dimanche 21 avril 2019

Résonances de Pâques

J'ai invité ma sœur ce midi à partager mon repas. Au cours de la conversation, nous en sommes arrivés à évoquer Odile, la vieille bonne de cure de l'oncle de Pierre. Lors du dernier coup de téléphone passé chez elle, en Haute-Marne, j'avais appris qu'elle était hospitalisée (ainsi qu'une de ses sœurs) pour la maladie d’Alzheimer. J'avais demandé à la dernière sœur encore d'aplomb (qui avait eu du mal à me resituer et n'avait pas été très aimable) de me prévenir si les choses empiraient, ce qu'elle n'a pas fait.

Devant mes interrogations, ma sœur a fini par découvrir sur internet son avis de décès, décès qui remonte à novembre 2016. Drôle de jour que celui de Pâques pour apprendre la mot d'une femme que j'aimais beaucoup.

Pâques est aussi lié pour moi à un autre souvenir plus pénible encore. Ce devait être en 2004 ou 2005, j'en suis presque sûr. Pierre était hospitalisé pour le cancer qui devait finir par l'emporter. Mes parents avaient organisé un repas de famille. Au retour, le soir, j'avais découvert, sur le répondeur téléphonique un message de Pierre me souhaitant une bonne journée et de bonnes fêtes pascales et finissant par nos mots de tendresse habituels. Il est mort quelques mois plus tard. Je conservais précieusement cette dernière trace palpable de sa voix. Et puis, un jour, suite à une coupure d'électricité, le message a été automatiquement effacé. J'ai cherché par tous les moyens à le récupérer. En vain.

Ainsi, l'histoire bégayait : la veille du départ en vacances où ma petite sœur devait trouver la mort par accident, nous avions effacé sa voix d'un magnétophone pour enregistrer de la musique à écouter pendant le voyage jusqu'à la Méditerranée.

Chaque fois que je vois L'Incompris, le film de Commencini, où se déroule le même incident, je suis bouleversé.

3 commentaires:

Cornus a dit…

Pas drôle tout ça...
A l'inverse, la voix de mon oncle, décédé en février 2016, est encore (l'était encore il y a peu) la voix d'accueil du répondeur sur le téléphone (fixe il me semble) de ma tante. Cela fait un drôle d'effet.

Zed Zonk a dit…

Bouleversant.
Pour ma part, je n'arrive pas à effacer les mort.e.s de mon répertoire téléphonique.

Calyste a dit…

Cornus : oui, j'imagine. J'aurais essayé de la conserver ailleurs qu'à un endroit où on l'entend constamment.

ZZ : moi, je raie leur nom d'un trait fin en faisant attention de les voir encore (c'est l'avantage du papier).