lundi 5 mai 2008

Le haïku et la neige.


Un tout petit livre, mais qui peut tenir une grande place: Neige, de Maxence Fermine.

Au XIX° siècle, un jeune homme, Yuko, que son père, moine shintoïste, a résolu de faire prêtre ou guerrier, décide de suivre une autre voie (voix?): celle de la poésie. Pour perfectionner son art, il traverse le Japon, du nord au sud, et se rend chez le maître, le poète Soseki. Celui-ci lui enseignera l'art de la couleur dans le haïku.

En chemin, alors qu'il est prêt à perdre la vie lors d'une tempête de neige, il découvre sous un rocher plat où il s'est réfugié le corps d'une belle jeune femme occidentale pris dans la glace à peu de profondeur. Ce visage et ce corps ne cesseront par la suite de le hanter et lorsqu'il atteindra la demeure de Soseki, la découverte de la cécité du peintre ne sera pas la plus grande de ses surprises.

Un livre fait de minuscules chapîtres, dans une langue pure et simple comme un flocon de neige, aussi droite que le fil du funambule. Rarement, à mon avis, un occidental a parlé aussi bien du Japon et en a approché si finement la recherche d'absolu.

- Maître Soseki jugera de votre aptitude. D'ailleurs, le voici. C'est l'heure de sa promenade parmi les fleurs. C'est là qu'il puise l'intensité de ses couleurs.
Horoshi indiquait une silhouette avançant lentement dans le jardin. Yuko se tourna vers le maître et découvrit un vieillard à longue barbe blanche qui marchait lentement, comme perché sur un fil, en souriant de bonheur. Il avait les yeux fermés.
- Est-ce là le maître de la couleur? demanda Yuko.
- Oui, Soseki, le grand peintre Soseki.-
- Mais il est... Ses yeux...
- Oui, dit Horoshi. Mon maître est aveugle.


Il y a deux sortes de gens.
Il y a ceux qui vivent, jouent et meurent.
Et il y a ceux qui ne font jamais rien d'autre que se tenir en équilibre sur l'arête de la vie.
Il y a les acteurs.
Et il y a les funambules.


P-S: Anna me dit que son premier contact avec Yoko Ogawa est plutôt bon. J'en suis heureux, car j'aime beaucoup l'univers de cette écrivain. La Formule préférée du professeur est depuis quelque temps déjà en attente de lecture près de mon lit.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Et "Neige" de Maxence Fermine mon livre culte. Je vous avoue que je suis très troublée .. Parce que c'est un livre rare et précieux, très peu connu. Je n'ai jamais pu parler de ce livre, sauf avec celle qui me l'a offert. Oui, vraiment je suis très troublée.

Anonyme a dit…

Mais bien sûr, il est chez OCEANIA. J'aurais dû m'en douter !

Calyste a dit…

Il y a chez nous, au collège, une nouvelle prof toute jeune qui remplace jusqu'à la fin de l'année un collègue parti à la retraite. Elle est très belle, gracieuse, intelligente et surtout elle aime les livres. C'est elle qui m'a fait découvrir Neige, et moi je lui ai fait lire Ogawa. C'est un plaisir de partager avec elle. L'occidentale dans son cercueil de glace, je l'ai imaginée avec ses traits à elle. Mais ça, je ne le lui dirai pas!
Je suis heureux, Anna, de cette fraternité littéraire, vraiment, car, pour moi aussi, Neige restera dans ma bibliothèque idéale.

Anonyme a dit…

Tout d'abord je tiens à te remercier. J'ai lu cette note et le court extrait m'a conquis. Je ne saurais dire pourquoi. J'ai suis allé me procurer ce livre presque immédiatement. Le récit est calme, lent,... difficile à décrire en fait mais c'est un vrai plaisir. Encore une fois, merci Calystee pour cette découverte.

Calyste a dit…

Bienvenue au club, mon cher Gonzo.