Le froid s'étant radouci cet après-midi, j'ai voulu marcher un peu, histoire de prendre l'air et éventuellement de faire deux ou trois photos. Descente jusqu'au Rhône dans la grisaille. Les étals de livres d'occasion ne sont pas là, ce n'est pas le bon dimanche. Quelques promeneurs sur les bas-ports, ceux qui, comme moi, ont délaissé les magasins ouverts avant Noël. Des papas avec poussette et bébé dedans, des couples âgés qui n'ont pas peur d'aller à pied. Quelques ados sous leur capuche, pressés de rentrer au chaud.
Je bifurque jusqu'à l'Immaculée Conception. C'est l'époque des crèches , il y en a parfois de très belles. L'église est ouverte mais obscure, seule la chapelle où la crèche est installée est illuminée. Les personnages ne sont pas beaux, trop (et mal) stylisés. Seules les Rois Mages (déjà présents ?) méritent un peu d'intérêt.
Je me retrouve dans mon quartier d'autrefois et, pour rentrer, coupe par la place Guichard. Elle aussi est vide ou presque. Pas de skateurs, personne sur les bancs. Près de la bourse, la petite bibliothèque de rue n'a rien à proposer. Sauf un petit livre de poche que j'aperçois. : Le dernier Jour d'un condamné, de Victor Hugo. Étrange hasard : l'idée m'était venue, ces jours-ci, de le lire. Je l'emporte.
A la porte de la MJC des Rancy, un grand sac de supermarché sur le trottoir. On dirait des livres reliés à l'ancienne. Je pense à l'édition Hetzel des romans de Jules Verne. Mais non, ce sont six albums de timbres, abandonnés là par qui ? Ils sont remplis de timbres du monde entier mais ont souffert de l'humidité. Probablement plus de l'habitat dont on les a tirés que du temps extérieur.
Cette découverte me touche et me met en rogne : qui s'est ainsi débarrassé de ces albums qu'un homme avait mis des années à constituer, auxquels il tenait certainement et qui, à sa mort, se sont retrouvés à la rue, comme de quelconques détritus ? Que feront mes neveu et nièce de mes collections, de mes livres après ma propre disparition ?
Je les ai rapportés chez moi avec la joie de qui a découvert le Graal. Je les ai feuilletés sur ma table de cuisine, dans l'odeur de moisi qui s'en dégageait. Certains timbres, les plus nombreux, sont intacts. D'autres sans doute irrécupérables. J'en ai reconnu que je connais déjà et que, lorsque j'étais au lycée, j'avais récupérés dans les poubelles à papier de la Grand Poste. Je me suis revu à cette époque, émerveillé par ce que j'y découvrais : des Mariannes, des reproductions d’œuvres d'art, des bustes de personnages politiques ou littéraires, et surtout des monuments de France ou d'alleurs que je ne connaissais pas encore, qui m'intriguaient ou m'enthousiasmaient et qui m'ont sans aucun doute donné l'amour du voyage.
Bientôt, je les retirerai de leur étui trop abîmé et les rangerai avec les miens, en ayant l'impression de rendre hommage à leur propriétaire disparu. Que je ne connaîtrai jamais. Une sorte de passage de relais....
dimanche 16 décembre 2018
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2 commentaires:
Intéressant. Personnellement, je n'ai jamais été fan de timbres. L'idée de reprendre une collection d'un autre, je la trouve à la fois amusante et émouvante.
Cornus : maintenant, il va falloir que je me repenche sur ma collection, pas touchée depuis des années. Mais j'ai le temps maintenant.
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