C'est chaque année la même chose! On les trouve de plus en plus petits, on commence par voir des stéréotypes: le rouquin aux joues maculées de taches de rousseur, que les autres, s'ils avaient un peu de culture, appelleraient "poil de carotte" (mais il y a longtemps qu'en sixième il ne savent plus de qui il s'agit), l'excité de service ne tenant pas sur sa chaise et regardant autour de lui pour voir qui il pourrait attirer dans son orbite, la bonne élève un peu mielleuse qui, dans l'année, vérifiera sur chaque copie que l'on ne lui a pas oublié des points, la timide qui baisse la tête en espérant ainsi devenir invisible à tous et particulièrement à celui qui risque de l'interroger (je pousse parfois le sadisme jusqu'à le faire), le doux rêveur que l'on réveille quand on s'adresse à lui, l'angoissé(e) qui pose trois fois la même question, et tout ce petit monde chaque année renouvelé et chaque année le même..
On connaît les visages, on ne connaît pas les noms. Certains de mes collègues savent déjà les prénoms, de plus en plus exotiques, dont certains jamais encore entendus. Moi, héritage d'un lycée de garçons où l'on ne nous appelait que par nos noms, je ne les retiens pas, parce qu'ils ne sont pas leur identité. Des Maeva, des Anne-Charlotte, des Hisley, des Romwald (non, il n'y a pas de faute de frappe), qu'en ai-je à faire? Pour moi, ils seront bientôt Dupont, Durand, ou de La Machinière, et là, ils seront uniques. Mais avant, il faut que l'alchimie s'opère, peu à peu, sans que je force, sans que j'y prenne garde, sans savoir exactement le moment où elle a eu lieu.
Mystère du métier d'enseignant que ce moment où le stéréotype devient personne unique dont, peut-être, pour certains, je me souviendrai des années plus tard.
mercredi 26 septembre 2012
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4 commentaires:
Je vois aussi surgir des prénoms jamais vus sortis du cerveau imaginatif de parents en mal d'originalité mais comme tous les ans, il me faudra bien trois mois voire plus avant de pouvoir les nommer. Ce qui n'est pas sans poser de problème lors des rencontres avec les parents. A propos, l'an dernier j'avais une élève prénommée Calystée...
Laurent: ah non! La marque est déposée!
Voilà qui est davantage rassurant dans l'ensemble.
Cornus: oui, cela prouve que Alzheimer n'est pas encore tout à fait là!
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