L'invité de ce soir du Franc-parler de France-Inter, invité dont je tairai le nom, a, je crois à propos de NKM ( j'ai pris l'émission en route), prononcé la phrase suivante: " Il y a des mots blessants que l'on n'emploie pas dans un débat."
Ce monsieur a sans doute la mémoire courte. Je ne me souviens pas d'une extrême courtoisie de sa part lorsque, avec un jeune politicien lyonnais de l'UMP, il avait parlé de Madame Comparini il y a quelques mois.
C'est fou comme la virginité repousse vite en politique. A vous faire douter d'avoir bien entendu.
lundi 14 avril 2008
dimanche 13 avril 2008
C'est pour ma pomme.

Je ne comprends pas comment cela peut se faire. Qui donne de telles instructions? Qui pilotait l'avion et n'a pas hésité à déverser sa poudre sur le dos et dans les poumons des pauvres bougres payés trois francs six sous la journée dans ce genre de colonie esclavagiste?
Dans quel but? Gagner du temps? La maturation de la pomme aurait-elle souffert d'être retardée d'une heure? Le manque à gagner en fin de saison aurait-il été si conséquent qu'il aurait mis en péril l'équilibre financier du producteur?
Ou bien y a-t-il maintenant, dans la société actuelle, plusieurs strates de citoyens à droits et devoirs variables et inégaux? Y a-t-il ceux à qui l'on demande toujours plus de sacrifices, en leur expliquant que c'est l'avenir de leur pays qui est en jeu, que l'on félicite sans raison ni mesure et surtout pour les enfariner, et qu'au bout du compte l'on méprise totalement car citoyens de sous zone, des presque non-humains?
Et puis les autres, ceux qui voyagent aux frais de la princesse, qui retirent régulièrement leur dividendes de leurs placements boursiers, qui se paient des montres de luxe et affichent leur bronzage et leurs lunettes noires sur fond de photos retouchées, ceux qui devraient donner l'exemple et qui se font très grassement payer leur départ à la retraite ou ailleurs, ceux qui rebondissent toujours parce que leur matelas, c'est la misère des autres?
Et aucun danger: elle est épaisse, cette misère-là.
Echos, reflets et parentés

