Hier soir, Arte diffusait Le Voyou, de Claude Lelouch (1970), avec Trintignant, Danielle Delorme, Charles Denner et Judith Magre (et Charles Gérard, et Yves Robert, et Paul Le Person, et Aldo Maccione). Excusez du peu ! Je ne l'avais jamais revu depuis sa sortie en salles et n'avais plus aucun souvenir de l'intrigue, à peine de la musique de Francis Lai.
Ce n'est sans doute pas un chef-d’œuvre du septième art. Mais je me suis laissé tenter. D'abord pour la distribution, particulièrement Trintignant (et sa voix) et Denner (et sa voix). Mais surtout parce que ce film est lié pour moi à un souvenir très précis, un de ceux qui, si on se laisse porter, peuvent dévider toute une époque de la vie.
J'avais 18 ans en 1970. J'étais encore pour très peu de temps chez mes parents, avant de partir définitivement à Lyon. Leur commerce d'alimentation était ouvert le dimanche matin. Mon père assurant une tournée, c'est ma mère et moi qui servions dans la boutique, et, en fin de matinée, moi seul quand ma mère préparait le repas. Les vieilles balances de l'époque permettaient un petit stratagème que je mis à profit : sur le prix de chaque pesée, je rajoutais une vingtaine de centimes (uniquement à ceux que j'estimais pouvoir supporter le poids de la ponction).
Et l'après-midi, ma petite cagnotte en poche, je partais "en ville" au cinéma. Ainsi pus-je découvrir Ma Nuit chez Maud, Autant en emporte le vent, Raphaël le débauché, Les Choses de la vie, Le Passager de la pluie, Mon Oncle Benjamin, et d'autres oubliés. Mais Le Voyou fut le premier, il me semble. On le donnait au cinéma près de Saint-Charles, qui allait devenir la Cathédrale de Saint-Étienne, et près de la rue Honoré de Balzac où j'étais allé rendre visite à un ancien professeur de français, Monsieur Morel, qui m'avait tant appris.
Hier, j'ai ainsi revu Trintignant jeune et, sans faire de comparaison, moi jeune aussi et ma passion du cinéma. D'ailleurs Lelouch est aussi présent à un autre moment important de ma vie : la veille d'un examen universitaire important pour moi, j'avais décidé d'arrêter les révisions et de me distraire (au sens pascalien du terme). J'avais choisi le film le plus long qui puisse se trouver à ce moment-là, et ce fut..... Les Uns et les autres.
mardi 10 décembre 2019
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5 commentaires:
Moi j'économisais le sandwich de midi pour aller au cinoche, et du permanent en plus ! Et de temps à autres j'allais à la fac. Quel sérieux !!!
Quel scandale, Monsieur prélevait sa taxe personnelle pour alimenter l'oisiveté ! :-)
Mon dieux et dire que certains ont confié leurs enfants à un voleur oisif et menteur ...
Chenapan ! L'indignation est générale. Plume a montré le bon exemple.
Tu seras privé de dessert pendant sept ans.
Plume : la fac, pour moi, c'était l'année suivante. Comme toi, parfois par intermittence mais globalement sérieusement..
Cornus : quand je vois ce qu'on me prélève comme CSG, je n'ai guère de regrets.
Jérôme : tu oublies amoral !
Pippo : ah ! chenapan, j'adore : un mot qui fleure bon la langue de chez nous ! Je ne veux pas t'attrister, mais sept ans sans dessert, je crois que je supporterais. Et puis je dois à mes larcins l'amour du cinéma !
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