samedi 25 juin 2022

Le ciel resta serein.

En partant dans le centre ville, je suis plein d'appréhension. Le ciel nous permettra-t-il de passer la soirée dehors plutôt que dans les réfectoires du sous-sol teinté de sinistre par la présence de la Gestapo en d'autres temps ? Tout est prévu dans la cour d'Auvergne, à la vue de l'immeuble où résida quelques années Charles Baudelaire. Qui sera là ? Qui n'y sera pas ? reverrai-je ceux que j'aime, ceux que j'ai profondément aimés? 

En passant devant la devanture de ma coiffeuse, je vois la porte du salon ouverte. J'échange quelques mots avec elle, comme souvent. Son employée me dit qu'habillé ainsi (pantalon de lin et chemise blanche flottante, de lin elle aussi), je ressemble à un peintre de Montmartre du début du siècle. Bêtement, cette remarque me rassure, j'y vois un signe que la soirée sera bonne. J'arrive une bonne demi-heure, exprès. La messe est commencée, pas les discours. Je m'attarde peu dans la chapelle, je préfère partir errer dans les couloirs, vides à cette heure. 


Le petit bureau où je fus reçu pour la première fois par un "préfet" est toujours là, dans le hall au sommet de l'escalier monumental. J'avais peur ce jour-là et ne me doutais pas que j'allais passer plus de trente ans dans cette institution. Le large couloir où autrefois se trouvait la salle des professeurs du lycée d'enseignement général où nous venions, après le repas, boire le café, nous du lycée professionnel. Chaque lycée avait ses tables, par accord tacite. On ne se mélangeait guère et je trouvais les autres un peu prétentieux. Tout au fond de ce couloir, quelques escaliers mènent à la cour du lycée professionnel. Là non plus, rien n'a changé, sauf le mur contre l'impasse, aujourd'hui couvert de casiers pour les élèves. Tout en haut, il y a la terrasse qui servait de lieu de récréation aux élèves. Je n'entrerai pas : Yaya émerge des sous-sols et me reconnait. Il faisait autrefois la vaisselle au self du collège. Il travaille au lycée maintenant et, dans sept ans, il sera en retraite. Il a blanchi, mon Yaya !

 En revenant en arrière, je repère que certains lieux ont gardé leur appellation de toujours. 



A l'autre bout du couloir, la cour d'Auvergne où, après les discours, se passeront les festivités. Les cuisiniers s'activent. Je ne connais personne dans ces employés d'une société de restauration. Quelques photos de cette cour qui s'est adaptée selon les règles successives des consignes de sécurité. 


La messe touche à sa fin et je croise Vincent qui en accompagnera la sortie à l'orgue. Je l'accompagne à son pédalier. Je suis rarement monté jusque là. 


Les couloirs se remplissent, les discours vont commencer dans la salle des spectacles. Que de retrouvailles, que d’enlacements, que d'embrassades ! J'espère que le virus  ne s'en rendra pas compte ! Contrairement à d'autres occasions, les discours sont passionnants sur l'histoire et la spécificité du centre. C'est là que je prends vraiment conscience d'être un vieux de la vieille. Presque tout ce qui est évoqué, je l'ai connu, je l'ai vécu ... Un ancien élève que j'ai bien connu à la chorale, aujourd'hui architecte, a pensé une sculpture matérialisant les quatre implantations des sept établissements  sur la  ville, avec, au centre de chaque grande face, le boulet de St Ignace. Elle est offerte à chacun des directeurs généraux successifs et aux set directeurs des établissements.

Et puis, nous sortons dans la cour. Et la fête "profane" commence. Le clou en sera une sorte de photomaton qui transformera les profs en gamins qui découvrent un jouet amusant. Combien de photos de groupa a-t-il prises ce soir-là ? Ça n'arrêtait pas.  Mes anciens collègues du lycée professionnel tiennent absolument à ce que je pose avec eux. Je n'y ai pourtant passé que quelques brèves années avant de rejoindre l'équipe du collège. Mais elles me tiennent encore à cœur : peut-on oublier ses premières amours ? La fête se terminera peu après 23 heures. Je rentre à pied, j'ai besoin de repenser à tout ça.

Un moment de joie, donc, d'amitié, comme j'espérais qu'il serait. Et j'aurais encore tellement de choses à évoquer !

4 commentaires:

cão a dit…

🙂
j'ai craint dès le début, mais la fin m'a sauvé !

Cornus a dit…

Belle évocation. J'ai bien aimé en particulier le début qui partait de manière davantage littéraire il me semble.

Cornus a dit…

Sinon, l'église/chapelle (néo ?) est pas mal du tout.

Calyste a dit…

Câo : c'était un peu la même chose pour moi ...

Cornus : dans cette chapelle, il y a un très beau retable restauré que je n'ai encore jamais pu approcher.