mercredi 14 mai 2008

Titus et Bérénice.


Je rentre du théâtre. A l'origine, c'est Kikou qui nous avait pris des places. Elle commençait sa chimio aujourd'hui. Ma soeur l'a remplacée pour aller écouter Bérénice de Racine aux Célestins.

Premiers moments difficiles. J'ai cru avoir perdu l'amour du théâtre classique et des alexandrins. Les tirades me paraissaient bien longues. Et puis, peu à peu, la magie a fonctionné et je me suis mis à terminer les vers mentalement, tant ce style, ce vocabulaire et ses sonorités me sont familiers, presque intimes. J'aurai dû vivre, pour cela au moins, au XVII° siècle.


La mise en scène de Jean-Louis Martinelli est sobre et efficace, dans des décors et costumes du XVII°, sobres également. Seule une pièce d'eau ovale, au milieu de la scène évoque le compluvium, ce bassin de l'atrium où les Romains recueillaient l'eau de pluie. Mais pourquoi avoir fait jouer les acteurs pieds nus? Bien sûr, le corps chez Racine joue un grand rôle, comme l'explique le programme distribué en citant Barthes, mais ce rôle est d'autant plus grand et ambigu quand le corps se cache. Alors, je ne sais pas.


Titus/ Patrick Catalifo correspond bien par son physique à l'image mentale que je me fait de cet empereur. Bérénice/Marie-Sophie Ferdane parvient, seulement par les différentes inflexions de sa voix, tantôt brisée et hésitante, tantôt grave et ferme, à rendre toutes les étapes du calvaire de la reine répudiée. Quant à Hammou Graïa en Antiochus, il tire un peu le personnage vers le comique, ce qui surprend et choque au début, puis s'intègre bien dans l'évolution de ce prince avant la scène finale. Un seul agacement par lui causé: sa diction trop appuyée, en particulier pour les "e" de fin de vers.


La pièce commence par l'impératif "Arrêtons" et se termine sur une tirade de Bérénice dont les deux premiers mots sont "Arrêtez, arrêtez". Pièce du non mouvement donc, tout est joué avant l'entrée en scène des protagonistes et chacun s'apprête à briser ce pour quoi il a vécu jusque là: un amour impossible.


Nous sommes ensuite rentrés à pied, par Gambetta. J'aime Lyon la nuit, et ce soir, il y avait un petit vent frais.

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