dimanche 3 août 2008

Momentini.

- Plaisir de la serviette rêche au sortir de la douche. Impression de recevoir une nouvelle peau.

- Pépites: le mot à la mode en ce moment chez les journalistes de France-Inter.

- Voulu utiliser ce matin un échantillon, donné à la parfumerie, de crème anti-dessèchement: il était...sec.

- Après l'ébéniste, le coffreur-poète:

De quoi chanter sur l'air de la Grande Duchesse de Gerolstein:
J'aime les prolétaires,
J'aime les prolétaires...

samedi 2 août 2008

Fainéantise.

Repos encore et toujours.

Ce matin, tour du lac de Miribel: un temps idéal avec le soleil bien chaud sur la tête et la terre et les bois encore frais des orages d'hier. Descendu ensuite sur la plage et pris mon livre après m'être plongé dans l'eau, chaude au bord mais vite froide à quelques mètres au large. Je me suis rapidement endormi tellement j'étais bien.

Cet après-midi, après la sieste et quelques courses (échange toujours aussi agréable avec le caissier étudiant de géographie), reparti à la clinique Jeanne d'Arc pour photographier le fameux escalier. Petit tour dans le quartier avec l'appareil photos.


Et ce soir, J. vient de m'appeler.

Une bonne journée encore, en somme.

Rémusat.

Barbara est revenue aujourd'hui. Non, pas de tristesse, pas de nostalgie. Les larmes sont de plaisir, de la joie de sentir que je l'aime toujours autant, qu'elle fait partie de moi maintenant.

Vous ne m'avez pas quittée
Le jour où vous êtes partie
Vous êtes à mes côtés
Depuis que vous êtes partie
Et pas un jour ne se passe
Pas une heure en vérité
Au fil du temps qui passe
Où vous n'êtes à mes côtés

Moi j'ai quitté Rémusat
Depuis que vous êtes partie
C'était triste Rémusat
Depuis que vous n'étiez plus là
Et j'ai repris ma valise
Mes lunettes et mes chansons
Et j'ai refermé la porte
En murmurant votre nom

Sans bottines, sans pèlerine
Mais avec un chagrin d'enfant
Je suis restée orpheline
Que c'est bête à quarante ans
C'est drôle: jamais l'on ne pense
Qu'au-dessus de dix-huit ans
On peut être orpheline
En n'étant plus une enfant....


Rémusat (A ma mère). Barbara.

Et puis il y a l'accordéon de Roland Romanelli.

The fool outlaw

Je répare aujourd'hui l'oubli d'un anniversaire à souhaiter absolument.

Le 27 juillet 1982, Robert Badinter, alors ministre de la justice, propose à l'Assemblée Nationale de voter une loi dépénalisant l'homosexualité. Ce qui sera fait: de ce jour, l'homosexualité n'est plus un délit après l'abrogation de l'article 332-1 du code pénal.
En 1991, l'homosexualité sera aussi retirée de la liste des maladies mentales de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Ainsi donc, j'ai vécu trente ans de ma vie en hors-la-loi, en "outlaw" dont la tête aurait pu être mise à prix, comme dans les bons vieux westerns, et 39 ans profondément atteint dans mon psychisme, limite "Vol au-dessus d'un nid de coucous".
Comment s'appelle le plus con des Daltons? Je crois que c'est le plus grand. Averel, non? Je préfère en rire.

Ça fait tout de même du bien de savoir que les législateurs et les médecins s'étaient trompés. Alors, je n'ai rien? Pas même un petit...? Non, vous êtes sûr? Ah! Merci, Docteur. Pour un peu, je vous embrasserai! Non? Bon, alors non. Mais le coeur y était. Vous me permettrez juste de ne pas dire merci.

vendredi 1 août 2008

Un petit tour et puis s'en vont.

Vous les avez sans doute oubliés. Pas moi.

De quoi est-ce que je parle? Des lions et des ours, bien entendu. Comme prévu, les votes ont été clos hier soir, dernier jour de juillet. Nombre de votants: 5, moi compris. Un succès inespéré donc! Et qui m'a demandé des heures de calcul pour arriver au score final.

Récapitulons:
- Olivier a voté pour: lion 12 et ours 25.
- Fabrice a voté pour: lion 19 et ours 26.
- Anna a voté pour: lion 17 et ours 01.
- Gonzo a voté pour: lion 25 et ours 12.
- J'ai voté pour: lion 09 et ours 12.

L'ours 12, obtenant deux voix, est donc le vainqueur de sa catégorie.
Aucune majorité ne se dessinant pour les lions, j'applique le règlement tel que je l'avais présenté, à savoir qu'en cas d'égalité, ma voix compterait double. C'est donc le lion 09 qui l'emporte.

Un petit mot pour expliquer mon vote. Si la beauté de l'ours 12 est immédiatement tangible, ce qui m'a fait choisir le lion 09 est moins évident. Disons que, pour l'ours comme pour le lion, j'ai voté pour ceux qui m'avaient fait la plus forte impression d'emblée, en arrivant près d'eux. Ainsi le lion de fil de fer, alliant la sculpture et la forme du dessin, de l'écriture calligraphique même, en se matérialisant sur la feuille blanche, m'a plu par l'idée exprimée par son créateur qui n'a pas joué sur les couleurs ou l'ajout de personnages secondaires, mais sur la ligne épurée.

Merci à ceux qui se sont prêtés à cette petite fantaisie. Et, pour rafraîchir les idées, voici, pour un dernier tour d'honneur, les illustres vainqueurs du jour.







