J'avais pris l'habitude de le rencontrer presque chaque soir au retour de chez ma mère. Plusieurs années de silence d'abord, puis de timides bonjours, trois mots de plus parfois, et enfin de longs échanges. Échanges ou plutôt soliloques car il parlait beaucoup plus que moi.
Dans son garage, il réparait des vélos. Il en achetait plusieurs en fin de vie et, avec, en remontait un tout neuf, ou presque. Quelquefois, il retapait de très vieux modèles dont il m'expliquait chaque particularité avec un air de gourmandise qui me fascinait, et ce bien que le vélo n'ait jamais été une de mes passions. Il en avait même un avec le cerclage des roues en bois : magnifique même si sans doute un peu lourd.
Je me demandais bien quelle pouvait être la qualité de sa vie de famille, puisque le dimanche, il le passait aussi au garage. Il m'avait parlé une fois de sa femme et de sa fille. Je ne l'ai vu qu'une seule fois à l'extérieur, à vélo et avec sa fille justement, enfin je pense.
Et puis, à ma retraite et après la mort de ma mère, je l'ai moins vu : j'utilisais beaucoup moins ma voiture. Mais, pendant les travaux chez ma sœur, je me remis à la prendre. Le garage était toujours fermé. Bizarre ! L'autre jour, enfin, le portail était ouvert mais le garage absolument vide, à part trois pneus anti choc contre le mur du fond : plus de vélos, plus d'établi, plus d'étagères encombrées de produits mystérieux. A-t-il déménagé ? Sans doute. Pourtant, chaque fois que je passe, je jette un coup d’œil, comme s'il allait réapparaître.
lundi 3 avril 2017
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4 commentaires:
Mais c'était un homme assez jeune ?
C'est drôle ces vies que l'on croise à un moment et qui nous semblent presque familières et qui s'estompent ensuite parce que l'un ou l'autre change de trajectoire.
Entre quarante et cinquante, à vue de nez.
Donc très très jeune ! :-)
Cornus : un gamin !
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