Les arènes de Vérone sont pour moi associées à plusieurs souvenirs, certains agréables, d'autres moins.
Dans ce qui m'a marqué en bien, le site d'abord, bien sûr, grandiose, la magie de ces vieilles pierres où le chant lyrique a remplacé les cris des gladiateurs, la fébrilité avec laquelle on y pénètre comme dans un sanctuaire. La qualité des spectacles donnés aussi : j'y avais entendu une Aïda inoubliable ainsi qu'un Samson et Dalila non moins talentueux.
Il se trouve que, le même été, le festival de Fourvière avait aussi produit son Aïda, que j'avais vue avant l'autre. Et la comparaison n'était pas à l'avantage de Lyon, moyens financiers obligent sans doute. Là où quelques figurants occupaient la scène de Fourvière, à Vérone ils se comptaient par centaines. On y avait même présenté des girafes et des éléphants. Et puis les petits lumignons qui s'éclairent lorsque la nuit tombe sur la ville de Roméo et Juliette....
Après la représentation, le spectacle se poursuit dans la rue proche des arènes, aux terrasses des cafés. Alors que Pierre et moi, nous prenions un verre, un mouvement de foule attira mon attention : la diva sortait à pied et se faisait acclamer par la foule enthousiaste. Surchargée de bouquets offerts par ses admirateurs, elle adressait à chacun ses sourires et ses gestes d'amitié. Jamais plus qu'en Italie, je n'ai vu un peuple aussi fervent d'art lyrique !
Dans les souvenirs moins agréables, il m'en reste deux qui me font sourire aujourd'hui. Alors que nous étions installés sur les gradins, une famille d'allemands arriva pour s'asseoir également. Le père, considérant qu'ils n'avaient pas assez de place, me regarda froidement et me lança un "Raoust schnell" qui me fit bondir. Je ne sais s'il comprenait le français mais il eut tout le loisir de voir que j'étais hors de moi ! Il n'insista pas. Le lendemain, c'était une bonne mamma italienne qui occupait les places derrière nous avec sa petite marmaille. Oui, en Italie, même les enfants vont à l'opéra ! Mais, malheur, elle avait apporté avec elle un énorme paquet de bonbons dont les enfants ne cessaient de froisser les papiers avant de les manger ! En bruit d'accompagnement, il y a mieux : elle le comprit à mon regard exaspéré.
J'ai dit que nous nous étions installés à une terrasse de bar tout près des arènes. On y servait, entre autres, de la bière, en différentes quantités. Comme il faisait très chaud, j'en pris une botte, c'est à dire un litre servi dans un verre en forme de chaussure. J'avais présumé de mes capacités à ingurgiter sans conséquence une telle dose de liquide alcoolisé. Sur la route du retour, en pleine nuit, je demandai à Pierre de s'arrêter parce que je ne me sentais pas bien. A peine sorti de la voiture, ce qui devait arriver arriva : mon estomac se révolta et déversa dans un fossé ce qu'il ne pouvait plus supporter. Alors que je me relevais, je vis alors seulement ce qui nous entourait : nous nous étions arrêtés dans un endroit exclusivement fréquenté par des dames de petite vertu et par leurs clients. Notre intrusion ne leur plaisait guère, surtout après ce que je venais de faire. Nous ne fûmes pas longs à déguerpir !
Hier soir, devant la télévision, j'ai repensé à tout cela. C'est si loin, maintenant !
jeudi 26 juin 2014
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6 commentaires:
J'imagine aisément les bons souvenirs que tu as de là-bas...
J'ai du regarder sur Wiki pour savoir où cela se trouvait, figure toi! J'ai un peu l'âme géographe mais alors l'Italie, c'est le trou noir ! Le pays de Vazari, qui puis-je!!
Rhooo...on va me dire que j'ai l'esprit tordu mais le "qui puis-je" de Karagar je lui trouve des allures de joli lapsus...!
Cornus : de quoi alimenter ce blog pendant des semaines !
Karagar : si tu savais ce que tu perds...
Plume : pas compris.
oh putain la faute!
karagar : et je ne l'avais même pas vue !
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