jeudi 27 avril 2017

Juste avant l'hiver

Non, non, je n'ai pas tourné la carte : je sais que nous sommes au printemps (encore qu'avec le temps de ces jours-ci à Lyon, on pourrait en douter). J'ai simplement repris mon rythme un peu plus rapide de lecture avec ce roman acheté pour deux mots, en quatrième de couverture : Prague, 1969.

Encore une fois, auteur de moi inconnue : Françoise Henry. Un café sur les bords de la Vtlava (pour d'autres la Moldau), une patronne vieillissante qui épie son personnel, en particulier une serveuse slovaque, jeune et fraîche qui la fascine et l'horripile à la fois. L'invasion des chars russes et la fin du printemps de Prague. Un immense amour qui naît et finit tragiquement.

Les premières pages m'ont inquiété : écriture plate, "je" du narrateur (la patronne), phrases courtes, pas de saillies de langage. Pourtant, j'ai vite accroché parce que le ton de la narration est exactement celui qu'il fallait pour raconter cette histoire.

Parce qu'aussi, je me rappelais, au début des années soixante-dix, l'arrivée d'une amie tchèque et de sa famille que nous avions accueillies quand ils fuyaient leur pays, je me rappelais leur façon de décrire leur ville, évocation pleine de poésie et d'amour qui a provoqué en moi le désir du voyage, je me rappelais mon premier séjour là-bas, au début des années quatre-vingt dix, la joie que l'on croisait partout malgré le manque de nourriture, l'étrange ressemblance topographique de Prague avec Lyon, le soldat devant le palais présidentiel dansant avec une de mes amies, les dessins qu'avait faits une autre de mes amies et dont elle m'offrit certains plus tard, en particulier, devant l'église du Tyn, la place plongée dans le noir par une panne d'électricité et le violet profond du ciel ce soir-là.

Moments de grand bonheur loin de l'ambiance des années 60 présente dans le roman.
(Françoise Henry, Juste avant l'hiver. Ed. Grasset.)

4 commentaires:

plumequivole a dit…

Moi aussi j'ai conservé un souvenir ému de Prague, de la ville et surtout de ses habitants, de l'humour (très, très noir) qui les aidaient à supporter vaille que vaille la présence de l'armée soviétique (c'était en 69) et à surmonter la peur. Je lirais bien ce bouquin, ne serait-ce que pour comparer avec mes impressions. Enfin...quand j'y étais le printemps n'était plus qu'un beau souvenir et l'hiver était revenu sans transition !

Calyste a dit…

Plume : peut-être est-il encore en librairie (sorti en 2009).

plumequivole a dit…

Calyste > Mais j'ai mon super-libraire qui trouve tout ! :)

Calyste a dit…

Plume : heureuse femme !