Ayant lu le blog de Lorgnon mélancolique, j'ai découvert un livre qui semble admirable: Ce peu de bruits, de Philippe Jaccottet.Le lendemain, Anna m'envoie un commentaire sur un billet ancien, un billet resté vierge d'autre parole que la mienne alors que je m'attendais à autre chose, car son contenu me tient particulièrement à coeur. Anna m'envoie un court extrait de... Ce peu de bruits de Jaccottet. Et c'est un commentaire magnifique, en totale osmose avec ce que j'ai voulu dire.
J'ai découvert Erri De Luca grâce à Océania et son Voyage dans les Mots. J'ai, il y a peu, acheté en librairie Noyau d'olive. En feuilletant le livre, une fois rentré chez moi, j'ai découvert que la jeune libraire y avait, sans que je le voie, glissé un marque-page cartonné reproduisant un détail d'une des tapisseries de La Dame à la Licorne (le lion). Or Océania propose ces derniers jours plusieurs textes de Yannick Haenel, extraits de son ouvrage A mon seul désir, consacré à.... la tapiserie de La Dame à la Licorne.
Les faits sont là, le code pas. Peut-être la grande union des esprits, si chère à Teilhard de Chardin...
Empreinte digitale.
Parler d'un livre de Erri De Luca, c'est déjà faire preuve d'une grande outrecuidance. De tels livres se lisent, se méditent, se rêvent, mais ne se parlent pas. Aligner des mots sur Noyau d'olive est pure folie.
L'auteur, non croyant (il s'en explique magnifiquement dans la préface), fréquente chaque jour l'Ecriture sainte dans la langue des prophètes, l'hébreu ancien. De certains passages, s'appuyant sur le sens d'un mot, sur sa sonorité ou sa spécificité selon les textes synoptés (ce mot existe-il?), il fait un commentaire, une digression, citant de vénérables rabbins aux exégèses contradictoires ou successives, et toujours, lui, présent derrière les mots. Car c'est bien de lui qu'il ne cesse de parler, de ces questionnements, de ces intuitions, de ses doutes et de ses refus. Certains paragraphes sont ardus à la lecture: on ne comprend pas tout du premier oeil. Il faudra sans doute, y revenir, lire encore plus lentement, aller chercher le passage dans la Bible, s'en imprégner, peut-être apprendre l'hébreu... Je relirai ces pages, je ne les ai pas épuisées.
Je parle de Dieu à la troisième personne, je lis des textes sur lui, j'entends parler de lui et je sens que d'autres vivent de lui (je demande qu'on me laisse la caractère minuscule de "lui". Celui qui ne croit pas n'a pas le droit d'employer la majuscule). Les volontaires catholiques qui m'ont emmené avec eux pendant cinq ans comme chauffeur de convois humanitaires en Bosnie vivent de ce "lui". Près d'eux, je remarque, j'expérimente cette invocation simple, cet orient qui protège même quand il angoisse. J'écris ces mots sous leur ombre. Je parle de Dieu à la troisième personne parce que je lis son nom dans les histoires sacrées, tous les jours. Je suis un témoin indirect: je vois les mots de l'Ancien Testament impossibles à réduire à l'oeuvre de plusieurs auteurs, je vois les vies de mes amis catholiques impossibles à réduire à leur bon naturel ou à leur volonté, mais marquées d'une empreinte digitale. Avec tout ça, je reste un homme qui parle de Dieu à la troisième personne. Mon pied bute chaque jour sur cette pierre qu'est la prière, je ne peux l'enjamber, car la prière est le seuil.
(Trad. de Danièle Valin).
Et aujourd'hui, ces pages m'ont éclaboussé. C'est dans mes questions que se situe ma vérité, ce n'est pas dans la recherche d'hypothétiques réponses que je trouverai ma sérénité. Il faut, je crois, que j'aille dans ce sens, pour enfin passer le seuil et entrer dans la chaleur de la salle commune.
L'auteur, non croyant (il s'en explique magnifiquement dans la préface), fréquente chaque jour l'Ecriture sainte dans la langue des prophètes, l'hébreu ancien. De certains passages, s'appuyant sur le sens d'un mot, sur sa sonorité ou sa spécificité selon les textes synoptés (ce mot existe-il?), il fait un commentaire, une digression, citant de vénérables rabbins aux exégèses contradictoires ou successives, et toujours, lui, présent derrière les mots. Car c'est bien de lui qu'il ne cesse de parler, de ces questionnements, de ces intuitions, de ses doutes et de ses refus. Certains paragraphes sont ardus à la lecture: on ne comprend pas tout du premier oeil. Il faudra sans doute, y revenir, lire encore plus lentement, aller chercher le passage dans la Bible, s'en imprégner, peut-être apprendre l'hébreu... Je relirai ces pages, je ne les ai pas épuisées.
Je parle de Dieu à la troisième personne, je lis des textes sur lui, j'entends parler de lui et je sens que d'autres vivent de lui (je demande qu'on me laisse la caractère minuscule de "lui". Celui qui ne croit pas n'a pas le droit d'employer la majuscule). Les volontaires catholiques qui m'ont emmené avec eux pendant cinq ans comme chauffeur de convois humanitaires en Bosnie vivent de ce "lui". Près d'eux, je remarque, j'expérimente cette invocation simple, cet orient qui protège même quand il angoisse. J'écris ces mots sous leur ombre. Je parle de Dieu à la troisième personne parce que je lis son nom dans les histoires sacrées, tous les jours. Je suis un témoin indirect: je vois les mots de l'Ancien Testament impossibles à réduire à l'oeuvre de plusieurs auteurs, je vois les vies de mes amis catholiques impossibles à réduire à leur bon naturel ou à leur volonté, mais marquées d'une empreinte digitale. Avec tout ça, je reste un homme qui parle de Dieu à la troisième personne. Mon pied bute chaque jour sur cette pierre qu'est la prière, je ne peux l'enjamber, car la prière est le seuil.
(Trad. de Danièle Valin).
Et aujourd'hui, ces pages m'ont éclaboussé. C'est dans mes questions que se situe ma vérité, ce n'est pas dans la recherche d'hypothétiques réponses que je trouverai ma sérénité. Il faut, je crois, que j'aille dans ce sens, pour enfin passer le seuil et entrer dans la chaleur de la salle commune.
samedi 12 avril 2008
Fête de quartier.

Petit air de fête aujourd'hui dans mon quartier: on y avait installé un vide-greniers. Je n'en croyais pas mes yeux: une animation près de chez moi! Bon, d'accord, mais il ne faudra pas prendre l'habitude: je tiens à ma tranquillité de futur retraité, moi.

Alors, après la leçon "mise en boîte de choux chantilly à l'usage d'une blonde qui mérite de l'être", j'y suis allé faire un petit tour, avec mon appareil bien entendu. A ma grande surprise, il y avait du monde, malgré le temps changeant et plutôt maussade: des chalands, des badauds et des vendeurs. Dans ces derniers, beaucoup de jeunes, dans ces premiers, beaucoup de pauvres.

