samedi 24 mai 2008

Bon samedi.

Encore! Eh oui.
Ce matin, je me suis adonné à deux de mes vices préférés. Nous avons couru avec Gilles autour du lac de Miribel. Les emplois du temps de l'un ou de l'autre nous avaient empêchés de le faire depuis quelque temps. Matinée grise, accompagnée d'un léger crachin, si léger que finalement il en était agréable, à la manière d'un brumisateur. Nous sommes restés silencieux, plus que de coutume. La fatigue de la semaine sans doute et aussi "l'être bien ensemble" qui s'installe et qui n'a plus besoin de mots. Gilles parti, je me suis attardé encore un peu dans le Parc. Je ne vous dirais pas quel est mon deuxième vice préféré: il y a des dames qui me lisent! Je peux simplement dire que je découvre ce parc plus en détails, et qu'il ne manque pas d'attraits.

Vrai repas préparé par mes soins (tiens, j'ai repris un bon kilo!), arrosé d'un petit verre de vin (ça aussi, c'est de retour. Pourquoi ai-je passé tout ce temps à m'en priver, à vouloir être quelqu'un que je ne suis pas?). Puis départ pour la ville, Vieux Lyon et Fourvière, d'abord en vélo'v puis tout à pied.
Beaucoup de monde malgré le temps incertain. Lyon a vraiment décollé en ce qui concerne la fréquentation touristique. Il n'est plus rare d'entendre parler "étranger" (et pas seulement stéphanois) dans les rues et des cars déversent à flots des touristes bardés d'appareils photos ou pas. On entend de la musique un peu partout, et j'ai, encore aujourd'hui, été frappé par l'air de fête que la ville arbore et que je ne lui connaissais pas auparavant.

Encore beaucoup de manifestations diverses et variées un peu dans tous les coins. Mais je ne me suis pas arrêté. Rien ne m'a détourné de mon but, le Vieux Lyon où j'ai pris les clichés des nombreux ours et lions qui s'y trouvent. Puis j'ai gravi la pente de Fourvière, et c'est là que m'attendaient deux divines surprises, un peu comme ce matin, mais dans un tout autre registre.

Je savais que deux animaux se trouvaient dans l'hôtel Villa Florentine, Montée St Barthélémy. En pénétrant dans le hall, j'ai donc demandé à la réception l'autorisation de photographier. Et j'ai eu la joie de tomber sur un homme jeune, non pas beau mais charmant par sa gentillesse et sa bonne humeur, qui non seulement m'a accordé la permission requise (normal) mais m'a accompagné jusqu'à la deuxième bête plus difficile à trouver, me laissant au passage admirer et photographier ce splendide hôtel.

Il s'agit, d'après l'historique qu'il m'a remis pour répondre à mes questions, d'une maison de la Renaissance, quand Florence et Lyon s'unissaient en même temps que s'unissaient Henri IV et Marie de Médicis dans la Primatiale Saint-Jean (1600). En 1707, alors que l'édifice est tenu par les Religieuses Trinitaires, il devient la "Maison de la Providence", institution destinée à donner une éducation aux jeunes filles pauvres. On y ajoute un peu plus tard (de 1736 à 1741) une chapelle ornée de superbes fresques, et c'est cette ancienne chapelle qui est aujourd'hui l'atrium d'accueil de l'hôtel. Je ne connais pas les tarifs de la nuitée, je ne sais pas si le reste du bâtiment est du même bon goût, mais je peux dire que c'est certainement le plus bel hôtel que je connaisse. Et en plus avec des employés sympathiques!

Deuxième surprise: le jardin du Rosaire, qui permet d'accéder par un parcours en lacets de verdure à l'esplanade de la Basilique de Fourvière. Pour cette fois, je me suis éloigné du trajet habituel, et ai pris la direction, jamais remarquée auparavant, du jardin des roses. Là, personne! Tout le monde grimpe pour admirer la vue, alors on ne fait pas de détour. Et je me suis retrouvé au milieu de centaines de vieux rosiers, sous des arceaux surchargés, devant des églantiers moussus, des iris ployant sous leur propre poids. La touffeur répandait et magnifiait toutes les senteurs, et j'avais Lyon à mes pieds. Un moment de grand bonheur.

Suivi par un épisode très touchant: en redescendant par le même chemin, j'étais précédé par un jeune homme et une jeune fille. Elle avait à la main une branche de cerisier couverte de fruits mûrs, et une autre tout aussi fournie accrochée à la poche arrière de son jean. Au moment de la doubler, je lui ai dit en plaisantant que je lui volerais bien quelques cerises. Avec un immense sourire, elle m'a offert la branche qu'elle tenait à la main. Devant mon refus, c'est son ami qui a insisté pour que j'accepte le présent. Pouvais-je davantage résister? D'autant que les cerises étaient belles. Nous avons terminé ensemble la descente, à manger les fruits pleins de la chaleur du soleil, crachant comme des gamins les noyaux sur les trottoirs.

Sainte colline, qui m'a offert en plein Lyon le parfum des roses et des iris et le jus sucré des cerises des chanoines.

Arrêt chez Francis. Le livre de Stegner commandé la semaine dernière est arrivé: il s'agit en fait d'un recueil de nouvelles: Le Goût sucré des pommes sauvages.
Je n'ai pas pu m'empêcher de compléter mes achats par Ce peu de bruits de Philippe Jaccottet. Encore de bons moments en perspective.

Comme j'aime ces journées pleines où, si le corps a mal, c'est du plaisir de l'effort fourni et consenti, et où, enfin, le présent se conjugue au présent, et rien d'autre.

3 commentaires:

Tef69 a dit…

Très belles photos !!!

Anonyme a dit…

Je suis sous le charme ....
Narration, photos, votre plaisir et votre joie s'intercalent entre vos mots ; et pour Miribel, je sais puisque vous l'avez écrit il y a quelques semaines. Eh oui.

Calyste a dit…

Merci. Ca a effectivement été une très belle journée.
Mais chut! Pour Miribel, gardons le secret!