The Tender Land. Une collègue m'a proposé des places peu chères pour assister hier soir à la générale de cet opéra au Théâtre de la Renaissance à Oullins. Retour aux sources géographiques puisque j'avais déjà vu dans ce même théâtre il y a sans doute une trentaine d'années, une pièce de Shakespeare, Richard III je crois, et surtout parce que c'est dans cette ville de la banlieue sud-ouest de Lyon que j'ai donné mon premier cours, en 1976. J'ai toujours aimé cette grosse bourgade populaire rangée autour de sa rue principale où chaque année, à l'automne, se tient une importante braderie.
The Tender Land est un opéra de Aaron Copland, datant de 1953 et inspiré par un livre de Walker Evans et William Agee, Louons maintenant les grands hommes. Il raconte la vie tranquille, bien que pauvre, et sans histoires (sans Histoire?) d'une famille de fermiers en Alabama dans les années trente. Le grand père, Grandpa Moss, et la mère, Ma Moss, travaillent dur pour élever deux filles, Laurie l'ainée et Beth la cadette. Laurie sera bientôt la première de la famille à obtenir un diplôme scolaire, ce qui fait la joie et la fierté de tous. Arrivent dans le village deux étrangers que, malgré quelques réticences, le grand-père embauche pour les moissons. Deux jeunes hommes aux bras costauds et à la force de travail bien supérieure à celle du vieillard. Ma, pourtant, se méfie: qui sont-ils? Ne s'agirait-il pas de ces deux voyous qui, dans un village voisin, ont abandonné une jeune fille après l'avoir séduite? Elle ne les aime pas, même après avoir appris que les deux coupables ont été arrêtés. Entre Laurie et Martin, l'un des eux journaliers, se tisse peu à peu et malgré eux, un sentiment profond qu'ils finiront tous deux par reconnaître comme de l'amour. Le grand-père, à qui la mère a fait part de son trouble, surveille les jeunes gens et finit par surprendre Martin et Laurie en train de s'embrasser. Il décide de chasser les deux garçons mais Laurie veut les suivre sur les routes, malgré sa famille, malgré l'échéance du lendemain où elle devrait se voir décerner son diplôme. Martin consent à ce qu'elle les accompagne mais son ami Top lui dresse un tableau si terriblement réaliste de ce qui les attend sur les routes, la misère, la faim, l'insécurité permanente, qu'ils finissent par s'enfuir tous les deux sans emmener avec eux la jeune fille qui, le matin, découvrira leur fuite et, après un moment de profond désespoir, prendra elle-même la route, seule.
On m'avait parlé d'un univers pictural à la Hopper, ce qui m'avait fortement attiré, mais ce ne fut pas le cas. Belle mise en scène alternant les parties jouées par des acteurs/chanteurs et celles où des marionnettes sont manipulées par ces mêmes acteurs devant une caméra qui renvoie leur image agrandie sur un voile blanc au sommet duquel défilait un surtitrage (le texte est en anglais). Très belles voix, de moi inconnues, des chanteurs du Nouveau Studio de l'Opéra de Lyon. Bonne prestation de l'Orchestre et des Chœurs de l'Opéra de Lyon.
Moi, c'est à Steinbeck que j'ai pensé sans cesse, à l'univers de pauvreté des Raisins de la Colère, à l'amitié des deux hommes, si proche de celle qui unit George et Lennie des Souris et des hommes, à cette Amérique profonde et misérable de la première moitié du siècle dernier. Tout bien alors? Oui, tout bien, sauf la musique et le rythme de l'action. J'ai personnellement trouvé, mais, en comparant les avis, je ne semble pas être le seul, que les scènes de tendresse et de déclaration amoureuse de la fin sont extrêmement longues et répétitives, que la musique à un côté intéressant: celui du mélange des genres, de la mélodie de film aux airs de la comédie musicale ( à un moment, West Side Story n'est pas loin!), du jazz au envolées lyriques, mais qu'elle est parfois ennuyeuse, répétitive elle aussi, et se traîne sans grand intérêt pendant de trop longues minutes.
Bonne soirée tout de même dont, je le répète, je retiendrai principalement la mise en scène de Jean Lacornerie.
mardi 2 mars 2010
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2 commentaires:
Oullins, bien sûr, mais je ne me souviens plus très bien à quoi ça ressemble...
Jean Lacornerie ? Sans doute un cousin ! ;-)
Ça ne ressemble pas à grand chose, Cornus, mais j'aime bien.
Un cousin? J'en mettrais ma corne à couper!
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