jeudi 17 mars 2022

Nuits

Le ciel est ocre, sale, uni, sans échappée, sans nuages, sans lumières. Les voitures, les trottoirs, les toitures ont jauni, les passants se confondent avec cette platitude. Même les bruits semblent se taire sous ce linceul de sable. Barbara tourne près de moi. Gottingen, les enfants se sont les mêmes ... A Kiev, à Marioupol aussi, aujourd'hui, ensevelis sous les ors d'un théâtre, pulvérisés dans leurs derniers jeux. 

Je me rattache à  mes nuits, celles d'autrefois à Prague, à Venise ou ailleurs. Nuits de rois, nuits indicibles, devenues art sans pinceaux, beauté de rêves éphémères. La brume à Saint-Marc au sortir d'une ruelle,  Notre-Dame du Tyn dans le violet profond du ciel, le silence du monastère bourguignon ou le léger ressac au bord du Trasimène, le violoncelle étrusque de l'Ombrie. Je me raccroche. Je me raccroche. 

Coucher de soleil au Lac Trasimène

3 commentaires:

plume a dit…

Moi, le nom de Prague m'y renvoie, je retrouve mes réflexes, irrépressibles, de l'époque soviétique, et d'une autre invasion de tanks : traquer les infos, les croiser, écouter et regarder entre les lignes...Bon, la technique à changé, on s'accroche plus l'oreille aux ondes courtes, aujourd'hui on cherche les cams, mais le résultat est le même, tristesse profonde, colère noire, impuissance et inquiétude...

Cornus a dit…

Je n'ai pas les mêmes références au passé ou au vécu que toi ou que Plume, mais cela n'a rien de drôle. Je peux utiliser exactement les même qualificatifs que Plume à la fin de son commentaire.

Calyste a dit…

Plume : pour Prague, je les ai eues en presque direct par une famille venue s'installer en France. Une amie d'enfance de ma mère, repartie là-bas puis revenue avec mari et enfant mais y laissant son fils aîné et son beau-frère.

Cornus : des références dont on se passerait volontiers.