samedi 1 avril 2023

Orages

Un gros orage en ce moment. Les éclairs zèbrent les façades des immeubles d'en face, et puis le bruit du tonnerre efface un instant celui des petits grêlons qui cognent à mes fenêtres. Et moi qui ai failli laver mes vitres. 

Tout à l'heure, c'était le soleil, qui a tenu le temps que j'aille jusqu'au dépose-livres près de l'école. Des livres historiques aujourd'hui : j'en ai choisi un, illustré, sur le Duce, Benito Mussolini.. Pourquoi pas ? Mais quand le lirai-je ? L'Italie ne me quitte guère. 

Quelle humeur, ce temps. C'est comme la vie : un jour, nous sommes heureux, vivants, insouciants. Que peut-il arriver ? Et puis la foudre s'abat, l'être aimé meurt, les parents, nos amis les plus chers. Nous croyons que jamais le beau temps ne reviendra. Mais, dans combien de temps ?, la lumière filtre à travers encore quelques nuages, le cœur se réchauffe alors que nous croyions cela impossible. On oublie la voix, on oublie les sourires et les pleurs, parfois on se rend jusqu'à la pierre tombale pour y déposer quelques fleurs et arracher l'herbe qui y a poussé. Et puis l'on repart parce qu'on a des courses à faire, ou parce que l'on se sent ici inutile. Plus de gestes à effectuer, ces boucliers des émotions.

Enfants, lorsque l'orage s'annonçait, nous devions vite rentrer. Pas question de se mettre à l'abri sous un arbre. On nous avait dit que c'était dangereux. Alors, dans la cuisine, je regardais les nuances de l'averse , espérant y voir les lances électriques qui déchirent le ciel. Puis, si la foudre tombait à proximité, notre mère se couchait au milieu du lit parental (le père est au travail), et nous installe auprès d'elle, deux d'un côté, deux de l'autre. Plus question d'admirer le  spectacle des nues. Le buis béni au jour des Rameaux est censé nous protéger en se consumant.

Lointain souvenir d'émerveillement.

7 commentaires:

plume a dit…

Merveilleux souvenir d'enfance aussi, j'avais 7 ans, descente d'une très longue randonnée en haute montagne, éclate un orage aussi soudain qu'énorme, ma bigote de mère avise comme abri un oratoire de la Vierge, mon athée enragé de grand-oncle lui montre les grands arbres qui entoure la statue, ils s'engueulent, ça c'était de l'orage, du grand, du beau, j'en ris encore.

Calyste a dit…

Plume : ça ne s'invente pas, des souvenirs pareils ! Mais combien sommes-nous aujourd'hui à en rire encore ?

Cornus a dit…

Pas d'orages chez nous, mais il ne se passe pas une heure sans qu'il pleuve au moins un peu. C'est ma grand-mère paternelle qui avait peur de l'orage et me prodiguait des recommandations assez souvent. Elle restait traumatisée du "déménagement" qu'elle avait vu une boule de feu avait fait en traversant une salle (deux fenêtres ouvertes à l'opposé) qui attendait les convives pour un repas de mariage.

Calyste a dit…

Cornus : elle avait de quoi être traumatisée !

karagar a dit…

belle comparaison, mais pour moi l'orage ne peut être assimilé aux moments tristes de l'existence, car il représente à mes yeux l'excitation extrême, il serait plutôt l'image des insqtants qui précèdent les grands moments de la vie.

Cornus a dit…

Calyste> Oui, et elle faisait en sorte qu'il n'y aucun courant d'air dans la maison lors qu'un orage s'annonçait. Moi, je n'ai pas peur, même s'il m'est arrivé de ne pas en mener large lorsque éclairs et tonnerre étaient proches et que je me retrouvais dans la nature. Fromfrom, elle, est toujours paniquée par les orages, même assez modestes.

Calyste a dit…

Karagar : j'ai tout de même écrit que je les aimais. Mais je partage entièrement pour les grands moments de la vie.

Cornus : j'évite aussi les courants d'air dans ces moments-là.