dimanche 5 juillet 2015

En finir avec Eddy Bellegueule

Je suis un peu gêné pour parler de ce premier roman d’Édouard Louis. J'avais écouté cet écrivain à la télévision et avais été fasciné par son authenticité. Dès le livre sorti en poche, je l'ai acheté et viens de le terminer.

Ce qui me gêne ? Je n'arrive pas très bien à me l'expliquer. Peut-être parce que je suis un peu trop impliqué dans certains aspects de ce qu'il évoque : enfance dans un milieu très populaire, certes moins quart-mondiste que le sien, difficulté d'accepter ce que la nature nous a fait (moi beaucoup plus par rapport à la religion qu'à la famille), changement d'univers au moment des études et impression tenace d'être un traître à son milieu d'origine. Je ne sais pas.

A lire ce roman qui n'en est pas un, je me disais qu'il exagérait, que tout ne pouvait pas être aussi violent que ce qu'il décrit. Pourtant, en y réfléchissant, je crois qu’Édouard Louis est sincère et n'a pas noirci le tableau. Peut-être ma gêne vient-elle de son évocation d'un monde que j'ai connu (en mettant tous les bémols possible à ce que j'écris) et qui me paraît aujourd'hui trop éloigné de ce que je suis (ou de ce que je veux paraître) pour m'y sentir à l'aise. Mais n'est-ce pas justement ce sentiment de gêne que l'auteur a voulu provoquer ?
(Édouard Louis. En finir avec Eddy Bellegueule. Ed. du Seuil.)

samedi 4 juillet 2015

Un petit clin d'oeil, ou un deuxième merci


Si c'était à refaire

Pas de billet hier soir pour cause de soirée prolongée fort tard. On fêtait le départ en retraite de ma "vieille" collègue (quand je dis vieille, c'est parce que je la connaîs depuis 35 ans!). J'avais envisagé de dire un petit mot, mais vu le nombre de choses qui avaient été préparées, je me suis contenté, en a parte, de lui dire merci pour toutes ces années passées ensemble et le travail effectué en commun. Nous sommes bien d'accord tous les eux pour dire que nous avons bien fait de nous rencontrer.

Apéritif, discours, évocation de souvenirs à partir de petits dessins ou photos tirés au sort dans une grande enveloppe, morceaux de musique. Le tout suivi d'un sympathique repas. Je suis vraiment heureux pour elle qu'on lui ait rendu un tel "hommage", et n'ai pu m'empêcher, à un moment donné, de verser ma petite larmichette.

Il y avait là tous nos anciens collèges, ancien directeur et ancien directeur général. Le collège des années quatre-vingts revivait hier soir. De quoi éprouver un peu de nostalgie de l'effervescence et de la gaieté de ces moments-là. Nous avons passé dans ces murs de nombreuses années sans jamais avoir l'impression de nous encroûter, de nous endormir, tant les projets fusaient.

Un petit pincement au cœur aussi de ma part car j'ai vraiment eu le sentiment de la fin d'une époque. Je ne dis pas que je ne retournerai pas au collège, mais ce ne sera plus jamais le même collège, "notre" collège. Une page est tournée, définitivement. A nous maintenant d'écrire la suite...Mais si c'était à refaire, je suis sûr que nous le referions. Allez, place aux jeunes !

jeudi 2 juillet 2015

C'est à vous

A vous, si cela vous dit, de mettre sous cette photo un titre, une phrase ou un petit texte qu'elle vous aurait inspiré. (Vous pouvez l'agrandir en cliquant dessus.)

Les dames de ma mère

Ma mère, toujours. Hier soir, ma sœur avait organisé les retrouvailles de toutes mes femmes, hors milieu médical, qui s'étaient occupées de ma mère les débuts d'après-midi. Elles auraient dû être six mais l'une d'entre elles, que j'aime beaucoup, avait dû arrêter malgré elle à cause d'un cancer dont elle souffre encore et n'a pas pu venir. Réservation pour sept donc, dans un restaurant de la presqu'île.

J'y ai fait la connaissance de la seule que je ne connaissais pas car elle devait toujours quitter ma mère avant que je ne prenne le relais : Joséphine, une napolitaine assez réservée avec qui je suis tout de même parvenu en cours de soirée à établir la communication. Parler italien facilite bien les choses.

