J'écoutais à l'instant l'émission Sur les Épaules de Darwin, sur France Inter, émission consacrée aux personnes ayant perdu la vue à un moment de leur vie et qui développent d'autres "stratégies" pour se repérer.
Cela m'a rappelé une expérience que je faisais régulièrement il y a quelques années : lorsque Pierre dormait, pour ne pas le réveiller quand je me levais, je traversais le long couloir jusqu'à la cuisine dans le noir complet. Au début en tâtonnant, les mains en avant pour ne pas heurter la porte fermée, puis, bien vite, en comptant le nombre de pas qu'il me fallait pour atteindre cette porte.
Jusque là, rien de très original. Mais ensuite, je me suis rendu compte que je n'avais pas besoin de toutes ces précautions. En fermant les yeux au lieu de les exorbiter, j'ai constaté que j'avais un autre moyen de savoir quand la porte était toute proche : la densité de l'air ! Ça peut paraître absurde mais cette densité changeait à quelques centimètres de l'obstacle. Plus épaisse, plus légère, je ne sais pas, mais différente. Je sentais le changement sur mon visage, presque imperceptible mais bien réel. Et je n'ai jamais heurté la porte.
Confirmation, sans doute, que nous n'utilisons, nous ne développons, que certains sens ou certaines parties de ces sens et que les capacités humaines sont bien supérieures à celles auxquelles nous faisons habituellement appel.
samedi 13 décembre 2014
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6 commentaires:
passionnant !
Oui c'est passionnant les possibilités de la perception sensorielle de l'espace. J'ai eu l'occasion de faire des exercices là-dessus, à l'aveugle et parfois en groupe, et c'est dingue ce qu'on apprend à faire, avec le temps.
Il m'arrive de procéder au même exercice en quittant la chambre en contournant le lit, en évitant la cheminée, l'armoire et en trouvant la porte. Les pas, on ne les compte plus, cela se règle "automatiquement" au bout d'un moment je pense. Quant à la "densité de l'air" à proximité des obstacles, cela est surtout concevable parce que l'obstacle modifie la circulation des flux d'air expiré, également plus riche en humidité. C'est donc assez logique, même si on ne le perçoit pas bien en temps normal. Les murs ou autres parois peuvent aussi "rayonner" selon la matière qui les compose et le tout engendre ce que tu appelles la "densité de l'air".
Il est évident que dans nos vies de citadins (pour la plupart du temps), nous perdons beaucoup d'accuité : ouïe (bruits subtils de la nature), odorat (idem) et même la vue où nous ne savons pas toujours être attentifs. Je me suis rendu compte de cela il y a des années en me retrouvant immerger des heures, des journées entières dans la nature sans "pollution" humaine (pas de radio, pas de bruits de circulation, pas de rencontre humaine). C'est aussi assez "mortel" au bout d'un moment, surtout en hiver.
Karagar : je le fais encore, parfois, mais moins souvent, étant seul.
Plume : en revanche, j'ai essayé dans la rue, les yeux fermés sur le trottoir. Pas tenu dix secondes. J'imagine le calvaire des aveugles, avec tous les obstacles.
Cornus : "densité" n'est surement pas le bon mot, mais c'est le seul qui m'est venu à l'esprit.
Ça me rappelle une nuit en pleine campagne, en Saône-et-Loire. Aucun bruit. Impossible de m'endormir...
J'ai entendu et adoré cette émission. Je ne rate quasiment aucun rendez-vous avec JC Ameisein. C'est ma friandise du samedi matin.
Je ne t'oublie pas.
J'espère bien ! :-) Moi non plus. Donne de tes nouvelles.
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