Je sors de chez Emmaüs, une de mes adresses quasi hebdomadaires. Un long moment passé en bas, là où les livres s'entassent en attendant d'être rachetés ou au moins feuilletés. Ce qui frappe dans cette antre, c'est le silence de ceux qui la fréquente et le nombre de bouquins entassés, du plus récent au plus ancien, du rutilant au poussiéreux.
Je suis bien au milieu de tout ça, et, en même temps, légèrement angoissé : certains de ces volumes n'intéresseront jamais plus personne (parfois, j'en repère quelques-uns, délaissés depuis longtemps, que j'ai toujours vus là). J'ai presque envie d'en prendre un, au hasard, comme je le ferais d'un chien en cage à la SPA, juste pour le sauver de la destruction.
Angoissé aussi parce que je n'aurai jamais le temps de lire tout ce que j'ai envie de lire : Il me faudrait trois ou quatre vies, et encore....
Lorsque je rentre chez moi, je vois tous les miens, rangés dans les bibliothèques ou empilés sur une commode, et celui qui a la place d'honneur pour un temps, sur ma table de nuit. Et, chaque fois, je fais la même chose : j'achète en me disant que c'est celui que je viens d'acheter que je lirai ensuite. Alors, je le pose sur la pile où d'autres, bientôt, viennent le recouvrir, tout aussi urgents à lire. Résultat : il m'arrive d'en oublier (voire de les racheter) et de les redécouvrir très longtemps après, silencieux et patients. Lesquels ne seront jamais lus ? Et que deviendront-ils tous, après moi ?
mardi 20 mars 2018
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5 commentaires:
Les plus mauvais livres, les ouvrages les plus délaissés, ceux qui, déclassés, sont devenus obsolètes, font encore le bonheur d'associations qui les envoient en Afrique !
Je ne sais pas ce qu'en disent les africains ?!
Autrement, au rebut, au pilon, ils serviront à faire du papier sur lequel seront imprimés de nouveaux ouvrages...
Avant, on grattait la peau d'mouton, palimpsestes !
De quoi avoir le vertige.
Cornus > Si t'as le vertige tu t'appuies sur les livres, avec un peu de chance la pile est solide ! :)
Calyste > Moi je n'accumule pas autant que toi, encore que...dans les greniers...j'échange beaucoup, mais j'aime bien acheter et garder, en prévision des vaches maigres, et alors je relis les vieilleries.
Chroum : maintenant les livres sont si chers qu'il faut gratter le fond de son porte-monnaie. Heureusement, il y a Emmaüs !
Cornus : le vertige de la page pleine ? Est-ce pire que l'angoisse de la page blanche ?
Plume : je me dis souvent : "stop. Commence par lire ce que tu as déjà." Et puis je ne résiste pas.
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