Je me souviens d'une époque où je courais à la librairie la plus proche pour acheter (ou commander, à la campagne) les Chroniques de San Francisco d'Armistead Maupin dès qu'un nouveau tome était édité. Je le lisais dans la foulée, toujours avec plaisir, parce que c'était léger, parce que je m'étais attaché à tous ces personnages de Barbary Lane, parce que j'aimais ça.
L'avant-dernier, Michael Tolliver est vivant, paru plus récemment, m'avait déçu: la magie n'opérait plus. Que dire de celui-ci, Mary Ann en automne? Un peu ce que l'on dirait de vieux amis que l'on a perdus de vue et que l'on retrouve par hasard, au fil d'une soirée: ce sont les mêmes mais le cœur n'y est plus. On remarque leurs rides, leurs défauts se sont accentués et l'on cherche parfois en vain les qualités qui nous les avaient fait se les attacher. Pour l'écriture, c'est la même chose: les ficelles apparaissent, les invraisemblances sautent aux yeux, l'émotion n'est que rarement présente et l'on regarde avec indifférence (malgré une pointe de nostalgie) s'agiter des personnages que l'on a tant aimés autrefois.
Mais le lecteur qui découvrirait les huit tomes aujourd'hui ne se laisserait-il pas volontiers embarquer dans cette aventure?
( Armistead maupin, Mary Ann en automne, Ed. de l'Olivier. Trad de Michèle Albaret-Maatsch.)
dimanche 23 septembre 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
9 commentaires:
Ben tu vois, avec ce dernier opus, j'avais retrouvé l'ambiance perdue dans le précédent. Lu sur la plage, l'été dernier, peut-être ça a aidé :)
Olivier: j'ai moi aussi préféré celui-ci au précédent. Mais je crois que si je n'accroche plus autant, c'est que, moi aussi, à l'instar des personnages, j'ai vieilli...
J'avais beaucoup aimé toute la série jusqu'à "Michael Tolliver est vivant" non compris, (celui-là m'a franchement déçue) et à peu près pour les raisons que tu donnes.
N'empêche, j'ai acheté Mary Ann...
Et finalement je me suis laissée emporter peu à peu. Oh pas de grand enthousiasme, mais enfin du plaisir quand même. Et puis l'adorable Anna Madrigal est toujours vivante !
Mais tu as quand même raison, on sent l'usure. je crois que de toute façon c'est le type d'oeuvre qui ne vieillit pas très bien, tellement elle est ancrée dans une époque et des conditions précises.
Bon, on a peut-être un peu vieilli, nous aussi !
Oui, ça c'est le problème des écrivains, talentueux ou non, qui ont eu leur heure de gloire dans les années quatre-vingts.
Ils ont eu la chance et tant mieux pour eux et leurs lecteurs de faire en même temps leur cuming out, d'écrivains pour les uns, de lecteurs pour les autres.
Les chroniques nombrilistes fussent-elles sympathique me gonflent. Je préfère ayant lu les uns et tenté de lire les autres, Truman Capoté, Gore Vidal, voire Edmund White, au charmant au délicieux Maupin.
Maintenant, je préfère lire et relire Yves Navarre.
Navarre, c'est un peu oublié, oui mais c'est important.
Eh bien avec ce télescopage de commentaires on dirait qu'on est trois à peu près sur la même longueur d'ondes !
La Plume: oui, et l'époque a bien changé aussi.
Anna Madrigal est toujours vivante, oui, mais dans quel état!
P.P: Capote, Vidal, d'accord. White, j'ai plus de mal. Question d'écriture?
Tiens, tu me donnes l'idée de ressortir mes vieux Navarre des rayonnages!
Eh bien, ma foi, j'ai lu récemment ces 8 tomes d'affilée pour la première fois. Le second est réellement mon préféré -ça part dans tous les sens, c'est drôle et plein d'émotion à la fois- les deux derniers sont moins réussis (surtout l'avant dernier) mais se laissent lire agréablement.
Je ne suis clairement pas de cette époque, je dois rater pas mal de références, mais c'est très attachant tout de même, nostalgique.
Sinon, je n'ai jamais réussi à lire une ligne d'Edmund White. Par contre, j'aime énormément Yves Navarre (le pauvre est bien mal réédité de nos jours et il faut chercher dans les vieux rayonnages des médiathèques).
J'ai entendu parler de ces bouquins pour la première fois il y a 7 ans. Un journaliste comparait le roman écrit par une personne proche à cette série. Quelques années plus tard, curiosité oblige, j'ai lu ce qu'il me souvient être le premier volume. Je ne dois pas être fait du même bois que les autres car je me suis dis que je ne lirais jamais la suite. Je ne me rappelle plus vraiment de quoi ça parle, seulement que ça m'avait semblé inconsistant.Désolé.(en même temps pour une fois que j'ai lu un truc dont tu parles, il fallait bien que je la ramène!)
Kynseker: je vois que nous sommes du même avis, sauf que je suis maintenant incapable de me souvenir de quoi parlait le tome 2.
Karagar: mais non, tu ne la ramènes pas. C'est ton avis et je suis content que tu le donnes. Ma vieille voisine à qui je prête régulièrement des livres a d'ailleurs exactement le même. Et elle est loin de la ramener!
Enregistrer un commentaire