Symposium.

Un mot qui me plaît, plus par ce qu'il m'évoque que par sa sonorité: le symposium.

Aujourd'hui synonyme de congrès, de réunion de spécialistes sur un sujet précis, il a, dans la langue grecque antique, un sens beaucoup plus festif et convivial. Le "sumposion", en grec ancien (désolé, je ne sais toujours pas où l'on peut trouver l'alphabet grec sur internet), désigne le banquet, puis par extansion les convives invités à ce repas et enfin la salle où il se déroule.

Sur la même racine existe la "sumposia", l'action de boire ensemble, mot que l'on pourrait créer en français: la symposie, et le verbe "sumposiarchéo": être président d'un banquet. .En fançais, cela pourrait donner un "symposiarche".

Moi cela m'évoque d'abord le magnifique sarcophane étrusque exposé à la Villa Giulia, à Rome, oeuvre splendide de terre cuite représentant deux époux couchés au lit de banquet, serrés l'un contre l'autre, heureux, égaux devant le plaisir et réunis pour toujours devant la mort. C'est beau à se mettre à genoux, la pose, les visages, les sandales de fines lanières de la femme, la fragilité de ce chef-d'oeuvre dont le moindre miracle n'est pas qu'il nous soit arrivé intact.

Cela m'évoque aussi les fresques des tombes grecques de Paestum, visibles au musée de ce site, particulièrement la plus émouvante: la Tombe du Plongeur. Ses quatre côtés et son couvercle sont entièrement peints de cinq fresques à même les plaques de calcaire régional. Particulièrement remarquables sont le couvercle et l'un des deux longs côtés.

Le couvercle , d'où la tombe tire son nom, représente un plongeur nu qui, du haut de colonnes, se jette dans la mer, encadré par deux arbustes qui délimitent la scène. Ainsi a-t-on voulu symbolisé la fin de la vie terrestre et le passage vers l'au-delà.

Un des grands côtés montre une scène de banquet particulièrement émouvante pour moi. Les scènes de ce genre sont fréquentes dans les tombes étrusques de Tarquinia ou de Cerveteri, mais celle-ci, datée d'environ 480 av. J-C., me touche plus que tout autre. Par la finesse des traits et la douceur des coloris d'abord, mais surtout par la façon dont le sujet est traité et totalement renouvelé.

Trois hommes jouent au kottabos, jeu après boire qui consistait à lancer le liquide restant au fond de sa coupe sur un objectif précis sans en perdre une goutte. Ce jeu est probablement issu d'une tradition qui voulait que, pour honorer un ami et l'associer à ses plaisirs, on jetât à terre une partie de son vin. Ensuite, cette coutume prit un caractère nettement plus érotique, le buveur désignant ainsi dans l'assemblée celui dont il désirait obtenir les faveurs.

Près d'eux, étendus sur un lit commun, deux amants se regardent tendrement. L'aîné, la bouche sensuellement entrouverte sur un soupir de désir, caresse doucement la nuque du plus jeune qui, de la main, lui effleure la poitrine et semble fasciné par le regard d'amour de l'adulte. Cette scène dégage une telle puissance, une telle aura de volupté qu'un des joueurs a abandonné le jeu pour les observer, à la fois interrogatif et envieux. Cette scène date de vingt-six siècles. Elle nous parle toujours, elle m'émeut toujours.

Voilà ce qu'évoque pour moi le mot "symposium". Pas un rassemblement de cadres dynamiques en costume noir, la mine sinistre, multiples crocodiles dans le même marigot, mais un banquet d'hommes demi-nus, partageant leurs plaisirs et leur amour pour un festin d'éternité.

Farniente.

Il pleut. Gros orages depuis ce matin tôt. Cela ne m'a pas empêché de dormir comme un loir. Heureux. Il me semble qu'hier, pendant mon anesthésie, j'ai rêvé. Est-ce possible? C'est en tout cas l'impression que j'ai eue en me réveillant.

Ce matin, farniente. Cuisson de quelques légumes, carottes et haricots verts, regard ici pour voir si je n'avais pas de messages. Des draps propres au lit et une envie de ménage dans l'appartement. Envie pas encore satisfaite après une bonne longue sieste d'où m'a sorti le coup de fil de Raphaël, ce garçon rencontré à Miribel qui est infirmier et me demandait des nouvelles d'hier. Il y a quelques jours, nous nous étions donné rendez-vous en ville, dans mon ancien (et son ancien) quartier pour boire un verre. Encore une fois, j'ai pu apprécier à la fois son humour, son bon sens et sa finesse de pensée.

Depuis combien de temps n'avais-je pas profité d'un si long repos? Mon dernier souvenir remonte à Bons, à l'été de la canicule, où je lisais La Montagne de l'Âme, du chinois Gao Xingjian qui avait eu le prix Nobel en 2000. Livre que je n'aurais sans doute pas lu entièrement s'il avait fait moins chaud, tellement il est ennuyeux. Je m'installais tous les après-midi sur un petit canapé transformable dans le salon, un canapé trop petit pour mes 1m83 mais où je me sentais bien. C'est mon dernier souvenir de repos.

Et cette année, je retrouve cette superbe sensation de sentir son corps se recharger pendant que l'esprit, enfin, arrive à faire le vide. Je n'ai même pas envie de bouger d'ici, tellement je suis bien. Ne rien faire, ou presque, ne me coûte pas, et je n'en éprouve même pas de mauvaise conscience. Même la pluie n'arrive pas à me démoraliser, c'est dire!