mardi 6 mai 2008

L'instant présent


Ce soir, j'ai envie de parler du plaisir, de l'envie. Pas du désir, c'est autre chose. Du plaisir. Olivier Autissier l'a bien évoqué dans un de ses billets.

Le désir est souvent frustrant car il naît à l'extérieur de soi-même: c'est une cause étrangère à soi qui le provoque et souvent d'ailleurs le manipule. Devant le désir, on devient esclave, on est sous l'emprise de. Soit l'on domine, soit l'on est dominé. Dans les deux cas, aucun ne trouve réellement son équilibre. C'est un jeu terrible de chat et de souris, un "aujourd'hui, je te domine, demain ce sera toi". Seul compte le rapport de forces, et le plaisir est souvent oublié. D'où sans doute une renaissance constante du désir, car le plaisir n'est jamais assouvi.

C'est à ça que je veux échapper en ce moment. Je me suis surpris à avoir des moments de grande violence ces derniers temps. J'ai cette réaction lorsque je me sens enfermé dans quelque chose que je ne peux gérer, qui m'échappe. Étant timide et gentil de nature, j'attends que la chose m'étouffe pour réagir, et la réaction est disproportionnée.

Il faut que je redécouvre l'envie, le plaisir, et que je prenne le temps de les savourer. Samedi, en remplissant mes jardinières, je me suis surpris à le faire très vite, alors que j'aime beaucoup le jardinage, comme si mon emploi du temps de la journée était surchargé, ce qui n'était pas le cas. Il a fallu que je me calme volontairement, que je me dise que c'était pour moi un moment de plaisir et que je devais en profiter puisque j'en avais envie.

Depuis trois ans, le moteur s'est emballé. Cela remonte à la maladie de Pierre où il a fallu tout mener de front. Maintenant, tout cela a pris sa place, mais la machine physique et psychologique continue à fonctionner à pleine régime, d'elle-même en suralimentation, alors qu'il n'y a aucune raison valable à cela.

Le mieux, c'est que parfois maintenant je m'en rends compte par moi-même. Alors quand je vois qu'en faisant quelque chose, je suis déjà, en pensée, à deux ou trois choses en avant, quand je vois que je me fais régulièrement mal parce que mon corps occupé à une action s'élance déjà pour la prochaine, d'où carambolage, je freine, je respire et je profite du plaisir de l'instant: instant où je fais des plantations, instant où j'échange avec un ami, instant où je cours. Mais la route est longue encore avant que j'ai réellement réintégré l'instant présent, dans sa fragilité, mais dans le bonheur immense qu'il procure d'être là, d'être exactement là où l'on est.

1 commentaire:

Caly a dit…

Tu ne peux savoir à quel point parcourir ton blog m'aide.

Ces instants qui ont dû t'être pénibles, dont tu es sorti à force de volonté, tes mots pour le dire, pour expliquer ton combat, sont pour moi source de vie, d'en-vie, de re-vie. de combat aussi, combat de moi vs moi, me fiche des baffes pour ne pas baisser les bras, et un coup de pied au cul auto-propulsé pour faire bonne mesure.

Calyste je te remercie d'exister. Vraiment. Sincèrement. et du fond du coeur !