samedi 22 avril 2017

Big Brother et Tosca

Arte proposait l'autre soir la retransmission en direct de Tosca, l'opéra de Puccini, depuis le festival de Baden-Baden. Je l'avais écouté, il y a de nombreuses années, à l'opéra de Lyon, dans une mise en scène très, très classique qui m'avait valu un de mes plus beaux fous-rires : lorsque Scarpia menace de tuer l'amant de Tosca si elle ne se livre pas à lui, pour l'impressionner, il frappe des coups violents à la porte de la cellule de Caravadossi. Et le décor s'est mis alors à vaciller dangereusement, menaçant de tomber sur les interprètes, ce qui, bien évidemment, en fiche un coup au côté dramatique de la situation.

Que dire du spectacle de Baden-Baden ? Des voix impeccables et en harmonie entre elles, ce qui est, hélas, assez rare, un orchestre magistral (la Philarmonique de Berlin) et un chef d'orchestre inspiré. Que du bon donc, mais la mise en scène m'a laissé un peu perplexe : je n'ai rien contre une certaine modernisation (remarque qui porte aussi sur le physique plus crédible des divas interprétant les rôles d'amoureuses) mais que rajoute, par exemple, la présence sur scène d'ordinateurs allumés et d'écrans de surveillance ?

A l'entracte, la présentatrice, Annette Gerlach, a interviewé le metteur en scène qui a insisté sur le côté Big Brother du personnage de Scarpia, ce qui explique écrans et ordinateurs. Je veux bien, mais pourquoi chercher sans cesse un message caché dans toute œuvre du passé ? Le livret de cet opéra, pour une fois intelligent, et l'histoire bien ficelée se suffisent à eux-mêmes (j'avais justement oublié la modernité de cette intrigue). Il me semble à moi que Tosca, c'est avant tout une histoire d'amour et de jalousie, non ?

4 commentaires:

plumequivole a dit…

Pas regardé puisque je suis allergique à l'opéra italien, mais j'ai vu la présentation et je me suis dit : Ah encore un metteur en scène qui prend les anciens pour des bas du front. Ça m'énerve ! Mais ça m'énerve !

Cornus a dit…

Je n'ai jamais vu cet opéra en entier, mais plusieurs fois des bons passages. Moi aussi, ça m'agace les "modernisations" excessives au théâtre ou à l'opéra, ce qui ne signifie pas que l'on ne puisse pas transposer intelligemment (cela existe aussi, heureusement).

karagar a dit…

tiens je vais commenter ce post, étrange non?, comme dirait Desproges. Une phrase m'étonne : des voix en harmonie entre elles ce qui n'est pas si courant....
Je n'ai jamais entendu d'opéra de ma vie donc je ne peux juger, mais de quoi parles tu? De justesse? De timbre? tout cela n'est-il pas tellement codifié et réglé à l'avance qu'il reste peu de place pour ces dysharmonies?

Calyste a dit…

Plume : pas d'accord avec le début de ton commentaire, comme tu peux le penser, mais je signe la suite.

Cornus : oui, j'ai vu de superbes mises en scène modernisées mais qui ne faisaient pas dire n'importe quoi à l’œuvre.

Karagar : bien sûr qu'un rôle de ténor est tenu par un ténor, une soprano par une soprano, etc. Mais il y a des voix qui ne s'accordent pas entre elles : une voix "grinçante" ou froide au milieu de voix "douces" ou chaudes, une voix trop puissante qui écrasent les autres, que sais-je encore. Mais ce que je dis là est très personnel et chaque oreille st différente. Je connais de grandes voix de l'opéra, reconnues comme telles, que je ne supporte pas.