mardi 25 octobre 2016

Les châtaignes

Plume, sans le savoir, m'a replongé dans un monde de couleurs, d'odeurs, de douceurs de ciel comme seul l'automne peut en produire.

Nous habitions à la campagne, une campagne industrielle pourtant, marquée par les traces que l'on voit encore aujourd'hui de l'exploitation des mines de charbon. Mais, en face de chez nous, il y avait un petit bois, juste au-dessus du pré de ma grand-mère. Il appartenait à une vieille femme (en tout cas, c'est ainsi qu'elle m'apparaissait dans ma jeunesse), acariâtre et désagréable, dont la seule qualité était de ne pas vivre dans le hameau mais au village voisin.  Elle venait rarement visiter son bois mais, lorsqu'elle apparaissait, il valait mieux ne pas s'y trouver.

Car nous en profitions bien, de ce petit bois. Les jeudis et l'été pour se cacher : je me souviens d'un gros châtaignier au tronc énorme dont la fourche la plus basse était juste à la hauteur de mes possibilités d'escalade (ma mère, voyant mes difficultés à grimper, par rapport à mon frère qui montait comme un singe, m'a souvent dit, à l'époque, que j'avais le derrière plus lourd que la tête).
A l'automne, nous allions y cueillir des champignons (vignerons ou charbonniers ?) et surtout ramasser des châtaignes.

C'était à celui qui trouverait les plus grosses, mais moi, j'aimais aussi la beauté lisse des plus petites, cachées tout au fond de leur bogue. Parfois, il fallait brasser les feuilles rousses pour les découvrir enfouies. Et souvent, je m'arrêtais pour m'emplir le nez de l'odeur de l'humus et de la décomposition. Seuls les insectes que nous dérangions souvent m'inquiétaient un peu. J'aimais ces fins d'après-midi dehors, après l'école et les devoirs, où nous avions juste le temps d'en remplir un petit panier avant que la nuit tombe.

Ensuite, dans la cuisine, il fallait les fendre en prenant garde à ne pas se couper. Puis ma mère les préparait, directement sur les rondelles bouillantes du fourneau où quelques-une explosaient encore, soit dans un bol de lait froid. Parfois, une vieille tante, lorsqu'elle séjournait chez nous, en confectionnait un gâteau dans un moule en forme de couronne. A sa mort, la recette s'en est perdue mais je crois me souvenir qu'elle mélangeait la purée qu'elle en faisait à du chocolat noir fondu. J'essaierai peut-être un jour de refaire ce gâteau mais il n'aura jamais le goût de celui de ma tante.

6 commentaires:

karagar a dit…

ah les recettes perdues !

Calyste a dit…

karagar : il m'arrive d'en inventer, tout ça parce que je n'ai jamais rien réussi avec un livre de cuisine.

plumequivole a dit…

Ah tiens chez nous aussi c'était sur les rondelles du fourneau. Et la corvée du petit couteau pointu, aïe ! 2 fois sur 3 c'est mes doigts qui attrapaient ! Maintenant je me réserve le plaisir de la récolte et je distribue, comme ça pas de souci !
J'ai tenté une fois un gâteau aux châtaignes, c'était un véritable étouffe-chrétien. Pas terrible.

Calyste a dit…

Plume : celui de ma vieille tante était excellent, enfin dans mon souvenir. Je vais tout de même essayer. Pour les doigts, idem toi.

Cornus a dit…

Moi aussi, j'ai des souvenirs émus à propos des châtaignes. J'en parlerai.

Calyste a dit…

Cornus : j'espère bien, d'autant que nos châtaigniers n'étaient pas si éloignés.