Il a dévalé la colline
Ses pieds faisaient rouler des pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie
Il respirait l'odeur des arbres
Avec son corps comme une forge
La lumière l'accompagnait
Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il sautait a travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil
Les canons d'acier bleu crachaient
Des courtes flammes de feu sec
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l'eau
Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Il s'est relevé pour sauter
Pourvu qu'ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L'a foudroyé sur l'autre rive
Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps de rire aux assassins
Le temps d'atteindre l'autre rive
Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre
3 commentaires:
Je ne connaissais pas ce poème du grand Boris. On le dirait écrit pour aujourd'hui...
Cela me rappelle un peu (j'ai dit un peu, ce n'est pas la même chose) la façon dont Genevoix avait raconté dans l'un de ses romans autobiographiques comment il s'était pris deux balles, sans trop savoir comment cela était arrivé, n'ayant pas identifier qui et d'où on lui tirait dessus.
Plume : moi non plus. C'est pour l'écho justement que je l'ai choisi.
Cornus : j'ai aussi pensé au Dormeur du val, mais je l'ai déjà utilisé au moins une fois si ce n'est deux.
Enregistrer un commentaire