Comment, pour moi, parler en peu de mots d'une ville italienne? Dire qu'il n'a cessé de pleuvoir, de mouiller en tout cas, ce vendredi dernier sur Turin et que cela a gâché la visite. Mais ce serait faux! Turin a du charme aussi sous un crachin tenace et présente de plus l'avantage d'offrir à tous des kilomètres de portiques où s'abriter.
Partis de Maurienne qui constitue maintenant traditionnellement notre base stratégique et où nous nous étions installés la veille, c'est vers la capitale du Piémont que nous avons mis le cap pour un jour de promenade. Pas pour aller s'incliner devant le Saint-Suaire, dont j'ai vu une copie il y a une trentaine d'années et qui ne m'intéresse pas particulièrement. Parce que nous avions pensé, l'été dernier, y faire escale mais que, fascinés par Milan, nous n'avions pu réaliser notre projet. Cette fois-ci, c'était Turin et Turin seul.
Après l'achat des traditionnelles cartes de stationnement à placer sur le tableau de bord et un bon repas dans une petite auberge sympathique aux prix plus qu'abordables (le bar San Giorgio, Via San Maurizio), il nous a suffi de lever le nez pour nous rendre compte qu'encore une fois, nous avions eu du nez et que le centre historique était à deux pas de là: devant nous, trouant le ciel gris se dressait le dôme célèbre, représenté sur une des pièces jaunes italiennes ( 1 ou 2 centimes d'euro), de la Mole Antonelliana, symbole de la ville abritant aujourd'hui le Musée national du Cinéma. Une exposition, Le Visage du Christ dans l'Art occidental , sans doute à mettre en parallèle avec la présentation de la Santa Sindone (Saint-Suaire), attirait un foule nombreuse, particulièrement jeune.
C'est d'ailleurs ce qui m'a frappé d'entrée de jeu cette fois-ci en parcourant d'abord la Via Po puis ses semblables toutes munies des fameuses arcades protectrices: les rues étaient animées malgré le mauvais temps et respiraient une atmosphère de jeunesse estudiantine. A intervalles réguliers, sous ces passages, des vendeurs à la sauvette s'étaient installés pour tenter de vendre quelques ombrelli, parapluies vantés comme italiens, en réalité dans la plus pure tradition de fabrication chinoise.
Beauté de ces passages, tellement cartésiens, tellement reproductibles à l'infini, tellement proches par certains aspects de ceux dessinés dans les tableaux de Chirico, n'était le grouillement de vie qui les occupe. Beauté surtout des devantures de magasins, conservées dans leur quasi totalité à l'identique: pharmacie, librairie, glacier, café fréquenté par des écrivains célèbres du XIX° siècle, chacun semblant avoir franchi les ans sans se départir de leur sobre élégance.
Pourtant le XXIème siècle est en train lentement d'y mettre son empreinte, dans ces silhouettes nombreuses (et nouvelles pour moi) de mendiants, de mendiantes surtout, vieilles femmes qui n'ont même plus la décence d'avoir l'air roumaines. L'Italie montre sa pauvreté qui, comme en France, côtoie le luxe le plus criard et tape à l'œil.
Je ne peux décrire dans ce billet toutes les rues parcourues, toutes les églises visitées, toutes les places et perspectives admirées: Palazzo Carignano à la surprenante façade de briques, Piazza Castello, Piazza san Carlo, comme un élégant salon au cœur de la cité... Disons brièvement que cette ville dont j'avais gardé un souvenir triste et endormi m'a séduit totalement cette fois-ci. Mention spéciale pour les quais du Po et l'imposante cathédrale Gran Madre di Dio, surplombant l'immense Piazza Vittorio Veneto et fermant la perspective du pont Victor-Emmanuel 1er, cet ennemi irréductible de Napoléon 1er, ce prince de Savoie qui, lorsqu'il put regagner sa capitale, ne fit pas détruire ce pont construit par le petit corse mais préféra, dit-on, le laisser intact afin que son peuple puisse le fouler au pied.
( La photo proposée dans la devinette représentait la façade de la gare Porta Nuova.)
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