lundi 7 octobre 2013

Des choses simples

C'est aussi simple que cela. On signe quelques papiers, on emporte l'urne avec soi (il y avait si longtemps que je n'avais pas serré mon frère dans mes bras), on la cale à l'arrière de la voiture pour qu'elle ne se renverse pas. En arrivant au cimetière, on constate encore que lorsqu'il fait froid, il y fait plus froid qu'ailleurs. Dans l'urne, on récupère quelques cendres qui iront à la campagne, il le voulait. L'un et l'autre, nous tenons à les effleurer, sans nous l'être dit, sans l'avoir prémédité. Avant que l'employé de la mairie n'arrive, Sylvie est transie. Elle est remontée dans la voiture. La place au columbarium est déjà ouverte. Pas de numéro, pas de nom pour l'instant, rien. L'employé est un brave homme qui ne prend pas la tête de circonstance. Je voudrais l'en remercier mais je lui parle des gens du village. Il me dit son travail, sans plainte, sans passion non plus. Devant nous, il referme le réceptacle et nous remontons la forte pente en direction du parking. Il faut encore aller commander l'inscription. Au retour, Sylvie me parle, beaucoup, comme elle ne m'avait jamais parlé. Dehors, le ciel est gris.

dimanche 6 octobre 2013

Momentini

- J'ai réessayé de téléphoner à la mère d'élève qui m'avait proposé un travail de correction de manuscrits. Toujours le répondeur avec une voix d'homme. Le collège m'a donné le nouveau numéro de portable de la dame, à qui j'ai laissé un message vocal. Pas de nouvelles depuis. Est-elle en ce moment dans son lointain Brésil d'origine ? A-t-elle changé d'avis ? Dans ce cas, la politesse voudrait qu'elle me le fasse savoir. Je ne comprends pas.

- La mairie du village où nous avons passé notre enfance a enfin accepté d'octroyer une place au columbarium pour déposer les cendres de mon frère, et ce bien que plus un membre de la famille ne réside sur le territoire de cette commune. Ce sera fait demain matin, en compagnie de ma belle-sœur. Leur acceptation a été un grand bonheur pour elle puisque c'était les dernières volontés de mon frère de reposer là-bas.

- On me demande fréquemment si j'ai bien pris le rythme de ma retraite. Je n'ai aucun rythme en ce moment. Peut-être est-ce justement cela, le rythme de la retraite ? Mais moi, je sais que ça ne saurait me satisfaire longtemps.

- Un ami vient de me téléphoner de l'aéroport de Satolas (Saint-Exupéry aujourd'hui) : il partait pour la Belgique où il espère trouver un emploi à Bruxelles. Si ça marche, belle occasion de visiter ce pays que je ne connais pas et d'en profiter pour m'arrêter chez quelques amis au passage (suivez mon regard !).

- Je me rends compte que, depuis assez longtemps, je n'écoute plus de musique chez moi. En revanche, je dévore les livres. Il faudra revoir ça.

- Un mal fou, l'autre jour, à trouver dans une librairie un livre qui puisse m'intéresser. Introspections sentimentales, 11 septembre, recherche du père, guerre de ci ou de là : j'en suis lassé. Alors, j'en suis revenu aux classiques, un Steinbeck que je ne connais pas: Les Naufragés de l'autocar, et puis un japonais bien sûr.

samedi 5 octobre 2013

De l'inutile et du désagréable

Tiens, un truc qui m'énerve ! (Comme je n'ai plus ma directrice pour ça, il faut bien que je trouve autre chose !). Pour moi, un livre, c'est un objet de valeur, pas sacré mais presque, auquel je tiens même si c'est une édition bon marché (encore que je me demande si ça existe encore !). J'ai par exemple horreur, si je le prête, qu'on me le rende sali ou écorné. Heureusement, ceux qui ont droit au prêt sont aussi attentifs que moi à ne pas abîmer.

