenu ensuite, j'ai peine à y croire, l'autre chose que cette histoire ne laissait pas présager, je te laisse la deviner !
Cornus : j'ai modernisé l'appellation, mais c'était bien ça.
Plume : ce qui aurait plutôt tendance à me faire plaisir !
Karagar : bien reçu, sept sur sept !
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