lundi 28 juin 2021

Amours transalpines (2)

Tout à l'heure, un vol d'hirondelles rasant les façades, tournant bas, énervées dans l'attente de la prochaine pluie, le prochain orage sur Lyon, lançant en chœur des piaillements aigus avant de s'éloigner pour un concert plus lointain.  

Un jour de printemps ou de début d'été, au Pincio où j'étais monté comme chaque fois après mon pèlerinage à Santa-Maria del Popolo, devant les deux Caravage de la chapelle Cerasi, le Pinturicchio de celle des Della Rovere et le tombeau hallucinant de l'architecte Giovanni Battista Gisleni. Accoudé à la rambarde qui domine l'obélisque, je rêvais aux monuments de Rome, cent fois visités et toujours irréels dans l'enchevêtrement des toits d'où émergeaient pourtant l'odieux monument à Victor-Emmanuel II, près des Forums, et, du côté du Tibre invisible la coupole de Saint-Pierre. 

Perdu dans mes pensées bercées par une musicienne des rues (était-ce du violon ou du violoncelle ? Le fait que je m'en souvienne me fait préférer le violoncelle, dont elle jouait admirablement.), je n'eus pas conscience immédiatement (j’étais trop loin pour entendre les cris) de l'ondoiement gracieux qui s'était déployé dans le ciel au-dessus du Vatican : des milliers de petits "saints-esprits" dont le mouvement évoquait davantage pour moi la danse plus païenne de Salomé qui devait amener Jean-Baptiste à la mort. Hérode Antipas eut-il été subjugué comme moi par leur gracieux ballet dans le ciel romain ? Je quittai à regret la musique et la danse pour l'escalier de la Trinité des Monts où s'installait, en hiver, la crèche des bergers des Abruzzes. 

Peinture figurant trois hommes redressant le pied d'une croix en bois sur laquelle un homme âgé, barbu et presque entièrement nu, est cloué. L'arrière-plan est sombre.
Le crucifiement de Saint Pierre, Caravage. Chapelle Cerasi, Santa-Maria-del-Popolo
Peinture d'un homme tombé de cheval, les bras grands ouverts vers les cieux. Son serviteur tient le mors du cheval. L'arrière-plan est sombre.
La conversion de Saint Paul, Caravage, Chapelle Cerasi, Santa-Maria-del-Popolo

Basilique Sainte Marie du Peuple | Rome-Roma
L'adoration de l'Enfant avec Saint Jérôme, Pinturicchio, chapelle della Rovere, Santa-Maria-del-Popolo
Tombeau de Giovanni Battista Gisleni (partie inférieure)

Une vue de Rome depuis le Pincio

6 commentaires:

karagar a dit…

hirondelles ou martinets?

Calyste a dit…

Karagar : Je ne sais pas, ils ou elles allaient trop vite ! Peut-être même étourneaux.

Cornus a dit…

Je comprends un petit peu l'état par rapport aux monuments de Rome.
Comme Karagar, je fais plus que douter sur la possibilités de vols significatifs d'hirondelles à Lyon : ce sont des Martinets noirs.

Calyste a dit…

Cornus : est-ce si important ?

Cornus a dit…

Calyste> Pour beaucoup de personnes, cela n'a sans doute pas d'importance, mais pour moi (et certainement Karagar), cela en a beaucoup plus que tu ne dois l'imaginer car cela fait appel à des souvenirs et à des imaginaires très différentes voire presque opposés :
- Martinets = ville, école, RdG, stridence, noirceur, angoisse potentielle...
- Hirondelles = campagne, vacances, gazouillis, douceur, bonheur...

Calyste a dit…

Cornus : je vouais dire dans mon billet.