- L’étang dont le soleil chauffe la somnolence
- Est fleuri, ce matin, de beaux nénuphars blancs ;
- Les uns, sortis de l’eau, se dressent tout tremblants,
- Et dans l’air parfumé, leur tige se balance.
-
-
- D’autres n’ont encore pu fièrement émerger :
- Mais leur fleur vient sourire à la surface lisse.
- On les voit remuer doucement et nager :
- L’eau frissonnante affleure au bord de leur calice.
-
-
- D’autres, plus loin encor du moment de surgir
- Au soleil, ont leur fleur entièrement recouverte…
- On peut les voir, bercés d’un remous sur l’eau verte :
- Écrasés par son poids, ils semblent s’élargir.
- Ainsi vont mes pensers dans leur floraison lente.
- Il en est d’achevés, sans plus rien d’hésitant,
- Complètement éclos, comme, sur cet étang,
- Les nénuphars bercés par la brise indolente.
-
- D’autres n’ont encore pu dépasser le niveau ;
- Ce sont ceux-là surtout, que, poète, on caresse,
- Qu’on laisse à fleur d’esprit flotter avec paresse,
- Comme les nénuphars qui bâillent à fleur d’eau.
- Mais je sens la poussée en moi vivace et sourde
- D’autres pensers germés mystérieusement,
- Qui s’achèvent encor dans l’assoupissement,
- Comme les nénuphars qui dorment sous l’eau lourde.
mercredi 10 août 2022
Les Nénuphars
Edmond Rostand, Les Musardises.
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2 commentaires:
Amusant ce poème "botanique". Une idée à creuser...
Cornus : je te laisse faire.
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