lundi 17 avril 2017

Contingences

Pour que la photo précédente ait pu exister, il a fallu que :
- quelqu'un ait peint en noir le visage de Freud et en rouge son habit.
- que ma voiture soit arrêtée aux feux tricolores derrière deux ou trois autres.
- que je me trouve pile en face de cette statue.
- que j'aie mon appareil photo dans la voiture.
- qu'une jeune femme, elle aussi, habillée en rouge, attende le bus.
- que la lumière déclinante de fin d'après-midi se reflète juste à ce moment-là et pour quelques secondes contre le mur.
- que la jeune femme regarde à ce moment-là sur le côté.
- que j'aie le temps de retrouver mon appareil et d'appuyer sur le déclencheur avant que le feu ne passe au vert.
- que j'ose la faire malgré un personnage presque de face.
- que, malgré la rapidité de sa prise, elle ne soit pas floue.

Bref, elle aurait tout aussi bien pu ne pas exister.

3 commentaires:

Cornus a dit…

Oui, Calyste, une photo réussie, cela ne tient des fois pas à grand-chose. Mais en même temps, tu aurais pu te retrouver ailleurs dans de toutes autres circonstances et faire une toute autre photo qui aurait peu être intéressante ou vivre une autre aventure non photographique passionnante. Ou rien du tout. Ou cela aurait pu être pour le lendemain... Enfin, je ne parle pas de moi (pour la photo), je n'ai pas le même œil photographique. Cet après-midi, nous étions en visite (je ne dis pas où) et je m'aperçois que mes photos sont de plus en plus "construites", avec comme corollaire, de moins en moins de spontanéité.

CHROUM-BADABAN a dit…

Henri Cartier-Bresson était capable de faire comme tu l'as fait !
C'est ce qu'on appelle des "images à la sauvette" !

Calyste a dit…

Cornus : c'est bien pour ça, tout ce que tu dis, que je parle de contingences. Mais je suis toujours surpris quand je fais une photo à la va vite et qu'elle est réussie.

Chroum : en tout cas, la référence est flatteuse !