Toutes différentes, ces femmes :  l'orgueilleuse, la bavarde, la timide, la un peu niaise, et puis, de loin la plus jeune, la gentille Juliette, souriante, attentionnée, que nous nous sommes promis, ma sœur et moi, de ne pas perdre de vue.

Soirée peu agréable, à mon goût à cause de la chaleur dans la salle, malgré la présence de la climatisation, et de la froideur du service. Je ne retournerai pas dans ce restaurant que j'ai connu en d'autres temps autrement plus accueillant. Ma sœur, en sortant, faisait le même constat.

Étrangement, ma mère fut pratiquement totalement absente de la soirée. Dans ma tête en tout cas. Et tant mieux. Je suis rentré à pied. Vers onze heures, la chaleur était encore oppressante.

mercredi 1 juillet 2015

Calyste et les ferrailleurs

Réveil matinal aujourd'hui. Jean-Claude et moi avions du pain sur la planche, quelque chose qui attendait depuis trois bonnes années et que nous avons choisi finalement de faire aujourd'hui, à la "fraîche"...!

J'avais dans ma cave, outre de vieilles reliques qui ont fini à la déchetterie et que je ne regretterai sans doute pas (mais qu'il m'a été difficile de me défaire des beaux bois de lit que m'avait donné ma vieille voisine à mon ancien appartement !), j'avais donc (voilà que je me mets à écrire des phrases à la Proust, pas pour le style, pour la longueur) quelques kilos de métaux récupérés lors de travaux dans mon appartement ou dans mon immeuble et qui encombraient singulièrement ma cave.

Nous avions déjà rendu visite à un ferrailleur il y a quatre ans. Ma première rencontre avec ces gens-là et leur univers. J'avais, à l'époque, été estomaqué par l'atmosphère de ces lieux, bien loin de mon univers, et par les mines patibulaires des gens que j'y avais vus. Ce matin, nous avons trouvé portes closes : le ferrailleur a disparu.

Après recherche, au milieu du port Édouard Herriot, à naviguer au milieu des camions impressionnants et de la poussière qu'ils soulevaient, nous en avons trouvé un autre, beaucoup plus civilisé. Mais, encore une fois, quel univers : des montagnes de métaux, triés par catégorie, des navettes de camions ici aussi, des pelleteuses à mâchoires énormes qui broyaient tout cela. Ma voiture, au milieu de tout cela, comme elle était minuscule ! Et la poussière, toujours la poussière, et le bruit, et la chaleur !

En quittant cet enfer, j'ai été soulagé de retrouver la ville comme je la connais. J'ai même confié à Jean-Claude que j'étais au moins sûr de ne pas m’être trompé de métier... Et pour les quelques sous que nous avons retirés de cette vente, ils seront réinvestis rapidement dans un petit restaurant !

Stefan Zweig

Un pavé que cette biographie de Stefan Zweig par Donald Prater ! J'ai eu un peu de mal à y pénétrer à cause du nombre important de citations qu'elle contient, extraits de lettres de l'auteur à ses amis à travers l'Europe. Mais, peu à peu, le charme a opéré, malgré la manie de la traductrice d'employer le "il" à tort et à travers, sans que l'on sache immédiatement à qui renvoie ce pronom sujet.

Comment imaginais-je Zweig ? Je ne sais pas trop mais pas tout à fait comme le biographe le présente et comme il était sans aucun doute : un être timide et réservé, cachant sa faiblesse derrière une extrême courtoisie et une politesse extrême, un être égoïste et personnel, enviant, sans le pratiquer de facto, l'engagement politique, antifasciste par exemple, de ses amis comme Romain Rolland ou bien d'autres, un être en fuite perpétuelle qui laissa à ses deux épouse successives la peine de gérer le quotidien, un être que, je crois, je n'aurais finalement pas aimé fréquenter.

Pourtant, son œuvre est là, splendide, universelle, et, pour m'en faire une autre idée et approfondir ma connaissance de l'Europe de l'entre-deux guerres, je viens d'acheter son "autobiographie" : Le Monde d'hier, rédigée au Brésil en 1941, à la toute fin de sa vie.
(Donald Prater, Stefan Zweig. Ed. La Table ronde. Trad. de Pascale de Mezamat.)