dimanche 29 septembre 2024

Restons sur l'amour

Le réveil

Si tu m'appartenais (faisons ce rêve étrange !),

Je voudrais avant toi m'éveiller le matin

Pour m'accouder longtemps près de ton sommeil d'ange,

Egal et murmurant comme un ruisseau lointain.


J'irais à pas discrets cueillir de l'églantine,

Et, patient, rempli d'un silence joyeux,

J'entrouvrirais tes mains, qui gardent ta poitrine,

Pour y glisser mes fleurs en te baisant les yeux.


Et tes yeux étonnés reconnaîtraient la terre

Dans les choses où Dieu mit le plus de douceur,

Puis tourneraient vers moi leur naissante lumière,

Tout pleins de mon offrande et tout pleins de ton cœur.


Oh ! Comprends ce qu'il souffre et sens bien comme il aime,

Celui qui poserait, au lever du soleil,

Un bouquet, invisible encor, sur ton sein même,

Pour placer ton bonheur plus près de ton réveil !

René-François Sully Prudhomme (Les Solitudes)

2 commentaires:

Cornus a dit…

Pas mal.

Calyste a dit…

J'ai découvert ça hier.