lundi 10 septembre 2012

Les mains

Petites, potelées, qui s'accrochent au berceau, aux ongles si infimes qu'on dirait des éclats de nacre. Celles que tout le monde embrasse et qui vous enserrent le pouce pour le porter à la bouche, qui sentent encore le lait.

Coupées, brûlées, griffées, à la recherche de plaisirs inconnus, celles qui commencent à brunir à la fumée des cigarettes et où l'encre tache le doigt qui guide la plume, des mains aux ongles noirs, que l'eau n'attire pas et que l'on cache derrière son dos parce qu'on ne les trouve pas assez belles.

Puissantes, massives, piquetées de poils drus, qui frappent les touches d'ivoire et caressent la peau, qui explorent sans répit les pliures intimes, celles qui imposent et celles qui travaillent, celles qui tiennent la bière, écrasent le mégot, celles que l'on soigne comme un atout à la conquête.

Amaigries, veinées de rides ou de chemins bleutés, piquetées d'éclats roux qui prospèrent la nuit puisque le lendemain, il y en a encore d'autres, celles qui ne font plus qu'hésiter et manquer leur désir, celles qui tremblent pour rien sans qu'on le leur demande, celles qui disent adieu, lentement.

 Froides, bleues, rigides sur le dernier drap qui ne sera jamais froissé, celles qui se sont tues.

9 commentaires:

charlus80 a dit…

Trop triste et convenu tout ça. Un chouia misérabiliste, trop ''grand style'' dans le genre bien écrit. On sait que tu sais faire. Mais ça manque de vie! Il n'y a rien de plus vivant qu'une main. Une main c'est aussi des poings dressés avec des drapeaux rouges, des poings fermés au bout d'un bras cassé montrant tout l'honneur que l'on a pour tel ou tel. C'est des claques sur la gueule pour se battre ou sur les fesses pour le plaisir. Main chatouilleuse. Comment peut-on oublier la main auxiliaire de jouissance!
La main c'est aussi des doigts.
Le pouce: sensass, impec disait-on à l'époque. Aide au voyage.
L'index avec lequel il ne fallait rien montrer et que l'on se mettait alors dans le nez.
Le pouce, encore, et l'index, encore, pour pincer un téton.
Le majeur pointé. Indispensable ! E va fanculo!!
L'index, toujours, et l'annulaire dressés: cornuto!
L'auriculaire à l'ongle long pour se curer l'oreille, levé par certains pour boire une tasse de thé, et insulte suprême au sexe masculin quand il est secoué de bas en haut...
On pourrait continuer ainsi à l'infini...
Ce qui n'empêche pas la main d'être aussi ce que tu dis. Mais une main a ainsi que tu le sais un dos et une paume et l'un ne va pas sans l'autre!

Cornus a dit…

Fromfrom (qui a lu la note avant) et moi n'avons retenu que la dernière phrase, comme si c'était une annonce à peine voilée.
Dans tous les cas de figure, nous pensons chaleureusement à toi.

Calyste a dit…

Cornus: ne vous inquiétez pas, c'est un simple texte. Rien de prémonitoire, en tout cas je l'espère: c'est en regardant mes propres mains que ça m'est venu.

Nicolas Raviere a dit…

Les mains ne mentent jamais, surtout. Elles en apprennent beaucoup sur les gens : caractère, vie, hygiène et enfin l'âge, car il n'est pas possible de tricher avec les mains. Cela fonctionne à merveille avec Madonna. héhé.

ipsa a dit…

Et voilà ! à cause de Nicolas Madonna est prévenue, désormais elle ne sortira plus sans mitaine comme X...
Les mains parlent... comme tout le reste, tricher c'est une illusion bon marché que nous offrent ceux qui ne veulent ni nous regarder pour nous voir ni nous savoir.
Tricher, le plaisir solitaire d'un chiffon rouge bien agité, toi, on ne te prête aucune attention mais on va être capable de discuter à l'infini d'un implant capilaire, de faux ongles.
Moi mes mains ont beaucoup voyagé...Ton post m'a fait pensé à la chanson de Gilles Vignault

Calyste a dit…

Nicolas: c'est justement pour ça que je les aime.

Ipsa: sans vouloir te contredire, il me semble que c'est Félix Leclerc et ses souliers. Mais tu as raison: les mains aussi, sont de grandes voyageuses, et, comme le dit Nicolas, de grandes conteuses.

ipsa a dit…

Si, contredis, t'as raison de rétablir l'exactitude, d'un à peu près à un autre elle finirait par s'enrhumer et ma mémoire avec.

Cornus a dit…

Cela nous a évidemment rassuré.

Calyste a dit…

Ipsa: et puis, chez moi, combattre l'inexactitude, c'est un peu une déformation professionnelle.

Cornus: merci en tout cas de m'être aussi présents.