Il fait gris à Lyon, aujourd'hui. Presque frais. Une façon de reprendre pied, de voir s'éloigner Rome et ses touffeurs, de regarder déjà dans le coin du cartable...Oh, seulement un petit coup d’œil discret avant de repartir là-bas!
Le dimanche matin, le réfrigérateur plein et le corps reposé, nous foulons les pavés de la Lungara, croisons la Farnesina et le palais Corsini que nous visiterons plus tard, direction Saint-Pierre. La foule à l'extérieur y est moins nombreuse que l'an dernier mais la nef centrale ressemble à une galerie marchande un jour de grande affluence. Les touristes se pressent pour voir le baldaquin, pour tenter de toucher le pied de la statue du saint, tellement embrassé qu'il brille plus que les ors autour, pour photographier la Pieta malgré les inévitables reflets de sa prison de verre. Comment peut-on prier ici? Nous quittons la Basilique pour savourer une bière alla spina dans la rue où, l'an dernier, nous avons vu un prêtre si beau "qu'il fait pâlir le jour", comme le disait Jean Genet.
Après la sieste, déambulation de l'autre côté du Tibre, pour revoir les places, les églises, tout ce qui fait comprendre que l'on est vraiment à Rome: , la piazza Farnese, le Campo dei Fiori, Navona et Saint'Agnese in Agona, San Luigi dei Francesi, le Panthéon. Dans une petite église solitaire près du fleuve, San Salvatore in Onda, un prêtre nous aborde, désireux de bavarder. Il a vécu cinquante ans au Brésil, est allemand d'origine et vit là depuis bientôt dix-sept ans. L'église fut autrefois inondée par une crue du Tibre qui en souleva les dalles et l'on y découvrit une sépulture: celle de Saint Vincent Pallotti, canonisé en 1963 par le pape Jean XXIII.
Au retour, le Ponte Cisto et les ponts avoisinants sont noirs de monde. La foule semble attendre quelque chose: c'est la procession fluviale de la Madonna del Carmine, point d'orgue de la Festa de'Noantri, fête religieuse et profane du quartier du Trastevere qui a lieu chaque année fin Juillet. A l'origine de ces festivités, une légende: un soir de tempête, en 1535, des pêcheurs auraient repêché dans les eaux tumultueuses du fleuve une statue en bois de la Vierge Marie, appelée ainsi la Madonna Fiumarola (Madone du fleuve). La statue fut recueillie par les carmélites de l'église San Crisogono puis, au XVII° siècle, la Vierge devint la protectrice du Trastevere et la statue est alors exposée à Sant'Agata. Depuis, chaque année, on lui rend hommage en la transportant en procession de la deuxième église à la première où elle reste offerte à la vénération populaire avant de rejoindre Sant'Agata. Mais la Vierge, cette année, a pris bien du retard et nous rentrons sans l'avoir vue, tant les nourritures spirituelles s'effacent parfois devant celles plus terrestres que réclame l'estomac. Frédéric et moi, nous avions réclamé à Jean-Claude un bon plat de "penne" sauce tomate. Il nous l'a fait. Ne mériterait-il pas, lui aussi, d'être canonisé?
La nuit tombée, nous parcourons les rives inférieures du Tibre. La fête profane bat son plein, avec ses cafés, ses stands de tir ou d'objets hétéroclites, ses tables de cartomancies et tout le peuple boboïsant qui, depuis quelques années, hélas, a envahi ce quartier autrefois populaire et méprisé.
lundi 6 août 2012
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7 commentaires:
trop contente de te lire :)
Merci Calyste pour ce beau récit
Cet enthousiasme global fait plaisir à voir.
L'ombrelle, on dirait ces machins qu'on met des fois sur les glaces au resto.
Mince, le dernier commentaire concernait la note-photo suivante.
Caly: merci beaucoup. Voulant finir au plus vite ce compte rendu de voyage, je n'ai pas le temps d'aller lire les autres blogs en ce moment. Je tiens à m'en excuser auprès de toi et te promets de rattraper le plus vite possible mon retard.
Cornus: oui, on peut dire enthousiasme! Mêmes excuses qu'à Caly, bien sûr!
Pour l'ombrelle, la réponse est au billet suivant!
Merci pour ce récit ! Et le prêtre allemand qui vécu au Brésil c'est mon grand oncle, mais ça ne fait pas 17 ans qu'il est en Italie, ça va faire 4 ans.
Escocia Bahia: c'est ce que j'aime sur Internet: presque un an après ce voyage à Rome, voir un message d'un membre de la famille de ce prêtre. C'est presque magique! Combien de chances y avait-il pour que vous tombiez sur ce billet de mon blog?
Je vous prie de m'excuser pour l'erreur sur les années. Je peux vous le dire encore: votre grand-oncle est un homme très sympathique. Au plaisir de vous relire. Êtes-vous au Brésil vous-même?
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