Plus les éternelles figures du coin: le gardien d'immeuble toujours à l'arrêt devant la porte du dit immeuble, le SDF finement aviné qui ressemble un peu à Gaston Lagaffe, le patron du bar anti-homos qui fait l'angle de la place et l'épicier afghan attablé à la terrasse de ce bar et qui ne se rend pas compte qu'il est en train de se faire voler la vedette (des primeurs) par un couple de maghrébins adorables nouvellement installés.

Et c'est ce qui m'a plu cet après-midi: pas d'antiquaires déguisé en brocanteurs, pas de grands stands aux objets bien classés et surtaxés. Il n'y a qu'à regarder les photos pour s'en convaincre. A part un banc d'artisanat soi-disant africain, tout le reste était "nature", plus vrai que nature même parfois. Du vide-greniers authentique, et pas n'importe quel grenier: celui des pauvres vendant aux pauvres. Une sorte de commerce qui m'a semblé équitable vus les prix pratiqués.

Un petit air de fête comme ça, finalement, ça me va, même si je n'ai rien acheté.
Si tous les congratulaient.

Fort bien. Ainsi donc quiconque fait son travail, et rien que son travail, mérite les félicitations de son ministre ou de son supérieur hiérarchique ou du quidam moyen amené à le côtoyer dans l'exercice de ses fonctions.
Alors, dans ce cas, je félicite:
- ma mère pour m'avoir mis au monde (si, si!).
- mon père pour lui avoir procuré des spermatozoïdes en bon état de marche (au moins un!).
- mon boulanger grâce à qui, chaque jour, je ne suis pas obligé de lécher mon assiette.
- mon boucher qui m'évite d'avoir à débiter moi-même le boeuf en morceaux faits pour remplir mon assiette.
- l'ensemble de mes collègues qui se coltinent chaque jour ces merveilleuses petites blondes.
(Erratum: au lieu de "l'ensemble de mes collègues", il faut, bien entendu, lire: "ceux de mes collègues qui font chaque jour correctement leur travail et qui se coltinent...")
- le conducteur de la rame de métro qui n'a jamais pris le réseau en sens inverse.
- l'automobiliste qui, quand le feu passe au rouge, s'arrête gentiment pour laisser passer ceux pour qui ce même feu est au vert.
( Précision: double félicitation si cet automobiliste à l'arrêt est daltonien.)
- l'arbre qui perd ses feuilles en automne et les retrouve au printemps.
- l'arbre qui ne perd rien en automne et ne demande rien au printemps.
- l'arbre fruitier qui porte des fruits.
- l'arbre généalogique qui porte des générations.
- l'arbre de couche qui en tient plusieurs (cames).
- l'arbre à cames qui...heu... que... que je ne connais pas parce que je ne l'ai jamais rencontré.
( Erratum: il paraît que si. Je me renseigne.)
( Renseignement pris, voir précédent: arbre de couche.)
- la girafe pour son éternel air penché.
- le paon pour l'invention de la roue.
- la paonne pour le coup du même nom.
- tous les messieurs qui ont bien voulu, pour moi, se prêter au coup précédent.
- tous ceux qui ont bien voulu m'aider à la réparer;
- le caillou qui, au lieu de me faire tomber, accepte de recevoir mon pied dans la figure et atterrit dans le fossé, sans doute pour un bon bout de temps.
- le même caillou qui, s'étant ainsi retrouvé au contact de l'eau courante, est devenu galet, et donc poli.
- la vendeuse de Casino qui, tout à l'heure, a bien voulu comprendre que mettre des choux chantilly dans une boîte comme celle qu'elle avait choisie au départ nécessitait pour le moins un chausse-pied ou un art de la persuasion chantillesque hors du commun.
- les ruines de civilisations antiques qui nous apprennent tant de choses sur les hommes qui les ont habitées.
(Restriction: ces ruines-là s'évertuent à ne toujours présenter que le bas de leurs monuments, jamais la partie supérieure, allez savoir pourquoi. Donc bémol dans la félicitation.)
Encore, encore. Je ne voudrais oublier personne. Félicitations à tous donc. Congratulons-nous. Ministres et ministresses, même si parfois les mots grincent entre vous, congratulez-vous, félicitez-nous pour tout, pour rien, pour moins que rien. Pendant ce temps, la caravane (de la connerie) est passée et les chiens n'ont pas aboyé.
