Tom n’était pas seul. Une jolie brunette d’une
cinquantaine d’années l’accompagnait et, à voir, la tête du hollandais lorsqu’il
m’aperçut, je sus immédiatement que j’étais de trop et qu’il ne pensait pas me trouver là. Il me
fit, en guise de bonjour, un vague signe de la tête et se détourna aussitôt
pour ouvrir la portière arrière. Mais la brunette, elle, s’avança vers moi avec un large sourire et en
me tendant la main.
- Je suis Valeria, votre logeuse. Nous
devions nous voir avant et je suis désolée de ce contretemps : je n’ai pas eu un instant à moi ces jours-ci
et mon portable était en dérangement. J’espère que vous vous plaisez ici ?
A mon tour, je lui tendis la main, finalement
assez content de cette diversion à ce qui m’apparaissait comme une situation
assez délicate.
- Je
me sens très bien ici, mis à part la rencontre, le premier soir, avec des
bestioles peu sympathiques…
- Ah ! les scorpions ! Dès que la maison reste
inhabitée quelques temps, ils en profitent pour s’y installer. Mais
rassurez-vous, cette espèce-là n’est pas dangereuse.
J’aurais eu mauvaise grâce, face à sa bonne
humeur, de lui rétorquer que cela ne sautait pas d’emblée aux yeux lorsqu’on en
rencontrait un dans le salon en train de filer sous un meuble. Aussi n’en
fis-je rien et lui rendis son sourire.
Pendant ce temps, Tom s’affairait toujours à
l’arrière de la voiture, attendant sans doute que je vide les lieux. Mais,
alors que j’entamais avec Valeria une conversation polie, Dorée fit un
signe à son mari pour l’entraîner un peu plus loin dans le chemin d’accès.
D’où je me trouvais, je pus les voir s’expliquer à voix basse avec force gestes
des bras. Les italiens ne sont manifestement pas les seuls à appuyer leurs
dires de mouvements énergiques.
Gêné, je proposai à Valeria de lui régler mon solde
de location et nous entrâmes dans le salon.
- Cette maison a été achetée par mes parents
alors que j’étais encore une enfant. C’était à l’origine une petite ferme et le
propriétaire possédait quelques vignes aux alentours dont il tirait chaque
année deux ou trois bouteilles de vin. Aujourd’hui, vous le voyez, la nature a
repris ces droits.
- C’est dommage…
- Oh ! Vous savez, le vin n’était pas
très bon et puis, à la mort de mon père, ma mère, qui vieillissait, a préféré
partir s’installer à Lucca, en prévision de jours plus difficiles. Elle a tous
les commerces à sa disposition et la ville possède un hôpital, où d’ailleurs mon
père est décédé. Aujourd’hui, nous ne venons que très rarement. C’est moi qui
ai eu l’idée de louer pendant la belle saison. J’ai fait faire quelques
aménagements mais l’essentiel est resté tel que la maison se présentait quand
mes parents y habitaient. J’en ai simplement profité pour vider un peu les
bibliothèques de mon appartement. Les livres prennent une telle place.
- Je me suis permis d’en feuilleter
quelques-uns.
- Vous avez bien fait, ils sont là pour ça.
Alors que je finissais de payer Valeria, la
silhouette de Dorée s’encadra dans la lumière de la porte :
- Vous pouvez venir, j’ai parlé à Tom. Il est
d’accord pour mettre notre ami au courant.
Mais au courant de quoi, grands dieux ?
Je commençais à être passablement irrité par tous ces mystères. Que voulait
dire Dorée ? Que cachait ce couple de hollandais ? Quel rôle jouait
Valeria dans cette partie de cache-cache ?
- Sortons, dit-elle, puisqu’ils le veulent.
Vous m’avez l’air d’un homme à qui l’on peut faire confiance.
Dehors, Tom se tenait immobile, l’air
emprunté, les bras ballant le long du corps, auprès de Dorée qui, tout sourire, tenait enlacé un petit
enfant noir.
5 commentaires:
ah tout ça pour un mioche ! :)
Qu'ils avaient planqué dans le coffre avec les valises !
Karagar : on sent que tu aimes les enfants ...
Plume : là, tu t'éloignes !
Ah, il lui a fait un enfant dans le dos et que c'est pour ça qu'il est noir :-)
Cornus : la vilaine pensée...
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