mercredi 2 août 2017

Le circuit des quatre fromages (15)

Mercredi 19 juillet : Abbaye de Jumièges

Nous pensions Jumièges plus près de Rouen. Qu'importe : partis pour partis, nous y sommes allés en logeant la Seine. Nous sommes arrivés en toute fin d'après-midi, heureux d'avoir quitté le bruit de la ville et de retrouver là la même sérénité du soir tombant qu'à San Galgano en Toscane, moment qui reste toujours cher à mon cœur.

On dit souvent que c'est une des plus belle ruines de France, et je ne suis pas loin de le penser, d'autant que nous l'avons visitée quasi déserte. Elle fut d'ailleurs très prisée par de nombreux  artistes romantiques du XIX° siècle (Victor Hugo, entre autres, qui disait d'elle qu'elle était encore plus belle que Tournus).

Fondée en 654, elle fut incendiée et pillée par les Vikings en 841. Avant la fin du X°, la vie monastique reprend, de façon assez timide. L'abbé Robert de Jumièges fait reconstruire le monastère, consacrée solennellement en 1067 en présence de Guillaume le Conquérant. Quelque temps après l'intégration de la Normandie au domaine royal, le chœur roman de la grande église abbatiale est reconstruit en style gothique (1267-1278).

En 1431, l'abbé de Jumièges Nicolas Le Roux participa au procès de Jeanne d'Arc et, bien que réticent, dut se plier à la volonté de condamnation du pouvoir anglais et des docteurs de Paris (alors occupé par les Anglais). Vers la fin de la guerre de Cent Ans, Charles VII, lors de la reconquête de la Normandie, y prend ses quartiers d'hiver et sa maîtresse Agnès Sorel vient l'y rejoindre alors qu'elle est enceinte de huit mois.

Pendant les guerres de Religion, l'abbaye est à nouveau mise à sac (1562). Le nouveau logis abbatial est terminé en 1671, puis le grand dortoir en 1732 mais l'abbaye est bien loin de son ancienne splendeur et les vocations bien rares. En 1789, les moines ne sont plus que 18 et doivent se disperser fin 1790. L'abbaye est vendue et son premier acquéreur entreprend la démolition du cloître du XVI° et du dortoir du XVIII°. Le suivant fait exploser le chœur. L'ensemble du site servira de carrière de pierres jusqu'en 1824. Elle redevient propriété de l’État en 1947 puis du département de Seine Maritime en 2007.

On peut aujourd'hui visiter l'ensemble des ruines, en particulier l'Abbatiale Notre-Dame, l'église Saint-Pierre et la salle capitulaire.
















7 commentaires:

Jérôme a dit…

C'est beau!

Cornus a dit…

Pour aller de Rouen à Jumièges, il y a moyen d'y aller assez vite, mais il faut connaître les astuces je pense. J'ai surtout fréquenté la boucle de la Seine en amont (Anneville-Ambourville), mais je suis bien sûr allé dans la boucle de Jumièges surtout en 2004-2005, mais ne l'avais pas visitée. De loin, elle me plaisait énormément, mais il a fallu attendre novembre 2010 pour la visiter avec Fromfrom, après avoir vu Saint-Martin de Bocherville le matin. Hélas, il y avait une pluie infernale et persistante de sorte que les rares photos que j'avais faites sont assez lamentables. Il faudra que nous y retournions, car je suis d'accord, c'est une de mes ruines préférées aussi.
Une chose m'a interpelé à l'époque par rapport à ce que disait le guide, c'est que la nef romane est une voire la plus plus hautes des églises romanes. On était à 25 m. Saint-Sernin de Toulouse est à 21 m, mais Saint-Lazare d'Autun à 23,38 m (on n'est pas loin). Hors de France, Tournai fait 26 m. Et Cluny III met(tait) tout le monde d'accord avec 30 m.

plumequivole a dit…

Commentaire en forme de coup d'humeur : les fromages, bons, pas bons ? Pour être honnête je suis victime d'une overdose de cathédrales, châteaux, etc...Vous êtes arrivés à me dégoûter de choses que j'aime pourtant passionnément.Je me fous complètement des hauteurs de voûte et de clocher, Wikipedia est très performant là-dessus et je sais lire, ce qui m'intéresse c'est votre sentiment, vos émotions, vos coups de coeur, vos détestations. Pauvre Calyste c'est toi qui écope...mais ça me tannait de le dire depuis un bon moment. Bon...je ne vaux pas mieux avec mes tomates parfumées au mildiou...Suis désolée de casser l'ambiance !

Jérôme a dit…

Maintenant que la réflexion est faite, c'est vrai aussi que pour la première fois, nous n'avons pas droit aux pauses repas... ;-) aurais-tu éprouvé une certaine déception devant la gastronomie normande?

Calyste a dit…

Jérôme : plus que beau, surtout le soir, presque vide. Pour les restaurants, ça va venir, mais nous avons beaucoup tourné aux sandwiches, comme je l'ai dit.

Cornus : je l'ignore. j'ai surtout été sensible à la majesté de ces ruines.

Plume : coup d'humeur, en effet ! Pour les coups de cœur, il me semble les avoir indiqués, en particulier Jumièges. Je n'ai pas réellement eu de détestations, même si certains sites m'ont moins plus que d'autres (Basilique de Lisieux, par exemple, que j'ai comparée à fourvière, ce qui, pour moi, n'est pas tout à fait un compliment...). Quant aux cathédrales, nous en avions assez nous aussi, mais peut-on passer à côté sans les visiter ? L'un de nous réclamait .... des châteaux, ce que nous avons fait aussi, désolé pour toi ! En revanche, nous avons consciencieusement et volontairement évité les plages du débarquement et le style mémorial. Des bunkers sur une plage ne m'ont jamais intéressé, pas plus que les plages elles-mêmes d'ailleurs, même si certaines sont très belles. De gustibus et coloribus....

plumequivole a dit…

Calyste > Je suis vraiment désolée. La fatigue me fait trop souvent parler inconsidérément et être désagréable, et je devrais le savoir.Ne 'm en veux pas trop s'il te plaît.

Cornus a dit…

Quelques remarques :
- lors de notre visite de 2010, la guide avait bien parlé de la hauteur de cette nefnefs romanes normandes, qu'il avait (trop) tendance à dire que c'en était le sommet et sur place, on ne peut qu'admettre que c'est haut ;
- contrairement aux édifices gothiques, on ne trouve pas sur Ouiqui le hit parade des hauteurs sous nef des édifices romans, il faut rechercher parfois un peu plus ;
- cette question de hauteur est un des éléments qui me frappe le plus, entre bien d'autres choses et si j'y fais référence, c'est que c'est important pour moi (et d'ailleurs j'en parlais déjà à l'époque (http://cornusrexpopuli.canalblog.com/archives/2010/11/30/19749988.html). C'est idiot, mais l'émotion passe aussi par ça, je n'y puis rien.