PS: je ne félicite pas le mec qui, il y a quelques mois, a trouvé follement amusant de casser mon rétroviseur, comme ça, pour le plaisir, plaisir sans doute intense puisqu'il a fait de même sur toute la longueur de la rue. Il faudra qu'il apprenne qu'il existe dans la vie des plaisirs autrement plus forts et constructifs. Je me tiens naturellement à sa disposition pour les lui "enseigner".
Encore elles.
Et pour la dernière fois, j'espère, sinon l'on va penser qu'elles m'obsèdent: les filles à sac, les "théières".
En fait, en y réfléchissant, je me suis vite aperçu que cette étiquette était un brin méprisante pour ces adolescentes qui, finalement, n'ont que la sottise de leur âge (et de leurs parents) et ne sont pas, comme disait ma grand-mère, de "mauvaises filles". De plus, tout au fond, je piaffais de leur trouver à mon tour une appellation adéquate, trop jaloux du trait d'esprit de mon collègue. Enfin, je m'en étais pris lâchement au thé, tout cela pour faire un mot. Pardon à Patrick: j'ai pensé à lui en rédigeant le billet d'hier, et je savais qu'il ne manquerait pas de réagir. Il l'a fait très gentiment et avec l'humour que je lui connais.
Alors voilà, me direz-vous, un préambule bien long pour annoncer la trouvaille. C'est que je ne suis plus aussi sûr de moi. Pourtant, je crois qu'elle vous plaira, en tout cas à ceux qui connurent un temps que les moins de vingt ans (voire de quarante) ne peuvent pas connaître.
Ces demoiselles dont le bras (droit ou gauche? Sans doute à tour de rôle) ne semble avoir été créé par Dieu le Père tout puissant que pour y accrocher un cabas, de marque si possible, comme il créa un arbre, un chêne, pour la chevelure d'Absalon, un autre, un sycomore, pour que Zachée puisse y grimper, un plateau, que nous montre Titien, pour la tête de Saint Jean Baptiste, des voiles afin que Salomé les ôte en dansant et une pomme destinée à notre illustre ancêtre.... Mais arrêtons là (d'autant que la traduction "pomme" est erronée: il s'agissait d'un "fruit")!
Ces demoiselles, donc, à l'allure sombre, par la mine et le vêtement, dont l'ombre portée dans les couloirs le soir m'évoque la silhouette de Belphégore dans le labyrinthe du Louvre, ces demoiselles au regard glacial si vous leur rappelez votre existence, ces demoiselles, ce sont..... les Patères Noires.
Comprenne qui pourra!
En fait, en y réfléchissant, je me suis vite aperçu que cette étiquette était un brin méprisante pour ces adolescentes qui, finalement, n'ont que la sottise de leur âge (et de leurs parents) et ne sont pas, comme disait ma grand-mère, de "mauvaises filles". De plus, tout au fond, je piaffais de leur trouver à mon tour une appellation adéquate, trop jaloux du trait d'esprit de mon collègue. Enfin, je m'en étais pris lâchement au thé, tout cela pour faire un mot. Pardon à Patrick: j'ai pensé à lui en rédigeant le billet d'hier, et je savais qu'il ne manquerait pas de réagir. Il l'a fait très gentiment et avec l'humour que je lui connais.
Alors voilà, me direz-vous, un préambule bien long pour annoncer la trouvaille. C'est que je ne suis plus aussi sûr de moi. Pourtant, je crois qu'elle vous plaira, en tout cas à ceux qui connurent un temps que les moins de vingt ans (voire de quarante) ne peuvent pas connaître.
Ces demoiselles dont le bras (droit ou gauche? Sans doute à tour de rôle) ne semble avoir été créé par Dieu le Père tout puissant que pour y accrocher un cabas, de marque si possible, comme il créa un arbre, un chêne, pour la chevelure d'Absalon, un autre, un sycomore, pour que Zachée puisse y grimper, un plateau, que nous montre Titien, pour la tête de Saint Jean Baptiste, des voiles afin que Salomé les ôte en dansant et une pomme destinée à notre illustre ancêtre.... Mais arrêtons là (d'autant que la traduction "pomme" est erronée: il s'agissait d'un "fruit")!
Ces demoiselles, donc, à l'allure sombre, par la mine et le vêtement, dont l'ombre portée dans les couloirs le soir m'évoque la silhouette de Belphégore dans le labyrinthe du Louvre, ces demoiselles au regard glacial si vous leur rappelez votre existence, ces demoiselles, ce sont..... les Patères Noires.
Comprenne qui pourra!
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