jeudi 2 mars 2017

Dans le pays viennois (5)

Nous y voilà : le château ! Bien difficile à trouver, lui aussi, même s'il est très apparent depuis l'autoroute en contrebas. D'abord, savoir sur quelle commune il se trouve. Le documentaire des "Racines et des Ailes" l'avait bien précisé, mais je l'avais oublié.

Cette ruine me questionnait depuis de nombreuses années : trop imposante pour n'être qu'une ancienne ferme, trop éloignée de Vienne pour en être l'ancien évêché, comme on me l'avait dit un jour. Je n'avais, jusqu'à l'émission de télévision, jamais pensé qu'il s'agissait d'un château, tant la façade visible de l'autoroute semble "rectiligne".

Deux jeunes filles, à la chapelle Saint-Maxime, m'indiquent le chemin à suivre, mais elles se trompent de château, comme Cornus : je ne cherche pas celui au-dessus de Vienne, près de l'hôpital. Finalement, on m'en indique vaguement la direction, sur la commune de Seyssuel, banlieue proche de Vienne, un peu plus au nord.

Ensuite, rien : pas un panneau, pas une indication. Deux femmes sont également à la recherche du château. Je saurai, après les avoir retrouvées dans les ruines, que ce n'était pas celui qu'elles cherchaient mais qu'elles étaient ravies d'avoir découvert celui-ci. Celui qu'elles voulaient voir était un petit manoir au milieu des vignes dont le toit est couvert de tuiles vernissées et dont je ne sais absolument rien.

Arrivé à Seyssuel, je me renseigne : on me demande s'il s'agit du château ou du château ???? L'un est le nom, sans doute pompeux, attribué à un lotissement de villas récentes. L'autre est une ruine. Il s'agit en fait de ce que, dans la région, on appelle le château des Archevêques.

Finalement, après avoir erré au hasard, je découvre enfin, à peine visible, l'indication d'un sentier pédestre y conduisant, sentier assez bien entretenu par les paysans du coin, viticulteurs ou apiculteurs. J'allais enfin savoir ce qu'était cette ruine qui m'intriguait tant et depuis si longtemps.

Ce "castrum", probablement construit au XI° ou XII° siècle sur un petit rocher (saxcullum) qui donna son nom au village et aux premiers seigneurs du lieu, était, au Moyen-Âge, beaucoup plus important que ce que laissent aujourd'hui deviner son donjon, les murs de son corps de logis et les quelques vestiges de ses remparts. Il fut incendié en 1409 par les frères Torchefelon, seigneurs en lutte conte l'archevêque Thibaud de Rougemont, propriétaire du lieu, et reconstruit dans sa dernière forme avant d'être démantelé pendant les Guerres de religion. On ne connaît pas avec certitude la date de son abandon définitif.

Le site est sauvage et désert. Le temps se couvre et, avec quelques nuages un peu plus noirs et deux ou trois corbeaux coassant, cela ferait un beau décor pour film fantastique. L'entrée est interdite, à cause du risque de chute de pierres mais ce n'est pas cela qui va m'arrêter, pas plus que la pancarte propriété privée, que j'aperçois en  sortant du corps de logis. J'entreprends l'ascension de la pente montant jusqu'au dernier "bastion" visible. De là-haut, le contraste est surprenant : d'un côté les ruines et un terrain récemment débarrassé de ses arbres, pente aride et rocailleuse et de l'autre, en bas, la surindustrialisation de la vallée.

La lumière n'étant pas excellente, mes photos ne le sont pas non plus. Mais chance : en repartant, je vois le soleil percer le banc de nuages et teinter de couleurs chaudes les ruines qui vont s'endormir. Vous avez dû patienter ? Mais rassurez-vous : moins que moi pour, enfin, découvrir ce site qui se mérite.




























8 commentaires:

plumequivole a dit…

Eh bien ça valait le coup d'attendre ! Avec ton château et le mien on arriverait peut-être à en avoir un potable ?
Quant aux sieurs de Torchefelon, alors là en voilà un patronyme qui devait être lourd à porter ! Il y avait des noms de ce genre dans de vieilles BD que je lisais gamine. J'adore.

Cornus a dit…

Ah, nous y voilà enfin ! J'ai bien dû le voir aussi ce château, mais je n'ai jamais dû y faire très attention (je suis aussi très certainement passé bien moins souvent que toi dans le coin).
Pour ma part, je n'aurais pas confondu les deux châteaux (avec La Bâtie) quand même, surtout si j'étais du coin.
Je n'ai pas vu le "Des racines et des ailes" dont tu parles. Même si cette émission est parfois décevante, c'est quand même dommage.
En tout cas, il est très bien TON château, mes tes photos de soleil chaudement perçant sont effectivement splendides.

karagar a dit…

c'est de plus en plus rare, à cause de la mise en valeur du patrimoine (bonne chose par ailleurs !) d'avoir l'impression de découvrir un monument oublié. Excitant.

CHROUM-BADABAN a dit…

Alors là, ça, c'est du CHÂTEAU THIBAUD De ROGNOGNON, 12,5 % A.O.C. Mis en fûts de chêne à la propriété!

Calyste a dit…

Plume : mignon, le nom ! J'avais apprécié, moi aussi.

Cornus : il faut vraiment savoir où il est pour le voir. Parfois,, depuis l'autoroute, je le rate moi-même.

Karagar : j'ai l'impression que, de celui-ci, tout le monde s'en fout, même s'il est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1994.

Chroum : j'ai un beau château, ma tantirelirelaire, j'ai un beau château, ma tantetirelireleau...

Cornus a dit…

Si je ne conduis pas, je vois plus de choses et j'ai encore une excellente vue lointaine

Nicolas a dit…

Je m'y promènerai bien la nuit.

Calyste a dit…

Nicolas : seul ?