Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,
Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
La lointaine oasis où rougissent les figues,
Et l'étroite vallée où campe sa tribu,
Et la source courante où ses lèvres ont bu,
Et les brebis bêlant, et les boeufs à leurs crèches,
Et les femmes causant près des citernes fraîches,
Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis,
Aux lueurs de la lune écoutant les récits ?
Non, par delà le cours des heures éphémères,
Son âme est en voyage au pays des chimères.
Il rêve qu'Al-Borak, le cheval glorieux,
L'emporte en hennissant dans la hauteur des cieux ;
Il tressaille, et croit voir, par les nuits enflammées,
Les filles de Djennet à ses côtés pâmées.
De leurs cheveux plus noirs que la nuit de l'enfer
Monte un âcre parfum qui lui brûle la chair ;
Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine,
Entre ses bras tendus, sa vision divine.
Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé,
Sa cavale piétine, et son rêve est troublé ;
Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,
Et le grand ciel cuivré sur l'étendue immense !
Leconte de Lisle.
5 commentaires:
Il écrit bien l'ancien tennisman de Lille ! 😁😀😂🤣😃😄😅😆
Cornus : oulala ! Mets-toi vite à l'ombre !!! 👨
Calyste> Pourtant hier, pas de canicule en pays éduen... mais aujourd'hui ça va être une autre histoire.
C'est curieux, quand on dit désert, tout le monde pense aux déserts chauds !
Ça me fait penser à quelque chose : quand je proposais à mes stagiaires pour les faire parler "vous êtes naufragés sur une île déserte" ils me parlaient tous de palmiers !!!
Cornus : c'est une autre histoire, ici en tout cas.
Plume : les clichés ont la vie dure !
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