lundi 12 avril 2010

Le coup des théâtres

J'essaie en ce moment de monter un projet théâtre en sixième pour la fin d'année. Non, pas de représentation ni même de courts passages sur scène pour ces bambins dont je ne prends pas forcément le moindre des gestes ou des intonations pour des pépites de génie. Je me sentirais d'ailleurs bien en peine de mettre moi même sur pied un quelconque spectacle, n'en ayant aucunement les capacités et ne supportant guère la médiocrité dans ce domaine comme dans d'autres.

Non, le projet est plus simple et a été décidé par l'ensemble des professeurs de français avec une progression sur les quatre ans du collège. En sixième, il est question de faire connaître aux élèves les métiers du théâtre et le lieu lui-même. J'ai réussi à mener à bien et assez rapidement une partie de ce programme avec l'E*N*S*A*T*T, qui nous recevra dans quelques temps et n'a pas fait de difficulté pour cela.

En revanche, la tâche qui me reste à accomplir me semble de jour en jour plus difficile à mener à bien, tant certains de mes interlocuteurs y mettent de mauvaise volonté. J'ai contacté de nombreux théâtres de la ville de Lyon, des petits comme des grands, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'accueil n'est pas vraiment enthousiaste: tantôt, pour calmer mes ardeurs, on met immédiatement en avant un prix qui, sans être prohibitif, est en général assez élevé; tantôt on ne peut me répondre: la personne qui s'occupe de ce genre d'affaires n'est pas là et ne sera joignable au plus tôt que fin avril; tantôt c'est l'âge des élèves qui pose problème: "Nous sommes un théâtre contemporain et nous ne nous adressons à des enfants qu'à partir de la seconde!" me suis-je entendu répondre par celle qui fut de loin la moins ouverte aux dialogues, dans un théâtre de la presqu'île que je ne nommerais pas. S'il s'agissait d'assister à une représentation, je comprendrais, mais pour parler du métier d'acteur ou de costumier ou de décorateur, en quoi l'âge des élèves a-t-il une importance? Tantôt, plus simplement, on me dit que l'on ne reçoit pas de scolaires (sauf pour les spectacles: l'argent, d'où qu'il vienne est toujours bon à prendre).

Il faut tout de même que je précise que quelques-unes (car j'ai toujours eu affaire à des femmes) ont été charmantes et réellement désolées de ne pas pouvoir répondre à ma requête. L'une a même pris la peine de se renseigner d'une façon plus précise et de me rappeler sur mon portable, pour une réponse, hélas, négative, mais au moins correctement argumentée.

Alors bon, pourquoi pas! Mais que l'on ne vienne plus me dire que l'école est repliée sur elle-même, qu'elle fonctionne en vase clos, qu'elle tourne le dos à toute ouverture sur le monde extérieur. Ce n'est pas la première fois que je vois toutes les portes se fermer quand je prononce le mot "scolaire": j'ai, il y a quelques années, dû revoir sérieusement à la baisse un projet sur le roman policier devant un refus plus que méprisant de la part des bureaux de la police scientifique. Dernier exemple de cet ostracisme anti-école: la visite avec des troisièmes, il y a une quinzaine de jours, du Musée de la Résistance et de la Déportation. Les enfants étaient particulièrement attentifs et respectueux en remplissant le questionnaire qui les faisait naviguer d'une vitrine à l'autre. Mes deux collègues et moi-même étions très attentifs au bon déroulement, dans le calme, de la visite. Cela n'a pas empêché l'un d'eux de se faire reprocher le bruit soit-disant occasionné par leur passage! "Faites votre travail, Monsieur!" Sans doute quelque visiteur confondant respect et glaciation, qui va prônant partout le devoir de mémoire mais est incapable d'accepter les conditions de la mise en place de ce devoir au sein de la jeunesse scolaire. Sur ce plan-là non plus, je ne regretterai rien une fois la retraite venue...

6 commentaires:

Cornus a dit…

J'ai essayé de me placer du côté du théâtre, mais version botanique. Eh bien dans mon "théâtre" que je n'oserais qualifier "de verdure", on vous aurait accueilli, d'autant que des subventions sont mobilisables.
Il y a cela 5 ans, on n'aurait accueilli personne, parce qu'on était dans l'incapacité financière de le faire et surtout, on n'avait pas la capacité technique de le faire.

Calyste a dit…

Ça, c'est sympa, Cornus. Sais-tu ce que je viens de voir? Ton nom, à l'envers, ça fait "Sun Roc(k)": le rocher du soleil. Je crois que je vais t'appeler comme ça dorénavant, si tu permets.

karagar a dit…

Un peu consternant en effet,mais pas pas trop étonnant si l'on considère que ce milieu, surtout s'il est un tant soit peu institutionnel, n'est pas toujours très ouvert ni souple...
Je comprends bien ta remarque qui consiste à dire que tu ne veux pas monter un projet pour lequel tu sais ne pas avoir les compétences requises, par contre j'adhère moins à celle qui évoque le "génie" en herbe.Faire du théâtre est aussi affaire de travail et de discipline et monter une pièce en milieu scolaire n'a pas, à mon sens, pour unique but, de révèler des vocations...

Calyste a dit…

Je dois m'être mal exprimé, karagar, car je suis entièrement d'accord avec toi sur le travail "théâtral" en collège. c'est d'ailleurs la même chose pour l'écrit: les rédactions (pompeusement appelées aujourd'hui expressions écrites)ne servent absolument à déceler de futurs écrivains mais bien plutôt à apprendre aux élèves à s'exprimer dans un langage clair et compréhensible par tous. Le reste n'est pas non plus de mon ressort.

Lancelot a dit…

Tu avais contacté la police scientifique ?? OUAH ! Quel courage ! Moi je n'aurais jamais osé ; pas parce qu'ils me font peur, mais parce que j'aurais été sûr et certain d'essuyer un refus. La réponse négative (et méprisante) de leur part ne m'étonne pas, mais j'admire ton esprit d'initiative.

Quant aux troupes d'acteurs, quand ils montent une pièce, ils veulent, neuf fois sur dix, comme ils le déclarent aux journalistes "SE faire plaisir". Expliquer le métier théâtral aux élèves, mais où diable est le plaisir là-dedans, ma pôv'dame...???

Le nom des blogueurs à l'envers ! Alors ça c'est un jeu qu'il est marrant ! Et que j'y avais jamais pensé ! Alors, outre "Sunrock", il y a aussi 'Ragarak' et 'Newgerrak' sans oublier le terrible 'Relznark' (tous cousins de Goldorak). Toi tu deviens 'Etsylac' ! Tu viens me rendre visite dans mon lac ? Moi c'est 'Tolecanl'. Au mieux, ça fait surnom de taulard, et au pire, c'est nul tout simplement.... :-(

Calyste a dit…

Moi, pour toi, j'ai trouvé plus méridional: El Clanto, le cousin de Zorro!