D'abord, on pense aux bagarres de gamins de La guerre des boutons, puis à celles des lavandières de Gervaise, puis au Facteur dans son île de soleil, apportant son courrier à Neruda, puis à un roman d'Elsa Morante, L'Ile d'Arturo, lu autrefois. Et puis on ne pense plus à rien: on regarde, on est dans le film, on en sent le soleil. J'avais hésité à acheter le DVD, renoncé d'abord puis cédé ensuite. Hier, il passait sur Arte, en version française malheureusement.
Dans l'île de Lampedusa, au sud de la Sicile, celle aujourd'hui où accostent nombre de candidats clandestins à l'immersion européenne, une jeune mère de famille étouffe au milieu des conventions et du code de vie dictés par sa belle-mère et les familles du village. Seuls ses trois enfants la suivent sur le chemin de l'évolution: Pascale et Marinella, les grands, et Filippo, le petit dernier. Son mari, bien que profondément amoureux d'elle, va finir par accepter ce qu'on lui conseille: exiler quelques mois sa femme dans un asile à Milan, où on la soignera de ses lubies. Avec l'aide de Pascale, elle s'enfuit et se cache dans une grotte de la falaise. On la croit morte.
C'est un film qui m'a enchanté, au sens propre. Emanuele Crialese est aussi à l'aise avec les scènes réalistes dans la tradition du cinéma italien de la grande époque (le retour de la pêche, les hommes réunis de leur côté pendant que les femmes restent entre elles, la misère au soleil, la joie de vivre et la solidarité, les courses en vespa) que dans des moments de poésie pure, en particulier ceux filmés dans l'eau, ces ballets aquatiques d'hommes et de femmes qui marchent, celui des retrouvailles de Grazia et de son mari Pietro autour de qui s'agglutinent tous les autres nageurs, formant ainsi une sorte de nouvel être, communautaire et tendre.
Jusqu'à la musique qui n'est pas là où on l'attendait: rien des tarentelles et des airs de mandoline, quelque chose de plus intimiste, à la fois apaisant et angoissant, en totale harmonie avec le sujet. On est dans ce film bien loin des clichés sur ces îles de la Méditerranée. C'est, je crois, un des plus beaux films d'amour que j'aie vu à ce jour.
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2 commentaires:
On l'avait repéré sur le programme, et puis on l'a raté !
Bon, nous allons y remédier, d'urgence ...
Ça vaut le coût, effectivement, Lancelot. Foi de Calyste!
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