mardi 16 avril 2019

Esmeralda et Quasimodo n'y sont pour rien


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Ces dernières années, devant des événements publics, les larmes ne me sont montées aux yeux que trois fois, que ce soit de rage, de joie ou d'impuissance : lors de la chute du mur de Berlin, lors de l'effondrement des tours de New-York et hier soir devant Notre-Dame de Paris en feu.

Je ne veux pas m’appesantir sur la raison de ces larmes, qu'elle soit d'ordre religieux, esthétique, artistique ou même touristique. Tout a été dit hier soir à la télévision. Mais ce qui, à un moment l'a emporté, c'est la colère devant l'ineptie des propos de certains journalistes ou chefs d'état.

- Trump conseillant de faire vite ! Les pompiers n'y auraient pas pensé d'eux-mêmes ! Ou bien d'utiliser des canadairs ! Il n'a pas réfléchi, le cow-boy, que des tonnes d'eaux déversées sur la cathédrale risquaient de faire plus de mal que de bien ?

- les journalistes précisant que les spectateurs de ce drame étaient "subjugués" par ce qu'ils voyaient. Il faudra leur expliquer la différence avec "sidérés", à ces ignares. Ou qui demandaient à leur "envoyé spécial", alors que le brasier était intense, si ça sentait le brûlé. Il est vrai que l'information était d'importance !

- ignare aussi, celui qui s'est gargarisé toute la soirée avec l'évocation de la Semaine Sainte sans vraisemblablement savoir exactement de quoi il s'agit puisqu'il s'adressait à un évêque en l'appelant monsieur ! Ce n'est plus la coutume depuis le XVIII° siècle, usage avant lequel, par exemple, Bossuet était appelé Monsieur de Meaux.

Et puis, deux toutes petites joies, tout de même, face à ce drame :
- le fait de ne pas avoir à supporter les paroles vides de Jupiter toute la soirée.
- une chose apprise : l'expression "Je ne vais pas attendre 107 ans" vient du temps qu'il a fallu à tous les corps de métiers du Moyen-Âge pour construire Notre-Dame.

Reste que la forêt de la cathédrale, c'est-à-dire sa charpente dont certains éléments dataient du XII° siècle, a définitivement disparu. Et c'est principalement dans ces lieux, les charpentes, que j'ai toujours été ému et sensible devant le travail de ceux qui ont construit des merveilles et dont, pour la plupart, on n'a pas retenu les noms.

7 commentaires:

Cornus a dit…

J'en ai entendu des conneries dites sur la cathédrale et pourtant je n'ai pas suivi longtemps les émissions spéciales. Les journaleux non seulement ne maîtrisent pas un minimum de mots sur l'architecture, mais ne font rien non plus pour se renseigner. Par exemple, nombreux sont ceux à penser que la toiture était synonyme de voûte.
En revanche, je trouve logique qu'on appelle un évêque Monsieur, je me serais refusé de l'appeler autrement (ou alors par son prénom et son nom).

karagar a dit…

Au contraire, rien, ou presque rien n'a été dit. Curieusement je m"'exprime ici. Cet événement m'a meurtri au delà de toute attente et je n'ai pas versé que quelques larmes. J' ai eu un anniversaire comateux. Je pourrais écrire des pages sur mon rapport avec cet édifice (un peu je t'aime moi non plus, comme avec ma mère dont elle est le symbole en fait). Il y a deux choses dans mon enfance qui ont déterminé (esthétiquement et plus) ma vie, c'est la visite de cette cathédrale et l'écoute d'un disque. Mais au delà de l'aspect personnel, j'ai été atterré de constater que l'ensemble des médias se sont trouvé pris au dépourvu total pour parler de cet édifice. Les français, si enclins à la fierté mal placée et cococricosante, si prompts à se gargariser de conneries ignorent tout du plus grand moment de leur histoire artistique, c'est fou : et pourtant ça s'est passé à Paris : ils ont inventé l'art gothique, une forme architecturale d'une subtilité technique et intellectuelle inouïe et aussi le style à la plus grande longévité de l'histoire de l'art européenne, qui a envahi (pacifiquement, sauf en terres de croisades) toute l'Europe. Bref, on a tout dit peut-être mais sauf l'essentiel : cet édifice n'est pas une carcasse, un musée, mais il est une oeuvre d'art, parmi les plus insigne de ce style. Or le laisser disparaître, ça n'est pas une question de patrimoine (je ne supporte plus ce mot), ni d'ancienneté, mais c'est comme brûler toutes les partitions et enregistrements de Bach de façon à ce que sa musique ne puisse plus exister. C'est au même niveau. Or, on n'a su justifier l'importance de l'édifice que par "nombre de visiteurs, célébrité mondiale, symbole national, sacre de ce connard de Napoléon. Ce sont des éléments je ne le nie pas, mais la valeur intrinsèque était si peu évoquée. J'ai été irrité aussi qu'il faille à chaque fois préciser "pour les catholiques et les autres", s'il s'était agi des grandes pyramides, aurait-on précisé "pour les adeptes de Pharaon et les autres"? Depuis l'admiration d'une oeuvre d'art requerrait-elle l'adhésion à la foi, aux principes à l'origine de son érection? Admirer Versailles (ça n'est pas mon cas) fait-il de moi un royaliste, le château de Vitré un belliciste, David de Michel Ange un homo... D'ailleurs les cathédrales ne sont pas qu'une histoire de religion, mais beaucoup d'urbanité naissante aussi avec tout ce que cal implique. Et puis il y avait aussi le mécénat. Ca n'est sans doute pas le bon terme quand l s'agit de s'attirer des indulgences divines mais enfin... On semble redécouvrir que l'art humain n'existe que par le mécénat et on s'en offusque. Alors qu'on s'offusque plus quand ces mêmes riches dépensent tout autant pour le simple plaisir. Franchement les trois mâts de luxe qui servent trois jours par ans m'hérissent un tantinet plus... Je sais aussi la caisse de résonance qu'est pour cette cathédrale d'être parisienne et que l'émotion eut été moindre pour des édifice au moins aussi sinon plus importants comme Chartres, Amiens, Reims... Mais n'ayons pas la mémoire courte : je connais un autre cathédrale, pas très connue des historiens de l'art, bien plus petite, qui, soit dit en passant, a elle aussi gardé sa charpente médiévale, et qui dans à fin des années 80 était dans un état de stabilité préoccupant et a été déclarée priorité nationale par le ministre Léotard pour que les travaux ne manquent pas de financement : ces travaux de sauvetage très novateurs ont été aussi l'occasion d'un restauration complète et exemplaire dans ses principes nouveaux. L'ensemble a duré, non pas 5 ans mais 20 ans. Et c'est Quimper, bien sûr.

