La Chute est le récit d’une confession, d’un homme à un autre dans un bar d’Amsterdam, sous la forme d’un monologue. Jean-Baptiste Clamence, ancien avocat parisien, relate l’évènement qui a bouleversé sa vie. Avant cet évènement, Clamence se décrit comme un parfait égoïste, amoureux de lui-même. Jusqu’au soir où, rentrant chez lui, il passe sur un pont duquel il entend une jeune fille se jeter. Il ne lui porte pas secours. A partir de ce moment-là, la culpabilité gonfle au point de devenir une obsession. Cet évènement éclaire d’un jour nouveau l’ensemble de son existence, qu’il juge alors comme inutile et prétentieuse : il ne se supporte plus et vit emmuré dans le remords.
Au travers du personnage de Clamence, c’est l’humanité que dépeint Camus : égoïste, voire autiste, vivant dans le pur divertissement, l’homme moderne semble avoir perdu de vue les notions de justice et de responsabilité. L’injonction de Socrate: "Une vie sans examen ne vaut pas d'être vécue." pourrait être celle de Camus dans ce roman. Camus affirme qu’il faut se juger soi-même sans complaisance grâce à une mise à distance entre le moi et le je. Car seul le moi peut légitimement formuler un jugement lucide sur le je.
Cependant, le bilan philosophique de cette auto mise en examen (de l'homme par l'homme) est lourd : quelles que soient nos tentatives pour nous améliorer, nous juger, tout le monde est coupable, personne ne sera sauvé de sa conscience.
(Albert Camus, La Chute. Ed; Gallimard.)
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