jeudi 26 décembre 2019

Ca m'a sonné !

Réveillon de Noël chez Frédéric. Il y avait entre autres un des deux Dupond(t) qui, depuis toujours, se dit féru de musique. Et c'est vrai qu'il a quelques lumières dans ce domaine. Mais souvent des lumières livresques, académiques. Pour tout dire, il n'est ouvert ni au changement, ni à la nouveauté. Par exemple, pour l'opéra : la mise en scène doit être hyper classique et je subodore qu'une diva qui n'est pas physiquement plantureuse n'est pas, pour lui, une bonne cantatrice. Je me souviens de la honte que j'avais ressentie lorsqu'à la sortie d'une représentation, alors qu'il réclamait un autographe, il avait souhaité à la soprano de percer dans le métier. Elle avait eu la politesse, elle, d'en sourire.

Au milieu du repas, il déclara, très sûr de lui, qu'à son avis, Bach, ce n'était pas de la musique. Heureusement que j'étais assis, sinon je me serais retrouvé par terre ! Je veux bien comprendre que chacun ne partage pas les mêmes goûts musicaux (encore que, pour Bach, je n'ai jamais entendu quelqu'un le descendre en flèche), mais comment peut-on dire que Bach, ce n'est pas de la musique ? J'ai essayé de lui faire dire pourquoi : aucun argument.
Volonté de faire un effet ? Il a réussi : il est passé encore une fois pour un imbécile.

6 commentaires:

Cornus a dit…

Je ne suis pas fan de ses œuvres pour piano (encore que pas toutes), mais il ne me viendrait pas à l'idée de ne pas dire que Bach est un grand faiseur de musique. Le Dupond(t) en question ne lit-il (n'écoute-t-il) pas des écrits (des émissions) que quelque expert ou critique à la marge qui aime se faire mousser pour prendre le contre-pied de la pensée dominante et par jeu. Dans d'autres domaines, on lit/voit/entend parfois ce genre de chose, ce qui est parfois intéressant quand c'est bien argumenté.

Pippo a dit…

Un de mes professeurs de musique affirmait : "L'Art de la Fugue et les derniers quatuors de Beethoven, ce n'est pas de la musique !".
C'est à lui qu'après trois essais, je m'étais adressé pour apprendre l'harmonie. En réalité il enseignait ce qui s'appelle aujourd'hui "Analyse et écriture musicale" et se basait sur les classiques, surtout Haydn et Schubert. Il était très directif. Il faisait immédiatement écrire de la vraie musique qui devait bien sonner et non de la musique blanche, celle des premiers exercices d'harmonie et de contrepoint basés sur des rondes et des blanches, abstraits de toute référence à de la musique réelle.
Jean-Claude Baertsoen fut mon meilleur professeur.

Anonyme a dit…

Je vis en ce moment à la maison et depuis quelques jours avec un membre de la famille qui assène ce genre d'ineptie, concernant tout type de sujet, et de façon régulière... c'est drôle et fatigant à l'extrême.

Bleck

Calyste a dit…

Cornus : les interprétations de certaines œuvres de Bach se font aujourd'hui au piano mais, cet instrument n'existant pas de son temps, elles ont, il me semble, été écrites pour des claviers tels que clavecin (ou clavicorde. Cependant, l'utilisation du piano moderne ne me gêne pas si le pianiste a le talent de Glenn Gould. Quant à ceux qui se font mousser, tu sais comme j'apprécie ....

Pippo : j'ai, d'une certaine manière, pratiqué la même pédagogie avec mes élèves, contrairement à certains collègues partisans de la facilitation : toujours les textes d'origine (traduit ne cas d'ancien français, jamais d'édition expurgées ou avec passages résumés. Cela paraît plus difficile pour eux au début mais quelle gratification pour moi lorsque je voyais un jour briller dans leurs yeux l'étincelle de la compréhension, de l'intelligence. Aucun parent, aucun élève ne s'est jamais plaint de cette façon de faire.

Bleck : drôle un moment mais il ne faut pas que cela dure trop. Ça me donnerait des envies de meurtre

Pippo a dit…

Merci de ton commentaire. Ta méthode n'infantilisait pas.
Mais la pédagogie traditionnelle contre laquelle mon professeur a toujours lutté, n'était pas celle de la facilitation. Il est rarissime que les traités d'harmonie ou de contrepoint contiennent des citations de compositeurs, présentées à titre d'exemples. On apprend de façon abstraite pour ne pas influencer le style de l'élève. C'est comme si un manuel de langue étrangère ne contenait que des phrases générées par écriture automatique, proprement insensées, en guise d'exemples.

Calyste a dit…

Pippo : j'ai compris maintenant. Je comparerais ces cours d'harmonie à l'apprentissage de la rédaction en français correct, qui est le b.a.ba avant d'éventuellement trouver son style propre.