Calyste a dit…

Cornus : oui, j'ai aussi noté la confusion entre charpente et voûte. Quant à la façon de s'adresser à des ecclésiastiques (ou à tout autre "profession", je suis plus "flottant" que toi. Hors de question pour moi d'appeler un médecin "docteur". D'ailleurs la politesse veut qu'on lui donne du monsieur. D'ailleurs, à un de ces praticiens qui me demandait de l'appeler docteur, j'avais répondu que, dans ce cas-là,je réclamais pour moi le titre de professeur. Pour un prêtre, je ne dirais jamais "mon père" : ce titre m'est beaucoup trop précieux (si tu te souviens de tous mes articles qui traitent de la paternité)pour le donner à un inconnu. S'il me fallait absolument les interpeller, soit j'évitais toute formule d'appel, soit, comme au boulot, je disais "père X ou Y (son nom de famille). Même chose pour les religieuses : jamais de "ma sœur" ou de "ma mère", que je trouve particulièrement con, mais sœur X ou Y (toujours au boulot). Mais un journaliste doit, à mon avis de vieux dinosaure, doit employer les bons mots, que ce soit dans un journal ou à la télévision. Je trouve que c'est une marque de respect vis-à-vis de l'invité et surtout du téléspectateur ou du lecteur.

Karagar : on ne peut, certes, demander à tout le monde d'être spécialiste. Mais je suis assez d'accord avec toi sur le vide des commentaires où l'essentiel laissait la place, comme d'habitude, au sensationnel. Tu sais que je préfère le roman au gothique et, pour moi, la longévité d'un style n'a rien à voir avec l'intérêt que je lui porte. Mais, comme toi, je considère que ces édifices sont des œuvres d'art qu'il faut, bien sûr, préserver et aussi les marqueurs d'une époque et de la naissance de l'urbanité. Même allergie pour des phrases telles que "pour le catholiques et les autres" et en accord avec ton développement là-dessus. Ce qui me fait peur aujourd'hui, ce sont les paroles du freluquet qui veut que les travaux de restauration soient terminés dans cinq ans, c'est à dire au moment des Jeux Olympiques. Grandeur et prestige de la France face au monde ? Volonté d'engranger les bénéfices touristiques que procureront ces événements sportifs ? Monsieur "veut" donc cela doit être, même au détriment de l'édifice et de la qualité des restaurations. Peut lui importe apparemment s'il peut attacher son nom à un "exploit" ! Le rassurant, c'est que les spécialistes émettent de profonds doutes et de fortes réticences face à cette volonté de faire vite même si mal.


Cornus a dit…

Calyste> Je n'utilise jamais les titres (avec les médecins, les notaires, les maires, les préfets...). D'ailleurs le titre de docteur n'est pas réservé aux médecins. Il va de soi que si un médecin me demandait un jour de l'appeler "Docteur" au lieu de "Madame" ou "Monsieur", je réclamerais la réciprocité ou je l'enverrai promener. Idem avec d'autres et plus encore des ecclésiastiques. Si j'avais dû travailler dans un établissement religieux, il y aurait peut-être eu un problème ou alors on se serait habitué à moi. Mais peu importe, car au fond, tout cela n'a pas bien d'importance, je le reconnais volontiers.

CHROUM-BADABAN a dit…

Oui mais quand tu passes au tribunal, il est préférable de dire Madame la Présidente !
La peine prononcée sera moins longue ...

Calyste a dit…

Chroum : je te dirai quand j'y passerai ....

Calyste a dit…

Cornus : je précise qu'au boulot, c'était pour des gens que j'aimais bien. Il m'est ensuite arrivé de les appeler par leur prénom.