On pourrait attendre, pour le moins, la même chose des libraires. A moins que ce ne soit que de vulgaires marchands de livres, comme j'en connais. Eh bien cette profession n'hésite pas à coller sur la quatrième de couverture une petite étiquette avec le prix et/ou le code barre. Ce qui a le double désavantage de vous empêcher de lire l'ensemble du texte de présentation et de vous faire perdre du temps à vouloir enlever proprement cet autocollant (oui, je n'aime pas le laisser à me rappeler sans cesse combien j'ai dépensé). D'autant plus que le prix indiqué très souvent directement sur la couverture est le même que celui de l'étiquette, qui, parfois, laisse des traces quasiment indélébiles.
Mais bon, je vous l'accorde, il y a pire dans la vie.

vendredi 4 octobre 2013

Encore là

Jeudi 4 octobre 2007, je me lançais, ne sachant trop où j'allais mais avec l'envie, le besoin féroce, vital, d'écrire. Aujourd'hui, après 3649 billets, j'ai toujours cette même envie, ce même besoin, même si l'un et l'autre sont un peu apaisés par les années passées. Certains sont venus là quelque temps, d'autres y sont restés jusqu'à ce jour, depuis le début. Et cette fidélité me touche car je ne la comprends pas totalement. A travers vos commentaires, j'ai vu se dessiner des silhouettes que j'ai appris à aimer et qui font aujourd'hui partie de ma vie au même titre que mes amis bien en chair et en os. Certains soirs, l'envie n'était pas là et puis, très vite, elle revenait, parfois pour un rien, un instant de vie qui échappait ainsi à mon oubli.
Six ans, bientôt l'âge de raison... Merci à tous.

jeudi 3 octobre 2013

Retour au col des Echarmeaux

Se lever tôt. Partir et, à la sortie de Lyon, entrer dans une brume épaisse. "Nous n'en n'aurons pas là-haut." dis-je à un Jean-Claude trop pessimiste. Et, là-haut, il n'y en avait pas. J'aime cette vallée de l'Azergues, peut-être parce que je ne la vois qu'en automne, ces châteaux, ses forêts, ses quelques églises romanes qui annoncent déjà les autres, de l'autre côté du col, dans le Brionnais. Les volets du vieil Hôtel des Nations, que j'ai toujours vus fermés, sont ouverts aujourd'hui. La bâtisse, vrai décor de film fantastique, reprend-elle vie ?

L'odeur d'humus des sous-bois, encore quelques fleurs sylvestres dont je ne connais pas les noms, la pourriture des arbres abattus, les fougères immenses, les gros rochers moussus, les oiseaux jacasseurs : j'ai tout retrouvé ce matin. Et des champignons, beaux, élégants, humbles ou prétentieux, si beaux que j'ai oublié de les photographier. Nous avons principalement cueilli des chanterelles grises et des bolets, une bonne vingtaine, de belles dimensions.

Repas dans notre auberge habituelle, où l'on nous reconnaît bien que nous n'y venions qu'à cette époque de l'année. Nouvelle cueillette l'après-midi, où je suis tombé sur trois insectes agressifs (guêpes ?), dont l'un m'a piqué à l'intérieur de la narine droite.  Mais la douleur très vive, que je ressens encore un peu ce soir, n'a pas réussi à gâcher la fête que représente pour moi cette sortie rituelle pas plus que le goût divin de l'omelette aux cèpes de ce soir.  Bientôt, nous y retournerons.

mercredi 2 octobre 2013

Momentini

- " Si vous saviez !", c'est ce qu'a répondu une de mes amies au serveur d'un restaurant qui lui demandait ce qui lui ferait plaisir.

- Enfin des nouvelles de mes dossiers retraite complémentaire : on les a bien reçus et on les étudie. Il serait temps : l'un a été envoyé fin février. Mais de versements sur mon compte, pas l'ombre d'un soupçon !

- Demain, c'est champignons !

-  Je viens d'apprendre à la radio que le mot "barricades" venait de "barriques", ces dernières étant autrefois remplies de terre pour bloquer les rues.

- A l'instant, je rajoute un nouveau libellé à ma liste : "retraite". Gageons qu'il va bien vite remplacer "école".

mardi 1 octobre 2013

Amour maternel

Une charmante jeune fille traverse la chaussée, poussant devant elle ce que l'on appelait autrefois un landau ( mais comment cela s'appelle-t-il aujourd'hui ?). J'arrête ma voiture suffisamment loin d'elle pour qu'elle n'ait aucune crainte. Elle sourit, d'un sourire radieux, splendide. Comme elle semble heureuse d'être mère, comme il lui plaît de contempler son bébé ! J'en suis touché, vraiment.

Mais que regarde-t-elle au juste ? Alors qu'elle s'approche, je me rends compte que ses yeux portent plus haut, dans le vide, dirait-on. Et je remarque alors les fils qui lui pendent des deux oreilles et le petit micro attaché au bout.

Sait-elle seulement où elle est ? Elle ne m'a même pas vu. Elle a oublié la poussette et le bébé, la rue, les voitures. Elle sourit à son téléphone.