lundi 26 avril 2010

Petit lexique à l'usage de tous (sauf de mes élèves) (5)

NOMS D'OISEAUX (ou autres rampants, marchants, volants, nageants...)

Pour retarder encore un peu la réponse au billet précédent, voici ce soir un petit lexique de mots qui, bien que l'on parle de noms d'oiseaux, sont en général destinés à vous enfoncer plus bas que terre. On y verra aussi que, parfois, on peut accorder à ces bêtes une certaine rédemption.

ÂNE: Tout le monde, bien sûr, connaît sa bêtise, renforcée si l'on parle d'âne bâté. Pourtant il y a aussi Le Petit Âne gris, belle chanson triste de Hugues Aufray, et celui de Francis Jammes dont il dit: "J'aime l'âne si doux marchant le long des houx". On prétend de cet animal que c'est depuis qu'il a transporté le Christ jusqu'à Jérusalem qu'il a, dessinée sur son dos, une croix dans son pelage.

AIGLE: "Ce garçon, ce n'est pas un aigle", dit-on de quelqu'un qui ne vole pas bien haut, qui n'a pas l'acuité intellectuelle correspondant à la vue perçante du rapace. Pourtant, il y eut celui symbole de Jupiter (et Zeus avant, chez les Grecs) qui trônait avec lui au milieu des nuées et se chargea de lui ramener Ganymède , celui de Meaux, Bossuet, aux illustres Sermons, qui s'opposa longtemps au Cygne de Cambrai (Fénelon), celui de tant de drapeaux impériaux et puis celui à qui Cocteau donna deux têtes.

ASTICOT: un drôle d'asticot est un drôle de zèbre. Allez comprendre! Ou alors quelqu'un de peu d'importance, dont on ne peut avoir peur. Le terme devient franchement méprisant quand il désigne un tout petit pénis, que, d'ailleurs, rien n'interdit d'asticoter (d'agacer)!

BÉCASSE: une fille un peu stupide et naïve mais son équivalent animal donna prétexte à des chasseurs, réunis pour les déguster, pour raconter maints contes sous la plume de Maupassant. Chez Molière "La bécasse est bridée" se dit de quelqu'un qui a été trompé. (Mot emprunté au vocabulaire de la chasse au collet ou au lacet). Et il ne faut pas oublier sa cousine bretonne, Bécassine qui, si elle ne relève guère le niveau, est à respecter pour avoir enchanté la jeunesse pendant de longues années.

BUSE: voire même, pour qu'il n'y ait aucune possibilité d'erreur, "triple buse". Celui-ci, c'est l'abruti, l'inculte et qui, en général, en est assez fier. "D'une buse on ne saurait faire un épervier" veut dire, mutatis mutandis, "on ne change pas un âne en cheval de course" (intellectuellement bien sûr). La réputation de ce pauvre rapace vient des fauconniers qui ne parvinrent jamais à le dresser et le taxèrent donc de stupidité.

Voilà pour les cinq premiers. D'autres suivront, prenez patience (soit pour attendre, soit pour lire!)

6 commentaires:

Cornus a dit…

Très bien tout ça. Dans un film dont j'ai oublié le nom, les dialogues d'Audiard faiseient dire à Bernard Blier (de la police) à l'encontre d'Annie Girardot (une supposée meurtrière) : "L'aigle, d'un bras vengeur va fondre sur la vieille buse". Je n'ai retenu que ça de ce film qui n'était sûrement pas un chef d'oeuvre.

Calyste a dit…

J'avais une collègue qui, elle, disait aux élèves qui travaillaient trop mollement: "Il faut prendre le cheval par les cornes!".

KarregWenn a dit…

Une vieille pie
Des tourtereaux
Un merle blanc
Un ours mal léché
Un mouton à cinq pattes
Une vieille chouette
Un canard boiteux
Une grosse loche
Le veau d'or
Pas folle la guèpe
Une oie blanche
Les moutons de Panurge
Une fine mouche
...
Et un raton-laveur !

anna f. a dit…

"On ne force pas un âne à boire, quand il n'a pas soif" ; je soupire. C'est méchant de parler ainsi d'un enfant qui passerait bien sa vie à se balancer sur une escarpolette ? Moi je m'en balance disait Barbara que tu aimes tant Calyste.

Lancelot a dit…

Je suis en train de me dire, si on y réfléchit bien, que tout le bestiaire peut y passer, question expressions. Maquillée comme une poule, fort comme un boeuf, bête comme une oie, malin comme un singe, fier comme un paon, lent comme un escargot, travailleur comme une fourmi, etc etc.

Et le mulet, que fait-il, le mulet....? ;-)

Calyste a dit…

Mais non, mais non, vous n'y êtes pas du tout! :-) Je ne cite que les expressions désagréables, où l'on dénonce un trait de caractère ou un comportement. Et même avec cette restriction, je peux vous assurer que ça fait du monde sur l'Arche des "mots doux"!