Je connais mon kiné depuis bientôt 40 ans. D'origine italienne, de la région de Florence, il n'a pourtant ni la grâce ni l'élégance de beaucoup de ses compatriotes de la botte, particulièrement de la Toscane. Petit, roux et un peu enrobé, il n'a rien pour exciter le désir, et c'est tant mieux car je n'ai pas avec lui de ces mauvaises pensées qui pourraient apparaître lorsqu'il me malaxe le corps.
De plus, il est un peu soupe au lait. Je le connais si bien qu'en entrant dans son cabinet, je peux déceler sans tarder son humeur du jour. Rien ne l'énerve davantage, par exemple, que le retard d'un patient ou un rendez-vous qui ne vient pas sans avoir la politesse de prévenir.
Pourtant, je lui suis fidèle depuis toute ces années. Parce qu'il est intelligent et que nous avons, durant la séance, des conversations intéressantes. Je crois que ce qui lui plaît surtout chez moi, c'est que j'ai été professeur de latin. Il éprouve une passion débordante pour tout ce qui touche aux Romains de l'Antiquité. César, particulièrement, n'a aucun secret pour lui.C'est aussi un grand amateur de westerns et cela ne peut que nous rapprocher.
Comme il a toujours plusieurs patients à la fois, dans des salles différentes bien sûr, il m'arrive d'entendre la conversation d'à côté. Et c'est là que je le plains : comme les coiffeurs, il est obligé de suivre les centres d'intérêt de celui qu'il est en train de soigner, et ce n'est pas toujours de la tarte. D'ailleurs, quand il revient vers moi, il a souvent une mine excédée qu'il laisse apparaître alors. Et, immédiatement, il embraye sur ses sujets de prédilection. Je l'aime bien, moi, mon kiné bougon... et compétent !
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8 commentaires:
Quarante ans de kiné. Donc, tu l'as connu jeune ou alors il a largement l'âge de faire sa première communion :-)
Dire que je n'ai mis les pieds chez un kiné qu'au mois d'octobre dernier, je mesure ma chance (d'un autre côté, on aurait sans doute dû me prescrire des séances avant).
Bah Cornus t'es battu, moi j'ai fait connaissance avec ma douce kiné il y a seulement 6 ans pour essayer de remettre en ordre de marche mon petit poignet tout cassé. J'ai adoré. Faut dire que malgré les morceaux mal ajustés je n'avais pas mal du tout. J'ai même demandé du rab tellement c'était agréable. Faudrait peut-être que je me décide à avoir mal au dos. Non, je rigole, et je mesure ma chance.
Alors là, permets moi de m'insurger contre ce jugement inique et non moins oblong et j'espère non destiné à la récurrence !
C'est nous les pauvres clients qui subissons la conversation des coiffeurs. In-su-port-able !
je confirme ce que dit Karagar : des fois on a envie de leur dire aux coiffeurs "non mais tais-toi et coiffe-moi tu vas me rater, tu n'es pas attentive, là !"
J'ai réduit ces contacts à leur plus simple expression: pas de coiffeur, pas de kiné...
Cornus : il est à peine plus vieux que moi.
Plume : Profite. Moi, j'ai toujours eu des pb de dos.
karagar : c'est pour ça que j'en ai changé pour une femme qui parle d'autre chose que de football et de moto !
Paki : la mienne parle, est très agréable et ne me rate pas. Enfin, à mon avis.
RPH : tu es chauve et d'acier ?
Pour le coiffeur, je me tonds moi-même. Pour le kiné, tout va bien. J'ai suivi des cours de manutention jadis et je m'y tiens pour porter et soulever...
RPH : heureux homme !
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