samedi 20 avril 2019

Et pourquoi pas la peinture ? (49)

Caravaggio - La Deposizione di Cristo.jpg


Je crois que, des cinq tableaux du Caravage que j'ai montrés hier, c'est celui-ci que je préfère.

- D'abord pour sa composition, peinture séparée en deux par une diagonale avec un côté surchargé de personnages et l'autre presque vide. La pierre tombale s'impose au premier plan comme une scène où se joue le drame ou comme le socle d'un groupe statuaire (n'oublions pas que Caravage admirait beaucoup Michel-Ange).

- Ensuite pour le réalisme des personnages principaux : le Christ d'abord, corps inerte et lourd, pesant cadavre que l'on peine à porter.  Nicodème, dont le regard est tourné vers le spectateur (et pour lequel Caravage reprend le visage du Nicodème de la Piéta Bandini de Michel-Ange) , est vigoureusement planté sur ses jambes. La main de saint Jean qui soutient lui aussi le Christ s'enfonce dans une plaie du flanc et comprime la chair qui se plisse. Marie, que l'on a l'habitude de représenter jeune (même Michel-Ange dans la Piété du Vatican) est une vieille femme ridée qui semble de sa main vouloir encore protéger son fils.

- Quant aux couleurs ! Le blanc du suaire et du pagne s'opposant à l'obscurité du fond, comme le rouge du manteau de saint Jean. Les couleurs plus discrètes des femmes (la Vierge Marie, Marie de Cléophas et Marie-Madeleine, ces deux dernières aux visages très expressifs (peut-être un peu théâtraux, ce qui n'est pas coutume chez Caravage) arborant les traits de Fillide Melandroni, modèle favori du peintre pendant ses années romaines (1592-1606).

Cette Mise au tombeau est datée de 1602-1604. Initialement installée dans l'église des oratoriens Santa Maria in Vallicella, elle est emportée comme prise de guerre par Bonaparte lors de sa première campagne d'Italie (1797) et exposée au Louvre. Elle est rapportée à Rome en 1815 et se trouve depuis au Vatican.

Son succès immédiat  (chose rare pour les œuvres de Caravage) vaudra à ce tableau d'être copié par de grands peintres, comme Rubens, Fragonard, Géricault et Cézanne. Et Jacques-Louis David s'inspirera même du Christ de cette Mise au Tombeau pour son Marat assassiné.

3 commentaires:

Cornus a dit…

oui, il est chouette ! Mais il faut le voir pour de vrai ou une excellente copie si ça existe.

Pipo aka Mamy Grand a dit…

Merci de cette analyse détaillée qui conduit le regard et s'achève avec ... Marat !

Calyste a dit…

Cornus : certes, mais faute de mieux !

Pipo : je n'ai fait que résumer un certain nombre de sites en sélectionnant ce avec quoi j'étais d'accord, ce qui correspondait à mon "approche esthétique" (pour employer de grands mots).