J'ai revu hier Le Guépard, de Visconti, où la plus belle est bien Claudia Cardinale mais où le plus beau est Burt Lancaster, pas Alain Delon. Je l'ai bien vu une dizaine de fois, pourtant, hier, quelque chose de nouveau m'a sauté aux yeux, grâce à une phrase du Prince Salina, justement incarné par Burt Lancester. C'est le contraste entre misère et opulence qui fait l'identité de la Sicile. C'est à la fois l'ombre et la lumière qui en font la beauté.
J'ai enfin compris pourquoi j'aimais viscéralement l'Italie, une certaine Italie. Ce ne sont pas les vestiges d'une civilisation disparue que j'enseignais à mes élèves qui m'y attirent comme un aimant. Ce ne sont pas non plus les multitudes d’œuvres d'art que renferment ses musées. Ce n'est pas la musicalité de la langue ni la beauté des paysages.
C'est bien plus ce contraste entre ombre et lumière, entre pauvreté et opulence qui s'unissent en une identité spécifique que je ne trouve nulle part ailleurs (même si la Catalogne m'attire pour sûrement la même raison) : la beauté d'une façade lépreuse de palazzo Renaissance au soleil du soir m'émeut plus que tout au monde. Comme si ma nostalgie naturelle s'y incarnait en une fragile beauté. Je n'aime ni les gens ni les lieux trop lisses.
mardi 24 octobre 2017
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3 commentaires:
Ah mais c'est le personnage central! Le Prince, le héros du roman et du film, le fils d'une princesse allemande et de la longue lignée sicilienne...
Je ne crois pas que tu ais vu autant de de pauvreté en Catalogne qu'en Sicile mais je pense comprendre ce sentiment, cette émotion devant les opposés qui se côtoient: opulence et misère, dorures et austérité,... Ombre(s) et lumière mais aussi, peut-être, le sentiment que, justement en pleine lumière, sous le soleil, ces antagonismes se marient, s'équilibrent.
Il y a une forme d'orgueil magnifique (dont parle le Prince de Lampedusa) qui habille de beauté également l'austérité, la pauvreté, la fragilité et l'opulence. D'où des moments de beauté qui émeuvent, éblouissent et serrent la gorge...
J'ai vu ce film il y a très longtemps, de sorte que je ne m'en souviens absolument pas.
Jérôme : "les antagonismes se marient" : c'est la phrase que j'ai cherchée hier en écrivant ce billet, car c'est exactement ce que je ressens. Merci de l'avoir trouvé à ma place. Et je vois que nous sommes très proches pour ces sensations.
Cornus : comment peut-on oublier un tel film ! Tu me copieras cent fois : "je dois revoir Le Guépard" !!!
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