dimanche 18 mai 2008

Chevreau.

Mes dimanches se suivent et se ressemblent. Pour combien de temps encore le repas avec ma mère et ma soeur puis la promenade soit à pied dans le quartier, soit en voiture jusqu'au cimetière familial, dans la Loire?

Aujourd'hui, c'était la voiture et nous avons découvert que la maison où mon frère et ma soeur sont nés, où mes parents tenaient une épicerie-buvette, a été démolie. Encore une! La famille ne laissera de traces nulle part, ou plutôt n'aura plus aucun lieu de mémoire. Pour ma part, je n'ai que peu vécu dans cette maison, ma grand-mère m'ayant déjà "kidnappé" et mes souvenirs y sont peu nombreux. plutôt recréés à partir de la saga familiale, généreusement entretenue par ma mère, en particulier pour l'épisode quotidien de mon départ à l'école, où elle devait, devant ma résistance acharnée, employer la manière forte.

Un seul semble vraiment m'appartenir en propre, confirmé par une photo en noir et blanc qui doit se trouver chez ma mère au fond d'une boîte à chaussures. La photo représente mon père et deux enfants, mon frère et moi (ou peut-être trois, avec ma soeur encore bébé) entourant un petit chevreau que je tiens par le cou. Scène familiale et tendre, mais mon souvenir n'est pas là. La photo précédait de peu le sacrifice du chevreau, destiné à être mangé. J'ai refusé d'y toucher et me souviens encore de la peine, peut-être la première consciente de ma vie, que j'ai ressentie à ce moment-là.

Bien sûr, je connais un de mes lecteurs épisodiques qui va encore me reprocher de parler de ce souvenir qui n'intéresse personne plutôt que de la journée anti-homophobie d'hier ou de la manifestation enseignante d'aujourd'hui. Que veut-il donc que je dise là-dessus? Bien sûr que je suis d'accord avec les deux. Et ce n'est pas parce que je ne parle pas des milliers de morts en Chine que cela ne me touche pas. Mais une fois que j'aurai rajouté des lignes à d'autres lignes, beaucoup plus intéressantes et documentées pour la plupart, qu'y aura-t-il de mieux? Pour s'informer, il y a les journaux.

Ici, c'est un blog, c'est mon blog et j'y dis ce que je veux et ce qui me touche moi, même si cela n'a pas une envergure internationale ou planétaire. Aujourd'hui, j'avais envie de parler de ce chevreau, et j'ai parlé de ce chevreau. Point. Personne n'est obligé de lire, et chacun peut ouvrir son propre espace et parler de ce qui lui plaît.

Mais ne t'inquiète pas, F-J.: ceci précisé, je t'aime toujours.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Petit chevreau sacrifié.
Votre peine d'alors et votre refus d'en manger.
Votre peine présente, encore.
Et que personne ne vienne tuer une seconde fois le chevreau !
Puisqu'il est vivant entre vos lignes, son cou sous vos doigts.
C'est votre chevreau, c'est votre blog.